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Après Richard Descoings, qui prendra la tête de Sciences-Po?

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La douloureuse succession de Richard Descoings a remplacé le deuil entre les murs de Sciences Po. Disparu depuis le 3 avril dernier, dans un hôtel de New York, Richard Descoings, 53 ans, laisse derrière lui une génération perdue, non préparée à sa suite, qui peine désormais à se trouver une ligne directrice.

Le successeur sera désigné à la rentrée

Un successeur doit être trouvé. Son nom devrait être révélé à la rentrée prochaine et, d’ici-là, de nombreux noms et rumeurs auront eu le temps de circuler.

Ils seraient une vingtaine à se presser à la porte du bureau de l’ancien directeur au mythique 27 rue Saint-Guillaume, dans le 7ème arrondissement de Paris. Une vingtaine parmi lesquels seuls cinq auraient réellement leurs chances.

Car il sera difficile de succéder à celui que tout le monde a pleuré pendant plusieurs jours, dès l’annonce de son décès. Son bilan, controversé parfois mais finalement emblématique, sera un lourd héritage pour le prochain directeur.

Un bilan controversé

Sciences Po doit notamment à Richard Descoings l’ouverture de l’Institution centenaire à l’international, le recrutement parallèle des élèves issus des ZUP et quartiers défavorisés, le développement de six antennes en province et la réforme du concours d’entrée à l’école.

Une évolution rapide, voire fulgurante qui a souvent fait peur et qui fait toujours craindre l’implosion de l’institution. Aujourd’hui, l’école qui compte 12 000 élèves et 3 300 maîtres de conférences pour un budget annuelde 128 millions d’euros (en 2010 contre 55 millions d’euros en 2000) devra être mise entre les mains d’une personne digne de succéder à une telle entreprise.

Se trouver un successeur, Richard Descoings n’y avait pas encore songé. Alors que les successions à Sciences Po se font souvent par nomination du dauphin officiel, Richard Descoings, a 53 ans, n’avait jamais avancé le moindre nom.

Quelques successeurs pour reprendre Sciences Po

Le président par intérim, Hervé Crès, normalien, fait figure de successeur pressenti. Soutenu par Jean-Claude Casanova, directeur de la Fondation nationale des sciences politiques et Michel Pébereau, président du Conseil de direction de l’IEP, deux personnalités qui, depuis 30 ans, tiennent entre leurs mains le destin de Sciences Po, Hervé Crès pourrait bien être le nom qui figurera sur le décret qui sera proposé, pour signature, à François Hollande à la rentrée.

Néanmoins, d’autres candidats pourraient bien sortir du lot. Parmi eux, Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique – peut-être trop proche de la droite -, Jean-Michel Blanquer, directeur de l’enseignement scolaire à l’Education nationale ou encore Guillaume Klossa, président du Centre de réflexion Europa Nova, proche de Jean-Pierre Jouyet, lui-même très proche de François Hollande.

Officiellement, l’Elysée ne se mêle pas de cette affaire mais François Hollande qui, comme tant d’autres membres du personnel politique, a étudié puis enseigné – l’économie au début des années 90 en tandem avec celui qui est désormais son ministre des Finances, Pierre Moscovici – ne peut pas être totalement indifférent au devenir de son ancien école. Ne serait-ce qu’en souvenir de la péniche, la grande naquette de bois du hall du 27, et des cafés au Basile… 

La Cour des comptes prépare un rapport accablant

Avant cette nomination très attendue de l’Institution, la Cour des Comptes pourrait bien venir perturber la fragile sérénité qui règne dans les murs de Sciences Po.

En cause notamment, d’étranges primes accordées à la direction. Selon le site Mediapart, quelques enveloppes de 295 000 euros auraient été accordées à une dizaine de directeurs. Les salaires de Richard Descoings et de sa femme, Nadia Marik, elle-même directrice adjointe et directrice de la stratégie et du développement s’élevant à 40 000 euros, ainsi que d’autres rumeurs concernant des frais de déplacement ou de logement exorbitants, seront sans doute largement notifiés dans le rapport de la Cour des Comptes sur cet établissement public dont le budget est financé à hauteur de 50% par l’Etat.

La succession de Richard Descoings s’annonce sulfureuse – un peu à son image.

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