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Jérôme Kerviel: responsable mais pas coupable ?

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Un procès qui s’annonce houleux

« Je ne suis pas responsable de cette perte » a déclaré l’ex trader, Jérôme Kerviel, lundi 4 juin, dès l’ouverture de son procès en appel. Accusé d’avoir fait perdre presque cinq milliards d’euros à la Société Générale, il avait été condamné, en 2010, à 5 ans de prison, dont trois ans ferme, et à une amende colossale de 4,9 milliards d’euros.
« Je considère que je ne suis pas responsable de cette perte et des faits qui me sont reprochés, j’ai toujours en accord avec les directives de ma hiérarchie », a indiqué l’homme de 35 ans, accompagné de son nouvel avocat, David Koubbi. Ce dernier a d’ailleurs annoncé qu’il démontrerait l’innocence de son client, et qu’il mettrait tout en œuvre pour démontrer que la banque était parfaitement au courant des actions de Jérôme Kerviel.[image:2,l]
Me Koubbi a alors lancé une série de procédures avant l’audience, incluant deux plaintes contre la Société générale pour faux et escroquerie au jugement et une procédure devant le Conseil supérieur de la magistrature contre le magistrat ayant présidé le premier procès. La banque a immédiatement répliqué en déposant également une plainte pour dénonciation calomnieuse. En définitive, la relance du procès s’annonce agitée

Jean Veil, l’avocat de la Société Générale s’est dit « surpris par le tapage médiatique qui enserre ce procès en appel, alors qu’il n’y a strictement aucun argument nouveau ».

Portrait d’un homme « tombé dans l’engrenage »

Mais de quoi Jérôme Kerviel se défend-t-il exactement ? D’imprudence, d’escroquerie, ou des deux ? Il lui est reproché d’avoir pris en 2007 et 2008, sans autorisation de sa hiérarchie, des positions spéculatives sur des marchés à risques. Jusque-là, rien de bien étonnant. En revanche, c’est la valeur hors norme des sommes en jeu, atteignant parfois des dizaines de milliards, qui lui valent cette condamnation. Détournant les contrôles par le biais de fausses opérations et de mensonges chroniques, Jérôme Kerviel admet « qu’il a perdu le sens des réalités, et s’est empêtré dans un engrenage ». Il était ainsi devenu « une victime du système pour lequel il œuvrait au quotidien ».

Mais l’ancien trader affirme haut et fort que son seul but était de faire gagner de l’argent à sa banque, et que sa hiérarchie « était au courant ». À la barre pourtant, ses supérieurs ont tous réfuté ces accusations, en ajoutant « que le monde du trading était régi par des règles et ne s’agit pas d’une jungle, comme certains l’assurent ». Des affirmations qui vont être difficiles à défendre, au vu d’autres affaires, ayant déjà souligné les nombreuses dérives de la finance mondiale. Concernant la somme mise en cause, Me David Koubbi a accusé la banque de rétention d’informations. La Société générale aurait récupéré, à l’aide d’un mécanisme fiscal, 1,7 milliard d’euros de 4,9 perdus.[image:3,l]

Jérôme Kerviel, l’arbre qui cache la forêt

Bien que l’affaire Jérôme Kerviel soit particulièrement médiatisée et symptomatique des dérives de l’univers de la finance, d’autres cas, impliquant également des traders français, apportent de l’eau aux moulins des anticapitalistes. Le 10 mai dernier, c’est le nom de Bruno Michel Iksil qui fait à nouveau trembler l’économie. Ce trader, travaillant à La City, et surnommé la « Baleine de Londres », en raison des transactions colossales qu’il réalise, a fait perdre deux milliards de dollars à son employeur, la banque JP Morgan. En « jouant » des sommes faramineuses sur des contrats d’assurance d’entreprises (les CDS Credit Default Swap), le trader avait mis en grand danger une des plus grande banque américaine.

Le premier « frenchy » à avoir défrayé la chronique est Fabrice Tourre.[image:4,l]
Centralien, titulaire d’une maîtrise en recherche opérationnelle de l’université de Stanford, recruté chez Goldman Sachs, à 22 ans, il a été l’un des plus grand pourvoyeur de « subprime » de l’entreprise. Tout en pariant sur la chute de l’immobilier, devenant ainsi un des symboles d’une « finance inhumaine ».

Un trio que le célèbre bloggeur #ZeroHedge, spécialisé dans l’économie, avait renommé « Les Trois Mousquetaires », en référence au roman d’Alexandre Dumas. Pas sûr que ces « aventuriers » là fassent encore rêver les banques…

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