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Euro 2012: les 23 Français passés au crible

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Un temple bien gardé

Inutile, de faire durer le suspense, la France dispose de bons, voire de très bons joueurs. Dans les cages tout d’abord, où les Bleus comptent trois gardiens d’excellente qualité. La France confirme ici la qualité exceptionnelle de sa formation, d’autant que derrière les sélectionnés, on compte pléthore de portiers de haut niveau. En Bleu, Hugo Lloris, 25 ans et déjà nommé 3 fois meilleur gardien de Ligue 1, fait figure de titulaire indiscutable, et a même hérité du capitanat.

Il a ainsi éclipsé toute concurrence, et Steve Mandanda, nommé 2 fois meilleur gardien de Ligue 1, en sait quelque chose. Avoir un remplaçant d’un tel niveau est un luxe que peu d’équipes nationales peuvent se targuer d’avoir, à l’exception notable de l’Italie, de l’Allemagne et de l’Espagne. Et ce d’autant plus que Cédric Carrasso, gardien numéro trois, sort d’une excellente saison individuelle avec Bordeaux. Il est courant de dire qu’il n’est pas possible de remporter une grande compétition sans grand gardien. La France, qui en compte trois, peut de ce point de vue être rassurée.

Un chantier défensif inachevé

En défense, le bilan est davantage mitigé. Tout au long de la campagne de qualification, la paire Adil Rami / Philippe Mexès (avant sa grave blessure d’avril 2011) avait été sérieuse et appliquée en défense centrale, combinant avec succès puissance physique et intelligence tactique. Mais, alors que l’on pensait le chantier défensif annoncé par Laurent Blanc à sa nomination définitivement clos, le débat est en fait plus que jamais relancé. Adil Rami, qui a joué 61 matches cette saison avec Valence, serait « carbonisé ». Ses prestations en demi-teinte chez les Chés en fin de saison et ses deux dernières titularisations fébriles (l’homme n’a jamais été un modèle de concentration, mais tout de même) semblent aller dans ce sens.

Mexès, gravement blessé en avril 2011, n’est plus le même depuis son retour. Il a perdu sa place au Milan AC, s’est illustré par des actes violents et a sorti des matches médiocres face à l’Islande ou l’Estonie. On a entrevu du mieux face à la Serbie, mais là encore, celle-ci n’a pas livré un match tranchant. Par ailleurs, Koscielny, habituel remplaçant, a rendu une bonne copie face à la Serbie, et sort d’une belle saison à Arsenal. Il constitue une alternative de plus en plus crédible.[image:3,l]

Chez les latéraux, Debuchy paraît incontestable à droite, malgré des trous d’air en défense. Impérial au Lille OSC, le très offensif arrière droit a marqué une fois et signé deux passes décisives en 5 sélections. Sur le banc, Réveillère, sérieux et besogneux, s’avèrerait être un remplaçant de qualité, si d’aventure le sélectionneur préfèrait un latéral plus sûr en défense. À gauche, Evra a livré un match catastrophique face à l’Islande, à la cueillette aux fleurs sur les deux buts encaissés et absent dans les phases offensives. Clichy, qui s’est imposé à Manchester City, a été titularisé face à la Serbie et a livré une bonne prestation. L’ancien capitaine des Bleus a du souci à se faire, malgré un (très) léger mieux contre l’Estonie.

Un entrejeu rassurant

Au milieu, quelques visages se distinguent. Yann M’Vila, considéré comme un immense espoir au poste de milieu défensif, tient la corde pour un poste de titulaire, malgré une saison compliquée avec Rennes. Sa blessure face à la Serbie n’est pas inquiétante, mais pourrait lui faire déclarer forfait pour le premier match face à l’Angleterre. Alou Diarra, auteur de prestations médiocres à l’OM comme en sélection, a progressivement perdu sa place au sein du onze de départ, et ce malgré la patience de Laurent Blanc à son égard. Son absence même de la sélection n’aurait pas été scandaleuse, et il ne doit probablement sa présence qu’au souci du sélectionneur de maintenir un « esprit de groupe ». Un pari payant ? Le longiligne milieu défensif a livré deux derniers matches corrects. À lui maintenant de retrouver son meilleur niveau. Le Parisien Blaise Matuidi a effectué une saison satisfaisante en club mais, blessé , il n’est pas apparu sur le terrain lors des matches de préparation. Peut-être un peu tendre pour un poste de titulaire, il serait toutefois dommage de ne pas l’envisager comme joker.[image:4,l]

