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De nécessaires changements tactiques pour les Bleus

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Le 4-3-3 : entre altérations, renoncements et inadaptation

Le 4-3-3 serait-il désormais largement compromis? L’Euro a bien suffit à montrer que la France ne disposait que de peu d’ailiers dignes de ce nom : Franck Ribéry et dans une moindre mesure Jérémy Ménez. Samir Nasri a paru incapable de jouer convenablement sur l’aile, préférant sans cesse repiquer à l’intérieur du terrain. Hatem ben Arfa, lui, n’a pas réussi à montrer quoi que ce soit. Un 4-3-3 efficace nécessite des ailiers, des vrais. Le recours à Samir Nasri, milieu offensif davantage axial que latéral, à ce poste constitue une première altération du système, une première atteinte.

Par ailleurs, au-delà de l’incapacité des joueurs à animer convenablement ce système de jeu, la façon dont il a été utilisé pose problème. Le jeu en 4-3-3 est ainsi généralement ambitieux. Il est basé sur la construction, sur la domination, avec un seul milieu défensif chargé de ratisser les ballons pour deux milieux chargés de construire. Cohérent avec le projet de Laurent Blanc, basé sur le beau jeu, ce système a malheureusement trop souvent été dévoyé.

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Comme si le sélectionneur doutait des capacités de ses Bleus à l’emporter avec la manière. Face à la Suède, le joueur 4-3-3 s’est transformé en un 4-2-3-1 terne et peu ambitieux, avec deux milieux défensifs. Contre un adversaire déjà éliminé, on a du mal à comprendre l’emploi de ce système de jeu, basé sur la défense et la contre-attaque plutôt que la construction offensive. Rappelons tout de même que, sous Raymond Domenech, l’emploi de ce système inamovible avait été désigné comme principal responsable de l’indigence offensive des tricolores.

Contre l’Espagne, Laurent Blanc a décidé de revenir à son 4-3-3… mais en alignant un arrière latéral au poste de milieu droit. Là encore, on a assisté à un dévoiement du système, avec un côté droit blindé plutôt qu’explosif. A la clé, un nouvel échec tactique : Mathieu Debuchy est fautif sur le premier but, Anthony Réveillère sur le second. L’Espagne a à peine été dérangée par cette décision : bien qu’elle fût gênée dans le jeu par le système, celui-ci n’était plus valide une fois l’ouverture du score concédée, tant il a nuit à l’animation offensive des Bleus. Et à ce choix frileux a succédé une trop grande rigidité tactique. Il n’y avait sans doute pas de plan B.

Le 4-4-2 comme solution ?

Laurent Blanc ne veut pas entendre parler d’un 4-4-2, qu’il considère comme dépassé. A part une seconde période mal engagée face à l’Espagne, Olivier Giroud et Karim Benzema n’auront presque pas joué ensemble. Pourtant, étant donné le profil des joueurs éligibles en équipe de France, ce schéma ne paraît pas ridicule. On a d’un côté un manque d’ailiers performants et l’absence de meneur de jeu régulier et fiable. 

De l’autre, on a pléthore de très bons milieux défensifs et/ou relayeurs et surtout on compte deux attaquants parfaitement associables en théorie : un neuf et demi (attaquant de soutien) technique et doté d’une bonne vista en la personne de Karim Benzema et un avant-centre plus conventionnel capable de jouer dos au but comme face à lui en la personne d’Olivier GiroudRaymond Domenech avait lui aussi écarté ce système sans autre débat, alors que les Bleus disposaient de David Trezeguet et de Thierry Henry, deux attaquants de classe mondiale et aux profils si différents.

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Ainsi, le Montpelliérain pèse énormément sur les défenses et fait reculer les lignes défensives ce qui permet de libérer des espaces pour des joueurs comme Franck Ribéry ou Karim Benzema, qui peuvent arriver lancés pour profiter de ses déviations. Mais Giroud peut également jouer plus bas : technique et puissant, il peut très bien faire dans la conservation de balle et jouer pour Karim Benzema qui n’aurait plus à descendre si bas pour toucher le ballon. Ce 4-4-2 semble pouvoir afficher, en théorie toujours, deux visages : de quoi perturber bien des défenses.

Autre exemple : quand on compte des joueurs avec une qualité de centre comme celle de Mathieu Debuchy, il est dommage de se priver de la présence de Giroud et de son mètre 92 dans la surface. Enfin, en milieu droit, Mathieu Valbuena serait tout indiqué pour le poste, tant il est apparu impliqué dans le repli défensif durant ses matches en Bleu.

Cela nécessiterait un gros travail de reconstruction au milieu, et un effort défensif de tous les instants pour compenser le nombre de joueurs offensifs du système. Les valeurs clés des joueurs devraient alors être la combativité, la discipline et la rigueur en phase défensive. Ce que bien des Bleus n’ont pas montré au cours de cet Euro. Encore une fois, peut-être le talent ne doit-il plus être le seul critère de sélection en équipe de France. Quant à ce 4-4-2, peut être mérite-t-il au moins d’être essayé, pour voir.

Les 23 de l’avenir ?

Pour faire fonctionner ce 4-4-2, la France dispose d’un réservoir de joueurs adaptés, entre avant-centres aux profils variés et milieux polyvalents pouvant jouer aussi bien défensifs que relayeurs.

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Voici une liste imaginaire comportant des joueurs à même de faire fonctionner ce système et éventuellement de permettre d’en faire tourner un autre si besoin. Cette liste n’est pas une recommandation, mais un simple exemple.

GARDIENS : Hugo Lloris, Steve Mandanda, Cédric Carrasso

DEFENSEURS : Mathieu Debuchy, Bacary Sagna / Laurent Koscielny, Adil Rami, Mapou Yanga-Mbiwa, Mamadou Sakho / Gaël Clichy, Benoît Trémoulinas

MILIEUX : Alou Diarra, Yann M’Vila, Yohan Cabaye, Rio Mavuba / Mathieu Valbuena, Jérémy Ménez, Franck Ribéry, Hatem Ben Arfa, Yoann Gourcuff

ATTAQUANTS : Karim Benzema, Olivier Giroud, Loïc Rémy

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