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Bilan et perspectives pour les Bleus

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La défense entre déceptions et révélations

La priorité de Laurent Blanc était de trouver une charnière défensive titulaire et fiable, ce qui manquait aux Bleus depuis 2006. Alors que Philippe Mexès et Adil Rami paraissaient être à un très bon niveau, ils ont inquiété dès les matches de préparation avant d’afficher leur méforme tout au long de l’Euro. Fébrilité, bourdes, fautes stupides, erreurs de marquage, de placement, de relance et condition physique douteuse : voilà la triste panoplie qu’ont affiché les deux défenseurs centraux français. Au jeu de la peste et du choléra, c’est Philippe Mexès qui est, au final, apparu en dessous de son coéquipier.

Laurent Koscielny, lui, a livré deux matches pleins lors de ses titularisations. Face à la Serbie, il a été impassable. Et contre l’Espagne, il a tout simplement été le meilleur Français sur le terrain. Tacticien et intelligent, il a bien gêné le jeu de passes espagnol et s’est en plus fendu de très bonnes interventions défensives. Espérons le voir titulaire à l’avenir.

Les latéraux ont, eux-aussi, connu des fortunes diverses. Mathieu Debuchy s’est définitivement imposé sur le côté droit de la défense. Il a, certes, connu un match très compliqué face à l’Espagne. Mais, au-delà de cet épisode malheureux, il a livré un bon Euro. Dangereux offensivement, courageux et volontaire défensivement, le Lillois a montré toutes ses qualités, malgré quelques errances. Personne à ce poste ne peut, de toute façon, prétendre le remplacer pour l’instant.

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A gauche, Patrice Evra a progressivement perdu sa place de titulaire, la faute à des prestations défensives complètement ratées et à un apport offensif proche du néant. C’est Gaël Clichy qui s’est imposé à sa place. Pas toujours irréprochable, parfois pris à défaut sur les contres, le Citizen a néanmoins fait mieux que le Red Devil, tout en montrant beaucoup de combativité.

A l’avenir, de nouveaux joueurs devront logiquement être testés. En défense centrale, Mapou Yanga-Mbiwa, qui était présent dans la liste élargie, tient la corde. En constante progression ces derniers temps, il n’est plus loin d’avoir le niveau international. Mamadou Sakho doit lui se remettre de sa saison compliquée au PSG avant de prétendre retrouver les Bleus.

En matière de latéraux, il faut admettre que la France n’est pas spécialement bien pourvue. A gauche, Eric Abidal sera probablement rappelé, s’il se remet bien de son opération au foie. Jérémy Matthieu pourrait, lui aussi, tirer son épingle du jeu, mais, en terme de profil, le très offensif latéral gauche n’apporterait pas forcément plus défensivement qu’Evra ou Clichy. 

Enfin, à noter qu’Hugo Lloris a parfaitement tenu son poste dans les buts. Auteur de matches très satisfaisants et de parades exceptionnelles, le gardien de l’OL a montré qu’il faisait partie du top 5 mondial à ce poste. Pas de changements de hiérarchie à prévoir à ce poste donc.

Un milieu inégal

Le bilan au milieu est moins négatif qu’en défense. La véritable révélation à ce poste est évidemment Yohan Cabaye. Très probablement le meilleur Bleu de cet Euro, le joueur de Newcastle a toujours livré des matchs sérieux, affichant sa combativité et son intelligence de jeu, sans jamais défaillir. Lui qui s’était imposé en Bleu un peu par défaut et en profitant d’une concurrence pas très étoffée est maintenant devenu indispensable. Sa vision du jeu et sa volonté de fer sont désormais essentielles au milieu, qui n’a jamais existé quand il n’était pas là.

Alou Diarra a, quant à lui, surpris son monde. Auteur d’une saison ratée à Marseille, peu en vue lors des matches de l’équipe de France, le milieu défensif avait été, envers et contre tout, sélectionné par Laurent Blanc, qui ne cache pas son affection pour le joueur. Aux accusations, sans doute quelque peu justifiées, de favoritisme ont succédé les compliments. Car Alou Diarra a retrouvé un très bon niveau. Face à l’Angleterre et à l’Ukraine, il n’avait rien laissé passer au milieu de terrain, ses grandes jambes ratissant tous les ballons qui passaient à proximité. Moins en vue face à la Suède, il avait souffert de l’absence de Yohan Cabaye et du match médiocre de Yann M’vila à ses côtés, qui a d’ailleurs traversé l’Euro comme une ombre. Si la renaissance du Marseillais se confirme en club, nul doute qu’il aura sa chance dans « la France d’après ». Yann M’vila, lui, est encore jeune. Mais, avec déjà 22 sélections, il serait temps pour lui de confirmer.

