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Cristina Kirchner, l’icône du peuple argentin

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[Image:1,l] L’Argentine aimerait-elle se fabriquer des icônes politiques ? Après avoir adulé Evita Peron, les Argentins se sont pris de passion pour leur très charismatique présidente, Cristina Kirchner. Une figure qui est en train de devenir intouchable, alors que sur la scène internationale, la « Reine Cristina » n’hésite pas à provoquer…

Fernandez rencontre Kirchner

Née le 19 février 1953 à Ringuelet, dans la Plata, capitale de la province de Buenos Aires, Cristina Fernandez, de son nom de jeune fille, a grandi et poursuivi ses études dans la région. Elle obtient un diplôme de droit de l’université de la Plata, où elle fera la rencontre de sa vie, celle de Néstor Kirchner, dans les jeunesses péronistes (du nom de Juan Peron, président argentin des années 1940-1950, puis de 1973 à sa mort, en 1974), avec qui elle se mariera en 1975.

Des années d’opposition à la dictature

Après le coup d’état militaire de1976, le couple fuit la répression du régime en s’installant en Patagonie, où ils forment une famille unie, de laquelle naîtra deux enfants, et s’opposent ensemble à la dictature. Ils sont tous les deux d’ailleurs arrêtés pour une brève période, mais arrivent à être acquittés grâce à des contacts haut placés, à la condition de mettre un terme à leurs activités politiques. Après la transition démocratique de 1983, Néstor Kirchner monte en puissance dans les rangs péronistes. Maire de Rio Gallegos, puis gouverneur de Santa Cruz, il accède finalement à la Présidence de la République en 2003. De son côté, Cristina Kirchner mène une carrière parallèle en tant que député régionale, puis nationale.<!–jolstore–>

Une Première dame plus Clinton que Peron

De 2003 à 2007, elle doit tout de même vivre dans l’ombre de son mari, devenant la première dame d’Argentine. Beaucoup la comparent à la secrétaire d’état américaine, Hillary Clinton, qui a été elle-aussi première dame avant de s’élever à l’une des plus hautes fonctions politiques de son pays. Les deux avaient une formation et une expérience préalables dans la politique, et ont d’abord été dans l’ombre de leur mari avant de s’en détacher.

Un autre modèle fréquemment invoqué est celui d’Eva Peron ou « Evita », seconde épouse du président Juan Peron, première dame devenue un mythe en Argentine, mais ayant échoué dans le rôle de présidente, lorsqu’elle dut remplacer son mari à sa mort. A la différence de Peron, le rôle de première dame de Kirchner ne l’empêche pas d’avoir un rôle politique, devenant la sénatrice de Buenos Aires en 2005.

La première femme élue présidente d’Argentine

Son slogan « le changement dans la continuité » prend tout son sens en 2007, lorsqu’elle succède à son mari et devient présidente de l’Argentine, pour être réélue en 2011. Elle devient un symbole, étant la première femme argentine élue démocratiquement présidente. Les moments phares de son premier mandat sont la réduction drastique de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie, ainsi que la légalisation du mariage gay en 2010, hissant l’Argentine en pays pionnier du mouvement gay dans les pays d’Amérique latine.

Les années de « battante »

Quelques mois plus tard, en 2010, Néstor Kirchner meurt d’une crise cardiaque, alors que Cristina Kirchner assurait encore la présidence de l’Argentine. Un mouvement de soutien et d’empathie lui permet de faire face, et d’être même réélue un an après. C’est la fin d’un couple légendaire de politiques, duo complémentaire et visionnaire, se conseillant mutuellement. Ils étaient considérés comme le couple le plus puissant de l’Argentine. Peu après, la Présidente très affectée par la mort de son mari, se fait diagnostiquer un cancer de la thyroïde, lors d’un contrôle médical. Son opération en janvier 2012 fut un succès, au grand soulagement du peuple argentin. Mais la maladie apparut comme un signal funeste.

Un virage à gauche qui inquiète 

Cependant, depuis l’état de grâce autour de son opération, Cristina Kirchner a créé la polémique, voire même l’indignation de beaucoup de pays en Europe, depuis l’expropriation du groupe pétrolier espagnol Repsol, considérée comme illégale par l’Espagne. Les états européens dénoncent déjà le protectionnisme et le populisme de sa mesure. Le virage à gauche de son second mandat est à suivre de près. La Présidente dit avoir été poussée par la volonté de rendre hommage à son mari, qui avait toujours rêvé de récupérer l’accès exclusif aux ressources pétrolières de son pays.

Autre événement marquant de ces derniers mois, l’échec du sommet des Amériques à Carthagène (Colombie) en avril 2012, auquel celle-ci a largement contribué en partant précipitamment. Résultat : le sommet n’aboutit finalement à aucune déclaration finale. Le point de désaccord entre les membres concernait la politique d’embargo des États-Unis auprès de Cuba, jugée obsolète et inadéquate aujourd’hui, et à laquelle Kirchner s’oppose fermement.

Enfin, à l’occasion du 30e anniversaire de la fin de la guerre des Malouines contre l’Angleterre, en avril dernier, la Présidente argentine a souligné encore une fois sa volonté de rattacher les îles anglaises à leur mère patrie. Pour elle, la colonisation de l’Angleterre est illégale. Cette déclaration a suscité l’indignation du Premier Ministre anglais, David Cameron. Un référendum devrait être proposé aux résidents de l’île, courant 2013, afin de décider de leur sort une bonne fois pour toutes. La « Reine Cristina » saura-t-elle rallier les électeurs à sa cause et défier une nouvelle fois le Royaume-Uni ?

 

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