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Des circonscriptions à surveiller

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Les Français assistent, depuis plusieurs semaines, à une campagne législative un peu insipide, oùle débat sur le fond, l’essentiel, est relégué au second plan par diverses polémiques de bas-étage. Le résultat du premier tour, dimanche 10 juin, a réservé quelques surprises et le deuxième tour devrait faire de même.

Si le PS devrait, selon les derniers sondages, recueillir une majorité absolue à l’Assemblée, rien n’est fait et de nombreux reports de voix, notamment ceux du Front National, pourraient venir affecter les résultats de certaines circonscriptions.

Parmi celles-ci, quelques-unes retiennent particulièrement l’attention des observeteurs à la vue des résultats du premier tour.

Duel sanglant entre socialistes à La Rochelle

[image:2,xs]L’affaire du « tweet » de Valérie Trierweiler a mis un puissant coup de projecteur sur cette circonscription dans laquelle un dissident PS, Olivier Falorni, secrétaire général de la fédération de Charente-Maritime, a décidé, contre l’avis de son parti, de maintenir sa candidature. En face de lui, celle qui a obtenu officiellement l’investiture du PS, Ségolène Royal est arrivée en première position au premier tour en recueillant 32,03% des voix. Son adversaire, Olivier Falorni a de son côté réuni 28,91% des voix.

Alors que les figures les plus emblématiques du PS n’en finissent plus d’apporter leur soutien à celle qui ambitionne d’accéder à la présidence de l’Assemblée Nationale, les sondages donnent actuellement le dissident vainqueur avec 55% des voix au deuxième tour, contre 45% pour Ségolène Royal.

Il faut dire qu’Olivier Falorni dispose de l’explicite soutien de l’UMP, bien décidé à en finir avec Ségolène Royal.

La fin du Centre sera-t-elle signée dans les Pyrénées Atlantiques ?

[image:3,xs]Il avait accordé son soutien à François Hollande avant le deuxième tour de la présidentielle, François Bayrou doit aujourd’hui le regretter amèrement. Coincé dans une triangulaire, entre une candidate PS, Nathalie Chabatte, arrivée en première position avec 34,9%, et Eric Saubatte, candidat UMP, en troisième position avec 21,72% des voix, François Bayrou tente le tout pour le tout pour s’extirper de la deuxième place, améliorer ses maigres 23,63% et conserver son fief historique.

Lors d’un de ses derniers meetings de campagne, le candidat du MoDem a demandé aux électeurs de la deuxième circonscription des Pyrénées Atlantiques de « faire preuve d’audace » et de ne pas offrir l’Assemblée nationale à deux uniques partis. « Réduire la vie politique au bipartisme, à ce seul affrontement va nous conduire à la catastrophe. »

François Bayrou, troisième homme de la présidentielle de 2007, pourrait bien assister à la chute de son parti en 2012.

Quand le FN soutient les socialistes pour contrer NKM

[image:4,xs]La quatrième circonscription de l’Essonne pourrait faire l’objet, à elle toute seule, d’un véritable soap opéra. Sur scène, Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle, Olivier Thomas, candidat du Parti socialiste et Marine Le Pen qui, depuis sa circonscription d’Hénin Beaumont, vient jeter le trouble dans un duel féroce.

La candidate UMP est arrivée en première position lors du premier tour avec 39,46% des voix, devant le candidat socialiste (36,29%). Mais rien n’est joué pour Nathalie Kosciusko-Morizet, car placée sur la liste noire du Front National, celle-ci est en position délicate. Pour donner du mordant au jeu électoral, Marine Le Pen a officiellement appelé à voter pour le candidat socialiste. Un appui qui, bien que refusée par Olivier Thomas, pourrait bien nuire à NKM.

Pour Marine Le Pen, c’est donnant-donnant. « Mme Kosciusko-Morizet nous a expliqué pendant des mois qu’entre un candidat de chez nous et un candidat socialiste, elle voterait socialiste. J’en appelle maintenant à la réciprocité. »

Jack Lang et la ligne rouge des Vosges

[image:5,xs]« La gauche a besoin de Jack Lang », affirmait le ministre de l’Education, Vincent Peillon, en visite de soutien à son ami socialiste, dans la deuxième circonscription des Vosges. Pourtant celui qui se verrait bien également au perchoir n’est pas assuré de remporter cette élection.

Arrivé en première position avec 37,5% des voix, il est en ballotage au deuxième tour contre le candidat UMP Gérard Cherpion, qui a obtenu 35,35% des voix.

Une première place qui ne signifie rien puisque le candidat UMP est donné favori par tous les sondages. Il faut dire que le bon score du FN, 17,44%, pourrait être d’un grand secours au candidat de droite.

Marie-Arlette Carlotti, ministre sur la sellette

[image:6,xs]Marie-Arlette Carlotti risque gros dans cette élection. Dès les lendemains de la formation du gouvernement, François Hollande avait été très clair envers tous ses ministres, les perdants aux élections législatives devraient céder leur poste. Si les postes de chacun des ministres-candidats sont quasiment assurés, la ministre déléguée aux Personnes handicapées risque bien d’être l’exception qui confirme la règle.

Candidate à Marseille, dans la cinquième circonscription des Bouches du Rhône, Marie-Arlette Carlotti se trouve dans une position inconfortable au deuxième tour, en face du candidat UMP Renaud Muselier. La candidate PS a réalisé un score de 34,43% au premier tour, son opposant la talonne avec 32,45% des voix.

En troisième position, le Front national (16,27% au premier tour) semble accorder un soutien peu implicite au candidat de la droite.

Une affaire de tract est venue donner du piquant à cet entre-deux tours. Le candidat UMP a largement distribué dans sa circonscription, un tract dont le titre provocateur, « ensemble, faisons front contre la candidate socialiste » a largement prouvé qu’UMP et FN sont de connivence pour faire battre Marie-Arlette Carlotti.

Pour confirmer ce titre, un slogan non moins implicite indique « souvenez-vous de tous ces drapeaux qui ont salué la victoire de François Hollande ».

Le Front National mise sur trois députés

[image:7,s]Parmi les différents candidats d’extrême droite présents lors de ce deuxième tour, en triangulaires comme en duels, trois représentent l’espoir d’un retour du FN à l’Assemblée.

Marine Le Pen, candidate à Hénin Beaumont, dans la onzième circonscription du Pas de Calais et arrivée en première place au premier tour avec 42,36% des voix, affrontera le candidat socialiste Philippe Kemel (23,5%). Ce dernier, bien que soutenu par le président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, lui-même arrivé troisième lors du premier tour avec 21,48%, n’est vraiment pas assuré de remporter la course.

En effet, si Philippe Kemel est soutenu par l’ensemble de la gauche, sa faible popularité, notamment parmi les communistes de la région pourrait bien lui être défavorable.

La dernière-née de la famille Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen, grande gagnante au premier tour dans la troisième circonscription du Vaucluse avec 34,63% des voix, se retrouve en ballotage contre Jean-Michel Ferrand, candidat UMP (30,03%) et Catherine Arkilovitch du PS (21,98%).

Une triangulaire qui pourrait bien être favorable à la nièce de Marine Le Pen.

Finalement, l’avocat Gilbert Collard, candidat de la deuxième circonscription du Gard, seul département français qui avait placé Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle, est également dans une triangulaire qui pourrait lui être favorable, en face de Katy Guyot du PS (32,87%) et Etienne Mourrut de l’UMP (23,89%).

A deux jours du scrutin, rien n’est joué, mais ces quelques circonscriptions réserveront sans aucun doute des surprises lors des résultats, dimanche 17 à 20 heures.

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