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Côte d’Ivoire, le « miracle africain » renaît de ses cendres

[image:1,l]Ces dix dernières années, la Côte d’Ivoire n’était pas franchement une destination privilégiée par les investisseurs. Ravagé par une guerre civile, entre 2002 et 2004, le pays avait connu un regain de violence en 2011, à la suite de l’élection présidentielle sous haute tension.

Cela fait un an que le pays est à nouveau en paix, un contexte de stabilité qui encourage l’ambitieux businessman, Michel Abrogoua à se lancer à la conquête de nouveaux investissements. Il en est convaincu : ils permettront au pays de retrouver sa prospérité d’antan. 

Le retour des investisseurs étrangers

« Les investisseurs reviennent, parce qu’ils font confiance au président Alassane Ouattara ainsi qu’à son gouvernement » a estimé Michel Abrogoua lors d’une récente conférence. « Les gens comptent là-dessus. Ils pensent qu’il y a de l’espoir. »

La Côte d’Ivoire, rare pays d’Afrique sub-saharienne à disposer de bonnes infrastructures, a effectivement des arguments séduisants. Conscients que cette nation renferme des promesses d’essor et de croissance économique, les investisseurs préfèrent se tourner vers le pays africain, plutôt que vers l’Occident fragilisé par la crise.

L’économie relancée par les cadres qualifiés

Michel Abrogoua, 59 ans, président- fondateur de Phoenix Capital Management, une banque d’investissement, revient de loin. Issu d’une famille de classe moyenne, il a bénéficié d’une bourse mise en place par Félix Houphouet-Boigny, le premier président de la Côte d’Ivoire, lui ayant permis d’aller étudier à l’étranger.

Titulaire d’un MBA obtenu à l’Université d’Adelphi, à New York, en 1980, Michel Abrogoua fait partie de ces cadres qualifiés qui favorisent la relance de l’économie ivoirienne et qui font d’Abidjan le centre financier de l’Afrique de l’Ouest.

En 1998, Michel Abrogoua a travaillé avec l’International Finance Corporation and Framlington Ltd., un fonds britannique, à la mise en place du premier fonds privé pour l’Afrique francophone, Le fonds de croissance de l’Afrique de l’Ouest.  « Trois ans plus tard, j’étais invité à mettre en place un fonds similaire en Afrique centrale », se souvient-il.

À présent, c’est en tant que président de Phoenix Capital Management que Michel Abrogoua conseille les gouvernements africains sur les questions de télécommunication et d’énergie. 

L’ex-miracle ivoirien

Durant plusieurs décennies, l’économie de la Côte d’Ivoire a été la plus importante de toute l’Afrique du Sud. Mais le revenu par habitant a baissé de 15% entre 1999 et 2009. Aujourd’hui, avec un PIB de 30 milliards d’euros, la Côte d’Ivoire est à la traîne. Le Ghana, le Cap vert, le Nigéria, le Cameroun, le Sénégal et le Tchad l’ont surpassée.

Pour Michel Abrogoua, le problème provient du manque de financement, dont pâtissent les petites et moyennes entreprises. « Les banques commerciales ne sont pas assez équipées, que ce soit en terme de ressources ou d’expertise » estime-t-il. Ce qui explique que, l’an passé, il ait utilisé les 50 millions de dollars obtenus d’un fonds d’investissement privé, pour « fournir des ressources équitables à de petites et moyennes entreprises de la région ».

Michel Abrogoua espère que le fonds aidera les entrepreneurs à stimuler la croissance économique en Côte d’Ivoire et dans les pays voisins.

Une croissance freinée par la violence

Depuis les années 60, jusqu’au milieu des années 1990, la Côte d’Ivoire a été le pays le plus stable et prospère d’Afrique sub-saharienne. Mais après la mort du président Houphouet-Boigny, en1993, la Côte d’Ivoire a traversé une longue crise politique qui l’a menée à la guerre civile. En plus d’empêcher le développement économique, le conflit a effrayé les investisseurs.

Le coup d’État mené en 2002 n’a pas arrangé les choses. Tandis que le Nord du pays était aux mains des rebelles, le Sud était contrôlé par le gouvernement. « Le risque, en terme de sécurité, c’est que vous ne pouviez compter sur personne » poursuit Michel Abrogoua« Dans une situation normale, vous pouvez compter sur les pouvoirs publics pour vous protéger en tant qu’investisseur. Mais dans ce cas précis, vous étiez livrés à vous-même. Il n’y a rien de pire pour un investisseur. »

La crise qui a suivi l’élection présidentielle de 2010 a remis de l’huile sur le feu. Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien, refusait d’accepter sa défaite. Le pays a de nouveau frôlé la guerre civile. Heureusement, explique Michel Abrogoua« les usines, les transports, et les infrastructures énergétiques n’ont pas été touchées ».  Cela a permis de relancer les activités économiques dès la fin du conflit, en avril 2011.

En Côte d’Ivoire, quelques incidents violents continuent à éclater, sporadiquement, entre les militaires et les civiles. Une relative instabilité politique qui n’ôte rien à l’optimisme de Michel Abrogoua.

« [La Côte d’Ivoire] est sur le chemin de la guérison. On s’attend à ce que la croissance atteigne 8,5% cette année » dit-il. « Les entrepreneurs du pays redoublent d’efforts pour stimuler la croissance économique. » Ils y parviendront sûrement.

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