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G. Garrigos:«Amnesty, fière de lutter contre l’homophobie»

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Amnesty International combat toutes les formes de discriminations à travers le monde. Les discriminations sexuelles ou de genre sont, aujourd’hui, une des préoccupations majeures de l’association. A l’occasion de la Marche des fiertés, la Gay pride parisienne, sa présidente, Geneviève Garrigos répond aux questions de JOL Press.

L’homophobie, la transphobie, ce sont des discriminations comme les autres pour Amnesty International ?

Geneviève Garrigos : De toutes les discriminations, surtout en Europe, les discriminations sexuelles ou de genre sont les plus criantes. Amnesty International a décidé de se battre activement et d’être présent dans les Marches des fiertés en France, mais aussi à travers l’Europe, car de telles discriminations n’ont pas lieu d’être.

Aujourd’hui, il y a une sorte de consensus sur le fait que l’on peut tolérer que quiconque soit discriminé en raison de ses origines ou de sa religion, mais les discriminations sexuelles et de genre restent, pour partie, tolérées.

Vous êtes tout particulièrement mobilisés sur l’Europe centrale et orientale, jusque dans l’ex-Union soviétique…

Geneviève Garrigos : Nous participons à de nombreuses marches. En Europe occidentale, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne, en France, si des revendications demeurent, les Gay pride sont l’occasion de grandes fêtes joyeuses et populaires. En Europe centrale, dans les Balkans, dans les pays baltes, en Ukraine ou en Russie, c’est très différent. Dans certains de ces pays – Ukraine et Russie -, les rassemblements sont tout simplement interdits ; dans d’autres pays, elles sont le théâtre de violences inimaginables. L’an dernier, j’étais à Budapest et Vilnius, j’ai constaté moi-même la tension qui y régnait.

Diriez-vous que, dans ces pays, la situation se dégrade ?

Geneviève Garrigos : Je dirais que cela participe d’une tendance plus globale qui voit les discours extrémistes progresser dans ces opinions publiques. On voit monter la xénophobie – contre les roms ou contre les musulmans -, on voit monter la haine contre tout ce qui est différent et qui ne correspondrait pas à une certaine norme auto-proclamée.

L’an dernier, en Croatie, à Split, il y a eu 44 morts à l’occasion de la Marche des fiertés. Là où je suis allée, j’ai vu des drapeaux nazis, des croix gammées qu’arboraient fièrement des contre-manifestants.

Et, hors d’Europe, constatez-vous des progrès ?

Geneviève Garrigos : La plupart des pays musulmans criminalisent l’homosexualité. Les actes sexuels entre personnes du même sexe sont passibles de peines de prison, voire de la peine de mort – on pense, évidemment, à l’Iran. Cela s’ajoute à l’ostracisation que connaissent, en particulier, les jeunes homosexuels.

Mais il n’y a pas que dans les pays musulmans que l’on constate de telles discriminations. La situation est très difficile dans les pays africains, en Ouganda ou au Cameroun, par exemple.

Amnesty international se bat en Egypte et en Tunisie pour obtenir des lois qui confèrent l’égalité, quels que soient l’identité sexuelle ou le genre. Il est impossible aux militants locaux de se battre pour l’homosexualité, ils prendraient trop de risques. Donc, le seul moyen qui leur reste pour travailler, c’est de combattre les discriminations en général ou de lutter contre le SIDA.

Observe-t-on des différences entre les homosexuels hommes et femmes, entre gays et lesbiennes ?

 Geneviève Garrigos : Dans de nombreux pays, les relations entre hommes sont interdites par la loi. Mais, dans ces sociétés, leurs législateurs, n’ont même pas imaginé que deux femmes puissent avoir des relations sexuelles, donc il n’en est pas fait mention dans les textes.

Nous savons que des pratiques intolérables, effroyables ont cours. Par exemple, il y a de nombreux cas de viols collectifs de femmes qui préfèrent les femmes, en Afrique du Sud, pour les réformer, les remettre dans le droit chemin.

Quels sont vos moyens d’action ?

Geneviève Garrigos : Concrètement, Amnesty International accorde aux personnes discriminées et arrêtées le statut de prisonnier d’opinion, celui des opposants politiques, des religieux, des journalistes. En conséquence, nous ne demandons pas qu’elles aient droit à un procès juste, nous exigeons leurs libérations immédiates et inconditionnelles.

Pour nous, cela entre dans la liberté d’opinion. Nous conduisons des actions de promotion et de soutien ainsi que des procédures d’urgence. Nous rencontrons les officiels dans ces pays et, en Europe occidentale, nous faisons pression sur les gouvernements pour qu’ils fassent pression à leur tour.  

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