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Avantage à la gauche après le premier tour

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Au lendemain du premier tour des élections législatives, la France retient son souffle. Si l’accent est mis sur l’avance prise par les candidats de gauche, la victoire finale est loin d’être assurée et, dans tous les cas, elle ne devrait pas être large. Difficile, alors qu’il reste six jours de campagne, de réellement prédire la configuration de l’Assemblée Nationale au lendemain du second tour, le 17 juin prochain.

Pas de vague rose, l’UMP s’en sort malgré ses divisions internes

Selon les résultats définitifs, publiés par le ministère de l’Intérieur, le Parti socialiste et ses alliés recueillent 34,4% des voix, tandis que l’UMP, associée aux divers droite, a réuni 34,07% des suffrages. Un chiffre qui, loin de satisfaire la gauche au pouvoir, qui rêvait d’une grande vague rose déferlant sur la France au lendemain des élections présidentielles – façon 1981 -, laisse tout de même à François Hollande l’espoir de pouvoir compter sur une majorité absolue à l’Assemblée.

A droite, alors que l’ambiance était à la guerre de clans depuis le retrait de Nicolas Sarkozy, les résultats, plutôt honorables pour un parti tenté de se diviser et incapable de porter un message clair tout au long de cette campagne, donnent un nouvel élan aux candidats qui veulent croire encore possible d’empêcher le gouvernement d’obtenir cette majorité parlementaire.

Parmi les grands gagnants de cette élection, l’abstention qui atteint un sommet dans l’histoire de la Vème République. Selon le ministère de l’Intérieur, seuls 57,23% des électeurs se sont déplacés pour ce scrutin. Un taux en baisse de plus de trois points par rapport aux élections législatives de 2007.

L’élément FN perturbe le jeu électoral

Alors que le pire semble avoir été évité par la droite modérée – une berezina qui lui aurait fait perdre l’essentiel de ses députés sortants -, la question de l’attitude à adopter face au Front national constitue un piège majeur pour le parti de Jean-François Copé.

Le Front national a réussi l’exploit de confirmer son statut de troisième force politique de France et, rejeté par l’UMP, risque fort de déstabiliser le jeu électoral lors de triangulaires au second tour. Au soir des résultats, IPSOS prédisait entre 25 et 30 triangulaires impliquant des candidats du FN. Ces circonscriptions, dans lesquelles le Front National a réalisé un score supérieur à 12,5% des inscrits, risquent de revenir majoritairement à la gauche, qui dispose de davantage de réserves de voix en théorie.

Le parti d’extrême droite peut enfin espérer décrocher quelques sièges à l’Assemblée, même si les configurations au deuxième tour ne lui sont pas favorables. C’est le cas notamment de son leader, Marine Le Pen, arrivée largement en tête avec plus de 42% des voix dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, à Hénin-Beaumont. Une entente entre l’UMP et ses alliés étant impossible actuellement, le FN devra jouer seul et se démarquer face aux alliances qui seront établies entre les deux tours.

La fin de Mélenchon à Hénin-Beaumont

Marine Le Pen a gagné son pari d’évincer définitivement son principal rival, Jean-Luc Mélenchon, qui malgré ses 21,19%, a décidé de sortir de la course et d’accorder son soutien – sans réel engouement – au candidat PS, Philippe Kemel. Ce dernier a des chances de l’emporter, s’il réussit à créer une large coalition autour de lui mais, dans tous les cas, le résultat s’annonce serré.

Ailleurs, le FN devrait être présent dans 55 à 65 circonscriptions. Parmi eux, Marion Maréchal-Le Pen de la 3ème circonscription du Vaucluse et Gilbert Collard dans la 2ème circonscription du Gard sont arrivés en tête et peuvent espérer une victoire au second tour.

Le PS appelle à la mobilisation

Alors que le Parti socialiste se montre confiant, au regard des résultats, les ténors du parti appellent néanmoins à la cohésion, une semaine avant le second tour. Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry ont fait part, dimanche 10 juin, de leur souhait d’offrir à François Hollande une « large, solide et cohérente » majorité à l’Assemblée nationale.

Martine Aubry a d’ailleurs rappelé que « rien n’est joué » pour la gauche, et que de nombreux efforts restent à fournir pour les candidats en lice.

Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif s’est exprimé en ce sens, « le Parti socialiste n’est pas très loin d’obtenir la majorité absolue. Mais nous avons besoin de nos alliés à côté de nous. Je ne crois pas qu’il soit sain qu’il n’y ait qu’un parti qui décide de tout. »

Vers une Assemblée rose

Selon les projections d’Ipsos-Logica Business Consulting pour France Télévisions et Radio France, la gauche devrait l’emporter au deuxième tour et obtenir ainsi entre 288 et 324 sièges au Palais Bourbon tandis que la droite obtiendrait de 224 à 261 des sièges.

Le MoDem, grand perdant de cette élection, pourrait ne pas être représenté à l’Assemblée nationale même si les projections laissent tout de même espérer trois sièges au parti de François Bayrou. Le leader centriste est lui-même en situation de faiblesse dans sa circonscription de Pau, en deuxième position, derrière la candidate socialiste, Nathalie Chabanne, avec 23,63% des voix, et confronté à une triangulaire impliquant aussi l’UMP Eric Saubatte.

Les écologistes d’EELV pourraient parvenir à faire élire entre 10 et 15 députés tandis qu’à la gauche de la gauche le Front de gauche devrait obtenir entre 12 et 17 sièges.

Second tour, dimanche 17 juin. Résultats à 20 heures.

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