Florent Malouda n’a lui pas brillé non plus. Ses prestations quelconques dans son nouveau rôle de relayeur ne doivent toutefois pas faire oublier sa mentalité encore et toujours irréprochable. Seulement, au plus haut niveau, cela ne suffit plus.

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Plus haut, Marvin Martin a montré beaucoup de volonté et d’envie à chacune de ses rentrées en jeu. S’il n’a pas eu l’occasion de briller, il a toutefois laissé entrevoir une belle tendance à accélérer le jeu.

Etrange que Laurent Blanc n’ait jamais voulu lui laisser sa chance, étant donné le naufrage que fut Samir Nasri. Ce dernier risque fort bien de devenir le nouveau bouc-émissaire de la presse et des supporters. Si cette tendance à chercher des responsabilités individuelles à une désillusion collective peut parfois exaspérer et s’avérer vaine, ou injuste, il faut dire que le Citizen n’a rien fait pour s’épargner ce pugilat.

Ratant tout ce qu’il entreprenait, inutile au possible, l’ancien Marseillais a sans aucun doute été le plus mauvais Français, et très probablement le plus mauvais joueur de cet Euro. Si encore son état d’esprit était irréprochable, peut-être aurait-on pu lui pardonner. Mais sa nonchalance, ses insultes et son individualisme forcené achèvent de dessiner les contours d’un Euro très « anelkesque » pour celui qui a pourtant été l’un des plus grands espoirs du football français.

Il y a ainsi des joueurs à changer au milieu de terrain. Seul Yohan Cabaye a donné une entière satisfaction. On a vu qu’il valait mieux de bons joueurs à l’état d’esprit irréprochable que des superstars bouffies d’orgueil et de prétention. Rio Mavuba, boudé par Laurent Blanc tout au long de son mandat, apparaît aujourd’hui plus que jamais comme une solution, si jamais Alou Diarra ne confirme pas son renouveau ou Yann M’vila les espoirs placés en lui. Irréprochable et régulier à Lille, il est tout ce qui a manqué aux Bleus au cours de cet Euro. Enfin, pour remplacer Nasri, qui ne devrait pas briguer une place de titulaire avant un moment, on peut espérer que Marvin Martin, qui vient de signer à Lille, retrouve son niveau de la saison passée. A moins qu’un certain Yoann Gourcuff ne parvienne, enfin, à se relancer.

Une attaque stérile

Pendant une bonne partie de la seconde période, la France a paru dominer l’Espagne. Et pourtant, on n’a pas vraiment assisté à une occasion franche du côté tricolore. La faute à une attaque pas vraiment au point. Pourtant, on avait aperçu de très bons éléments de jeu sur certains matchs, notamment une remarquable entente entre Karim Benzema et Franck Ribéry, ou encore entre Mathieu Debuchy et Olivier Giroud. Alignés ensembles, certains joueurs de la génération 1987 avaient effectué de belles combinaisons.

Mais face à l’Espagne, l’attaque a surtout montré les faiblesses qu’elle avait affichées depuis plusieurs matchs. Ainsi, le sélectionneur ne paraît pas avoir trouvé d’ailier droit performant pour animer son 4-3-3. Samir Nasri a été désastreux à ce poste, Hatem ben Arfa à peine au-dessus, Mathieu Debuchy moins à son aise qu’en défense et Jérémy Ménez plutôt quelconque. Seul Mathieu Valbuena n’a pas été testé. Dommage compte tenu de la combativité du joueur.

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A gauche, Franck Ribéry a donné satisfaction. S’il n’a évidemment pas pu faire gagner la France à lui tout seul, il n’a néanmoins jamais lâché ses matches. C’est sans doute le seul joueur offensif des Bleus à s’être donné à fond jusqu’au bout, ayant sans doute à cœur de se racheter après sa Coupe du Monde 2010. Et au-delà de sa mentalité cette fois irréprochable, le joueur a en plus livré des matches très corrects, où sa percussion et ses dribbles ont souvent mis à mal les défenses adverses.

En pointe enfin, Karim Benzema a livré un Euro assez médiocre. Jamais placé en buteur, le Madrilène s’est acharné à redescendre très bas toucher des ballons, tant et si bien qu’il avait davantage l’air d’un milieu offensif que d’un avant-centre. Si son apport au jeu tricolore n’est pas à remettre en cause, les Bleus ont trop manqué de présence dans la surface pour réellement inquiéter leurs adversaires. Face à la Suède ou à l’Espagne, Karim Benzema n’a jamais réussi à faire la différence, alors que les défenses n’étaient pas spécialement sereines. Olivier Giroud n’a quant à lui jamais réellement eu sa chance, et cela est dommage tant son profil diffère de celui de Benzema. Loïc Rémy, absent de l’Euro pour blessure, devrait sans doute retrouver sa place en Bleu.

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