Les Bleus affrontent ce soir à 18h l’Ukraine pour leur deuxième match de poule. Alors que ce match semble acquis à l’équipe française, il n’en est en fait probablement rien. Les hommes de Laurent Blanc devront tout donner pour espérer arracher la victoire à des Ukrainiens sur-motivés.
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Des conditions pas favorables aux Bleus
Premièrement, et il faut le préciser d’emblée tant cela est important dans les grandes compétitions, les Ukrainiens jouent à domicile. La Donbass Arena de Donetsk, 50 000 places, sera remplie de supporters adverses – qui n’ont rien à voir avec le public familial et calme du Stade de France -, et il est peu probable que l’on entende chanter les quelques centaines de Français qui sont attendus en tribunes. Tant en termes de motivations pour les Ukrainiens, d’intimidation pour les Français que de pression pour l’arbitre, ce facteur joue considérablement en défaveur des Bleus. Il faudra sans doute une démonstration de force mentale pour franchir ce palier.
Le second élément à prendre en compte est d’ordre comptable. Les Ukrainiens ont, suite à leur victoire face à la Suède (2-1), trois points et sont en tête du groupe D. De leur côté, les Bleus, qui ont obtenu un match nul décevant face à l’Angleterre, ne comptent qu’un seul point. Avec une conséquence évidente : là où un match nul ferait plutôt les affaires des Ukrainiens, il handicaperait fortement les Français dans l’optique d’une qualification, surtout si le match de 20h45 entre les Anglais et les Suédois accouchait d’un vainqueur.
Ainsi, l’Ukraine peut se permettre de jouer défensif – encore que la défense ne soit pas le point fort de l’équipe – et de tenter de verrouiller le match. Mais, du côté de l’équipe de France, il va falloir l’emporter, sous peine de se compliquer considérablement la tâche. Or, quand une équipe cherche à marquer, elle laisse logiquement plus d’espace derrière et s’expose à un contre assassin. Si la défense tricolore a levé quelques doutes face à l’Angleterre, elle n’est toujours pas un modèle de sérénité et de sérieux, sur l’axe comme sur les côtés. Avec, par exemple, un Mathieu Debuchy qui va sans doute multiplier les montées sur son côté droit, il se peut que les Ukrainiens trouvent la place de se ruer en contre-attaque lorsqu’ils récupéreront le ballon.
Un adversaire loin d’être inoffensif
Mais attention, car l’Ukraine est beaucoup plus qu’une équipe qui joue en contre. Si elle peut tenter de verrouiller comme on l’a dit, elle peut également choisir de jouer son football, offensif et agréable à regarder. On a vu parfois la défense française mise en difficulté par les courses des attaquants anglais, courses qui se résumaient pourtant à des déboulés pleine vitesse, tout droit. L’Ukraine comporte dans sa sélection des joueurs beaucoup plus intelligents et subtils dans leurs déplacements.
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Au premier rang duquel, bien sûr, on trouve Andriy Chevtchenko. Si l’homme est diminué par des pépins physiques, il ne l’a pas du tout laissé transparaître face à la Suède. Toujours placé au bon endroit, l’attaquant du Dynamo Kiev est également remarquable d’intelligence dans tous ses déplacements, surprenant à chaque fois la défense suédoise lorsque qu’elle avait le malheur de le quitter des yeux. Avec un Adil Rami dont la concentration n’est pas la première des qualités, il y aura sans doute de quoi avoir des sueurs froides pendant le match.
Le jeune milieu gauche Evhen Konoplyanka semble lui aussi très difficile à marquer et plein d’à propos dans ses courses : il risque de donner beaucoup de travail à Mathieu Debuchy, qui aura besoin de se concentrer sur la défense. Mais pour cela, il faudrait que Samir Nasri cesse de déserter son aile droite, laissant au Lillois toute la responsabilité de l’animation offensive. Enfin, Yarmolenko à droite, dont sera sans doute chargé un Patrice Evra peu rassurant ces derniers temps, et Voronin, le second attaquant ukrainien, ont également fait un bon match contre la Suède et seront autant de dangers pour la défense française.
Des motifs d’espoir
S’il devait y avoir une bataille au milieu du terrain, la France devrait logiquement l’emporter. La qualité technique des milieux français, à l’image d’un Yohan Cabaye très à son aise face aux Anglais, alliée à celle d’un bon récupérateur, que ce soit un Alou Diarra de retour en forme ou un Yann M’Vila qui, on l’espère, évoluera à un bon niveau, devrait neutraliser des Ukrainiens en théorie un cran en dessous sur ce plan. Encore que la théorie, en football encore plus qu’ailleurs, n’est jamais infaillible.
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Enfin, il faudra livrer une prestation offensive plus aboutie pour espérer marquer. Si Karim Benzema est souvent intéressant dans ses décrochages, les Bleus ont terriblement manqué de présence dans la surface. Espérons que son association avec Franck Ribéry suffise à dynamiter le verrou ukrainien. La défense des hommes d’Oleg Blokhine, construite autour de la puissance physique et de la souveraineté aérienne, manque de vitesse. Elle paraît parfaitement conçue pour se faire malmener par des petits gabarits techniques, des combinaisons dans les petits espaces et un jeu offensif au sol. Le joueur du Bayern, s’il est en forme, pourrait se faire un plaisir de la mettre au supplice, surtout si son association avec Benzema fonctionne aussi bien que face à l’Estonie.
NB : finalement, Gaël Clichy prend la place de Patrice Evra sur le flanc gauche de la défense, tandis que Samir Nasri est déplacé dans l’axe au détriment de Florent Malouda. Jérémy Ménez, plus percutant, remplace le Citizen à droite, ce qui devrait permettre à Debuchy de se consacrer davantage à défendre.