Site icon La Revue Internationale

Face aux mormons, les libéraux de l’Utah ont de l’humour

158427407_55d705334e_z.jpg158427407_55d705334e_z.jpg

[Image:2,l]Salt Lake City, Utah – Tous  les chemins mènent au Temple Mormon dans cette magnifique ville au pied des montagnes Wasatch.

Le Temple des Saints des Derniers Jours, une visite guidée

Le Temple des Saints des Derniers Jours, plus souvent appelé le Temple Mormon, est un édifice imposant, avec ses flèches et la statue de l’ange Moroni, tout en or, soufflant dans sa trompette – pour appeler les fidèles au salut.

Mais les activités à l’intérieur de cet énorme bâtiment, qui domine Salt Lake City, sont encore plus impressionnantes. Alors que les non-mormons n’ont pas accès au Temple lui-même, de nombreuses annexes sont accessibles aux touristes. On peut même y voir une une copie intégrale des fonts baptismaux original posé par-dessus douze statues de bœufs – ce qui ferait presque oublier la visite interdite du Temple premier.

Une présentation sur écran tactile permet une visite originale et détaillée du Temple, alors que des fascicules sont disponibles sur des étalages pour ceux qui voudraient approfondir leurs recherches. On peut aussi s’inscrire pour recevoir des livres et des CDs pour s’instruire sur la doctrine des Saints des Derniers Jours.

« Quand on était petit, on allait au Temple et, pour rigoler, on inscrivait des gens qui n’aimaient pas recevoir ce genre de trucs, » confie une natif de l’Utah.

Il y a des vidéos interactives pour les enfants, où les plus petits peuvent trouver des réponses aux questions urgentes, telles que « Est-ce que Dieu a prévu quelque chose pour moi ? » ou « Qu’est-ce qu’un Prophète ? ». Un grand écran projette constamment une série de témoignages de médecins américano-africains, d’ingénieurs ou encore d’innovateurs, tous fiers de dire « Je suis un mormon. »

[Image:1,l]

Prosélytisme des « missionnaires »

Des guides venus de nombreux pays sont prêts à répondre à de nombreuses questions, mais à condition que celles-ci ne soient pas dérangeantes.

« Je n’ai pas le droit de donner des interviews, » précise une jeune femme asiatique, dont le badge indique qu’elle est « Sœur Au-Yeung, », de Hong Kong. Les parents d’Au-Yeung se sont convertis au Mormonisme à un peu plus de 20 ans , et elle a été élevée dans cette foi. Elle est aux Etats-Unis pour accomplir sa « mission » de deux ans, une routine à laquelle les jeunes Mormons doivent se plier.

« Je ne suis pas là pour convertir qui que ce soit, » assure-t-elle, un peu anxieuse, après m’avoir prié de ne pas prendre de notes : « Je suis juste ici pour aider quiconque a envie de trouver la vérité. »

Elle reconnut tout de même qu’elle avait entendu parler d’un présumé Mitt Romney, nominé républicain, qui fait partie de l’Eglise mormone.

Depuis que la possibilité d’une présidence Romney a commencé à entrer dans les esprits, les Saints des Jours Derniers font l’objet de plus en plus d’attention.

Le mormonisme, la « religion la plus vraie »

Les mormons, selon Au-Yeung, possèdent « l’entièreté de la vérité » que les autres religions n’ont pas.

« Tout ce que dit la Bible est vrai, » insiste-t-elle. « Mais la Bible ne contient pas toute la vérité. Certaines personnes en ont retiré des choses. »

Toute la vérité se trouve dans le Livre de Mormon, dit Au-Yeung, montrant l’ouvrage à son interlocuteur. Il fut écrit il y a environ 600 ans, explique-t-elle, et fut révélé au prophète Joseph Smith dans les années 1830.

