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Fukushima: le réacteur n° 4 suscite beaucoup d’inquiétudes

[image:1,l]La polémique fait rage au Japon au sujet du redémarrage envisagé de deux réacteurs nucléaires. Au même moment, la centrale qui a poussé toute l’industrie à arrêter la production est encore au cœur des débats.

Tension constante à Fukushima

Cela fait six mois que le gouvernement a déclaré que Fukushima Daiichi – où trois réacteurs ont fondu à la suite du tremblement de terre et du tsunami du 11 Mars 2011 – avait atteint un état stable qualifié d’«arrêt à froid». Désormais les discussions concernent l’état de barres de combustible irradiées, stockées dans un bâtiment du quatrième réacteur.

Le réacteur numéro quatre de Fukushima Daiichi, qui fut sévèrement endommagé par une explosion d’hydrogène le 15 mars 2011, abrite 1535 assemblages de combustible d’uranium. Certains militants et hommes politiques ont pointé la dangerosité de ce dispositif, qui pourrait s’écrouler si la centrale était secouée par un nouveau séisme.

Un scénario alarmant

Un violent tremblement de terre pourrait fracturer la piscine de refroidissement et laisser s’infiltrer dans la centrale l’eau initialement prévue pour refroidir les barres de combustible. Cela provoquerait un important dégagement de rayonnements radioactifs.

Goshi Hosono, le ministre en charge de la pire crise nucléaire de l’histoire du Japon, a récemment accompagné un petit groupe de journaliste à l’intérieur du réacteur. Une manière de répondre aux inquiétudes que suscite la piscine de stockage de carburant, située au cinquième étage de l’immeuble et qui pourrait causer une nouvelle catastrophe.[image:2,l]

Ce réacteur est particulièrement préoccupant, car il détient la totalité des barres de combustible de l’unité 4, déplacées lorsque la centrale a été frappée par le tsunami, des vagues de près de quinze mètres de hauteur. Goshi Hosono a accepté les assurances de Tepco, l’opérateur de l’usine. La firme a déclaré que l’endroit était sécurisé, même en cas de nouveaux tremblements de terre.

« De nombreuses préoccupations ont été soulevées concernant la piscine de combustible de l’unité 4. Mon but est d’évaluer la situation directement, » a t-il déclaré après une brève visite, muni des vêtements de protections et entouré de garde du corps.

Une communication plutôt opaque

Il a confirmé que la piscine de refroidissement, qui mesure environ dix mètres sur vingt, n’avait pas bougé. La structure environnante a également été renforcée avec du béton et de l’acier. Interrogé sur un « renflement » de trois centimètres sur un des murs du bâtiment, Goshi Hosono s’est expliqué : « J’ai demandé à Tepco de ne pas se montrer trop optimiste, afin d’être sûr de garantir un maximum de sécurité… mais il est vrai qu’il reste quelques questions sans réponses, qu’il serait bon de traiter ».[image:3,l]

Des contrôles sur le bâtiment du réacteur n’ont pas révélé de fissures ou de corrosion des métaux dans la structure du bassin de refroidissement, a indiqué Tepco. Et même si ces barres irradiées devaient être exposées, après un autre séisme, le service public a expliqué qu’il faudrait trois semaines avant cela ne puisse constituer une menace. Des dispositifs ont été mis en place pour les garder au frais avec de l’eau, et même les couler dans un mélange spécial de béton armé si nécessaire.

Tepco et le gouvernement japonais ont décidé de rassurer le public, après qu’un sénateur américain ait mis en garde contre la possibilité d’un effondrement, qui provoquerait des dommages considérables à la piscine de combustible.

Ron Wyden, un sénateur alerté

Ron Wyden, un sénateur démocrate de l’Oregon qui a récemment visité Fukushima Daiichi, a estimé que les autorités japonaises devraient agir plus rapidement pour mettre ces barres de combustible hors d’état de nuire

« L’état précaire des unités nucléaires de Fukushima Daiichi et le risqué lié à l’énorme quantité de matières radioactives à la merci d’une nouvelle secousse devraient être parmi nos préoccupations majeures. Un soutien international et une assistance accrue est requise, » a déclaré Ron Wyden, dans une lettre adressée à l’ambassadeur du Japon Ichiro Fujisaki.[image:4,l]

Le gouvernement nippon semble avoir compris les inquiétudes internationales, mais les avertissements du sénateur américain ont été vite oubliés.
« Nous n’avons pas d’éléments concrets qui permettent d’annoncer que le bâtiment du réacteur numéro quatre est plus dangereux qu’un autre sur le site, » a expliqué aux journalistes Ikko Nakatsuka, le vice Premier ministre chargé de la reconstruction.

« Mais nous comprenons l’angoisse des gens à propos du réacteur, même lorsqu’elle nait de fausses allégations à ce sujet. Tout ce que nous savons, c’est que l’état des installations de l’usine de Fukushima est différent des autres centrales, et que des mesures de sécurité strictes doivent être appliquées. »

Un immense travail en perspective

Le réacteur numéro 4 de Fukushima Daiichi permettra donc de tester la capacité du Japon à nettoyer le site industriel le plus dangereux au monde. Le gouvernement a déclaré qu’il s’apprêtait à éliminer les barres de combustible irradié du bassin de stockage en décembre 2013. Mais il faudra une décennie de plus avant que les techniciens puissent commencer le retrait du combustible fondu, situé plus profond dans les trois autres réacteurs.

Le déclassement de la centrale prendra plus de temps : « Cela peut prendre 30 ou 40 ans et un travail extrêmement difficile nous attend » a ajouté Goshi Hosono.

Global Post -Adaptation Henri Lahera pour JOL PRESS

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