Légèrement plus haut, Cabaye confirme, match après match, son statut de titulaire. S’il n’a jamais été spécialement brillant ou s’il affiche parfois une certaine tendance à ralentir le jeu, la régularité et la combativité du joueur de Newcastle suffisent pour faire taire une concurrence pas toujours très menaçante à ce poste. Malouda, qui est passé du poste d’ailier gauche à celui de milieu relayeur, a livré des matches pleins face à la Serbie ou l’Estonie, ses premiers depuis des années en sélection. Marvin Martin, qui n’a pas confirmé cette saison les espoirs placés en lui, devrait logiquement faire banquette. Auteur d’entrées en jeu convaincantes, marquées par une accélération bienvenue du jeu, le énième successeur annoncé de Zidane a peut-être une carte à jouer en cas de blessure ou de méforme d’un de ses concurrents.

Une attaque convaincante

Devant, la hiérarchie se fixe progressivement. Le retour en grâce de Ribéry, auteur de trois matches de bon niveau d’affilée (3 buts, 1 passe décisive), combiné au replacement de Florent Malouda dans l’axe, permet à Laurent Blanc de disposer d’un titulaire clair sur l’aile gauche. Contesté tout au long de la campagne de qualification, le joueur du Bayern Munich a signé des prestations rassurantes dans l’optique de l’Euro : un Ribéry au meilleur de sa forme serait un atout majeur pour les Bleus. Attention toutefois à la concurrence d’un Ménez performant en club cette saison. Plutôt en jambes face à l’Islande, il a néanmoins été en deçà du Munichois lorsqu’il l’a remplacé contre la Serbie, et a marqué face à l’Estonie après plusieurs mauvais choix.

À droite, Nasri semble avoir une longueur d’avanceTrès peu influent dans l’axe face à l’Islande, comme d’ailleurs en sélection de manière générale, il a livré deux derniers matches acceptables dans le couloir droit. Toutefois, il semble manquer de percussion pour évoluer sur l’aile. Derrière, Hatem ben Harfa, qui commence enfin à confirmer son formidable potentiel à Newcastle, a sorti un bon match face à l’Islande, et fait une rentrée correcte face à l’Estonie. Toutefois, il a – paradoxalement quand on connaît le personnage – été parfois trop collectif et a quelque peu oublié de provoquer ses adversaires. Enfin Mathieu Valbuena semble avoir un peu de retard, malgré de bonnes entrées face à l’Islande ou l’Estonie.[image:2,l]

Dans l’axe, Laurent Blanc ne paraît pas décidé à aligner ses deux buteurs ensemble, refusant de toucher à son 4-3-3. Pourtant, il y a de quoi réfléchir. Benzema part en tête dans la hiérarchie des avant-centres. Auteur d’une saison remarquable au Real Madrid, le Français est l’un des meilleurs n°9 du monde. Très technique et doté d’une excellente vision du jeu, l’ancien-Lyonnais n’est toutefois pas un « tueur » face au but, malgré son doublé de classe contre l’Estonie. Son apport offensif et sa vista (4 buts, 5 passes décisives en 12 matches) en font un élément essentiel aux Bleus.

Enfin, Olivier Giroud est une véritable révélation cette saison : rapide et technique malgré sa grande taille, il est aussi bon finisseur que passeur. Auteur de trois passes décisives durant les matches de préparation, remarquable par son excellent jeu de déviation le Montpelliérain semble pourtant condamné à cirer le banc. Néanmoins, si toutes ses entrées en jeu se révèlaient aussi réussies que face aux Islandais ou aux Estoniens, il serait alors un joker de luxe d’exception.

La France possède la quatrième équipe la plus chère de l’Euro. Autant dire que les Bleus ont l’effectif pour aller loin dans la compétition. Si, comme le disait Platini, le football français n’a pas « une grande génération », elle dispose toutefois de joueurs largement suffisants pour faire un bon parcours et, pourquoi pas, pour créer la surprise.

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