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Froid glacial entre la Norvège et la Chine

[image:1,l]La petite et pacifique Norvège n’a pas froid aux yeux et n’hésite pas à se mettre en froid avec un partenaire qui ne fait pas moins de 273 fois sa taille. Deux ans après que le comité Nobel ait décerné le prix Nobel de la Paix au dissident chinois Liu Xiaobo, la Chine continue de punir le pays nordique en jouant de sanctions diplomatiques et utilise chaque opportunité pour dénigrer le royaume scandinave.

Refuser son visa à Kjell Magne Bondevik, un symbole

La semaine dernière, la discorde entre les deux pays a atteint un niveau record avec le refus de la Chine d’accorder un visa à l’ancien Premier ministre norvégien Kjell Magne Bondevik. Le pasteur luthérien, qui souhaitait prendre part au rassemblement mondial des églises qui se  déroulait à Nanjing, a déclaré au journal Aftenposten : « Tel que je vois les choses, c’est une stratégie mise en œuvre par les autorités [chinoises] […] mais je ne sais vraiment pas ce qu’elles espèrent obtenir en me refusant un visa ». Kjell Magne Bondevik s’est rendu pour la dernière fois en Chine, en 2002, pour y rencontrer des officiels chinois.

La Chine veut faire « payer son arrogance » à la Norvège

Une théorie que les autorités chinoises démente, mais qui semble se confirmer sous la plume de l’éditorialiste du journal chinois Global Times : « [Les Norvégiens] doivent payer le prix de leur arrogance […] c’est par ce type de décisions que la Chine pourra construire son autorité sur la scène internationale ». Suspendre les négociations commerciales et diplomatiques, mettre en place un embargo sur le saumon norvégien… autant de mesures qui participent à la realpolitik de Pékin.

Pas d’options envisageables pour Oslo

Les experts estiment que dans des confrontations équivalentes entre la Chine et les pays Européens, accueillant le Dalai Lama, la crise aurait été résolue par une annonce du gouvernement certifiant son soutient à la politique « Une seule Chine » de Pékin et le renouvellement de la non-reconnaissance du Tibet. Mais, comme Jonas Parello, membre du Conseil Européen des Relations Etrangères le souligne, pour la Norvège ce ne sont pas des options envisageables.

La Norvège veut défendre son image d’idéal démocratique

« Le gros problème avec les Norvégiens, c’est qu’ils ne peuvent donner à la Chine aucune des concessions que les autres Etats européens pourraient offrir dans une situation similaire, d’abord parce que [le Comité Nobel] est un organisme privé […] ensuite, et surtout, parce que il n’est pas question pour les Norvégiens de revenir sur leurs principes ». Fière de son image de phare de l’idéalisme, la Norvège tient bon face à l’empire du milieu. Le week-end dernier, le pays a accueilli l’icône démocratique birmane Aung San Suu Kyi, à qui le Comité a pu remettre le prix Nobel de la Paix, 21 ans après que le prix ait été décerné à la Dame de Rangoun.

Le Conseil arctique est un moyen de pression

Par ailleurs, ses immenses réserves d’hydrocarbures et de gaz immunisent en grande partie la Norvège des pressions commerciales de la Chine. Et bien que le froid entre les deux pays se maintienne, les officiels norvégiens ont réaffirmé leur volonté de rétablir de bonnes relations avec le géant asiatique. De fait, Oslo a même réaffirmé son soutien à la Chine dans sa volonté d’entrer au Conseil Arctique. Entrée, qui est conditionnée par l’établissement d’un dialogue ouvert et transparent avec l’ensemble de ses membres, y compris la Norvège. Une façon de signifier à la Chine que tant qu’elle ne rétablira pas de bonnes relations avec la Norvège, son entrée au conseil sera compromise.

« La diplomatie chinoise ne va pas dans le bon sens »

Et quand bien même elle souhaiterait maintenir sa ligne politique actuelle, cela ne serait pas dans son intérêt. Le conflit silencieux entre la Chine et la Norvège a déjà entâché la réputation de Pékin en Europe. « L’attitude de Pékin pourrait réveiller la conscience de l’Europe » souligne Jonas Parello. « La diplomatie chinoise ne va pas dans le bon sens. Elle envoie aux possibles partenaires économiques de la Chine l’image d’une autocratie d’un autre temps, ne tolérant pas de points de vue différents du sien. »

Global Post / Adaptation Stéphan Harraudeau pour JOL Press

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