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Gays et lesbiennes, victimes de l’homophobie en Europe

 

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« Les autorités croates et bulgares doivent prendre les mesures nécessaires pour lutter contre ces crimes et poursuivre leurs auteurs de façon systématique » précise Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France« Aucune personne ne devrait être victime de violence en raison de ses origines, de sa religion, de son orientation sexuelle ou de genre. C’est un des principes fondamentaux des droits humains.»

Dans ces deux pays, les personnes LGBTI courent le risque d’être agressées physiquement, uniquement en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre réelle ou supposée. En Ukraine, fin mai, la Marche des fiertés de Kiev a tout simplement été annulée. A l’est de l’Europe, sur le front de la lutte contre l’homophobie, rien de nouveau.

Des contre-manifestants à Split en Croatie

En 2011, à l’occasion de la première marche des Fiertés organisée dans la ville de Split en Croatie, plus de 3 500 contre-manifestants ont lancé des pierres, des bouteilles et d’autres projectiles contre les participants. La situation s’est améliorée depuis que les autorités ont cessé de fermer les yeux et ont renforcé leur législation contre l’homophobie.

Avant l’année 2011, les données officielles de la police ne faisaient état que d’un nombre réduit de crimes homophobes. Toutefois, pour l’année 2011, la police croate a recensé 45 crimes liés à l’orientation sexuelle, dont 44 ont été commis dans le cadre de la Split Pride, en juin 2011. Lors de cet événement, les participants ont subi des violences verbales et physiques de la part de contremanifestants, en raison de leur orientation sexuelle réelle ou supposée. 
Si les forces de l’ordre sont parvenues à éviter une confrontation physique directe entre les contremanifestants violents et les participants à la Marche des fiertés, elles ont failli à leur mission de mettre en place le dispositif nécessaire pour garantir la sécurité lors de la manifestation. Ces dernières années, la Croatie a amélioré la protection juridique contre les crimes homophobes et transphobes. Parmi ces avancées figure l’adoption d’un nouveau Code pénal, qui entrera en vigueur en 2013 et qui reconnaît la notion de crime de haine motivé par l’identité de genre et l’orientation sexuelle de la victime.

La police bulgare ferme les yeux

En Bulgarie, la police et le parquet, saisis de crimes commis contre les personnes LGBTI, rechignent à faire correctement leur travail en raison des comportements discriminatoires généralisés et profondément ancrés dans la société. Les auteurs sont rarement traduits en justice. La Bulgarie ne dispose pas de loi spécifique traitant les crimes de haine liés à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre. En raison de cette absence de législation, il est difficile de mener des enquêtes adéquates ou des poursuites appropriées. Mais ces difficultés s’expliquent aussi par l’omniprésence de comportements homophobes et transphobes parmi les membres de la police, les procureurs, les représentants des médias et du gouvernement.

« Ce qu’il faudrait vraiment, c’est que les enfants à l’école apprennent la différence et apprennent à l’accepter – qu’on leur dise que gay ou pas gay, ça ne change rien. » explique Hristina Stoïanova, mère d’un étudiant en médecine battu à mort en 2008 à Sofia en Bulgarie, en raison de son orientation sexuelle présumée.

La marche des fiertés annulée à Kiev en Ukraine

Le 20 mai dernier, la Gay Pride de Kiev a tout simplement été annulée inextremis. La police a prétendu qu’un groupe de 500 hooligans était en route, déterminés à en découdre.

 

Cette annulation intervient dans un contexte défavorable à la communauté LGBT au moment même où une proposition de loi ayant pour objectif de restreindre la diffusion des informations qui font la « promotion de l’homosexualité » ainsi que l’accès à ces informations est soutenue par une commission parlementaire au sein du Parlement ukrainien.

S’il est adopté par le Parlement, ce texte serait un vecteur de discrimination directe à l’égard des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres dans l’exercice de leur droit à la liberté d’expression.

Les crimes de haine sont une forme de discrimination

 

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) définit les crimes de haine comme « des infractions pénales, dont les atteintes aux personnes ou aux biens, dans lesquelles la victime, les lieux ou la cible de l’infraction sont choisis en raison de leur lien, rattachement, affiliation, soutien ou appartenance, réel ou présumé, à un groupe ». La violence perpétrée contre des personnes sur la base de leur ethnicité, de leur race, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de tout autre motif de discrimination interdit, que ces derniers soient réels ou supposés, constitue une forme de discrimination.
 
Amnesty International soutient les marches des Fiertés partout en Europe. L’organisation était présente à la Baltic Pride de Riga le 2 juin et dans plusieurs capitales d’Europe centrale et orientale.
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