« Nous respectons les autres religions et vivons en harmonie avec elle, » dit-elle calmement. «J’espère que vous pourrez ressentir la paix ici au Temple. » 

Le gouffre qui sépare les mormons des autres

Mais la paix est assez difficile à trouver à Salt Lake City. On dirait qu’il y a deux types de personnes ici : les mormons et ceux qui s’amusent à se moquer d’eux, parfois assez méchamment.

Dans le pub Squatter’s, à juste quelques blocs du Temple, on peut commander une bière « Provo Girl », du nom de la ville qui abrite l’un des plus grands centres d’éducation mormons, l’université Brigham Young. Le logo de la marque allemande de bières « St. Pauli Girl » est une jeune fille très légèrement vêtue, raillant l’interdiction mormone de boire de l’alcool et l’image chaste des femmes mormones.

Malheureusement, une autre de leur spécialité n’est plus disponible. « La Polygamy Porter », explique la serveuse, « est une bière pression saisonnière, et n’est offerte qu’en bouteilles à emporter ».

« On l’appelle Polygamy Porter car on en veut toujours plus d’une, » commente l’un des habitués.

La polygamie : le sujet tabou

Le principe mormon de « mariage pluriel » a été officiellement banni de l’Eglise en 1890, mais la polygamie persiste chez certains groupes dissidents.

« Il doit y avoir environ 50 000 familles polygames ici en Utah, » estime Joseph Dimick, un juge d’état à la retraite. « Je suis sûr que vous avez dû en rencontrer sans vous en rendre compte. »

Il semblerait que tout le monde connaisse des familles avec plusieurs femmes et de nombreux enfants, bien que la pratique soit en violation de la loi américaine et des édits mormons actuels.

« Personne n’est jamais poursuivi, » confesse Dimick. « Tu ne vas jamais réussir à mettre quelqu’un en prison juste parce qu’il cohabite, ou parce qu’il a des enfants de plusieurs femmes. Les policiers ne vont pas poser de questions. Mais si tu soutiens la polygamie, tu seras excommunié de l’Eglise Mormone en deux temps trois mouvements. »

Petites blagues libérales à Mormon-land

[Image:3,l]

La polygamie relève d’une obsession chez les non-Mormons, qui invoquent souvent ce concept pour se moquer ou condamner les fidèles.

Dans la boutique d’alcool subventionnée par l’Etat, on peut acheter de la vodka « Cinq Femmes, » qui avait été interdite pendant un moment dans le voisinage Idaho, pour offense aux Saints des Derniers Jours.

L’autre boisson qui différencie le fidèle de l’ouvertement non croyant est le café. Salt Lake City regorge de cafés et Starbucks, dont certains visent directement la religion dominante de la ville.

Sur E Street, on peut prendre un café chez « Jack Mormon, », une chaîne populaire. Le terme désigne les non-pratiquants qui boivent du café.

A Cucina, sur la 2nd Avenue, un cappuccino glacé est vendu avec le slogan « la boisson la plus caféinée d’Utah ! »

Les non-mormons veulent aussi exister en Utah

« Ceux qui ne sont pas mormons le montrent de manière un peu trop agressive » pense  un résident de l’Utah, dont la cave à vin témoigne qu’il n’appartient pas à l’église mormone. « Ils veulent s’assurer que tout le monde comprenne bien qui ils sont. »

L’Utah est le plus républicain des états républicains et son vote ira sans aucun doute à Romney en Novembre. Cependant, alors que Salt Lake City est considérée comme la capitale mormone, c’est une de seules villes en Utah où les mormons sont en minorité.

« La province de Salt Lake est allée… à Obama en 2008, » rappelle Ben Smith, qui enseigne dans une école privée de Salt Lake. « Nous vivons dans une bulle libérale ici. »

Non pas que cela fasse une grande différence sur le résultat des élections.

« Je voterai parce que je pense que l’acte en lui-même est important, » confie Smith. « Mais, si je pense que mon vote importe ? Non, bien sûr que non. »

Global Post / Adaptation Annabelle Laferrère – JOL Press

Quitter la version mobile