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La vague Bleu Marine peut-elle faire chuter l’UMP ?

[image:1,l]Le message a été annoncé et martelé, il n’y aura aucune alliance entre l’UMP et le FN, ni au premier tour des élections législatives, ni au second, les 10 et 17 juin prochains, quitte à donner une large majorité au parti présidentiel au Parlement pendant les cinq prochaines années.

Le FN veut la mort de l’UMP

Dans une interview accordée à Valeurs ActuellesJean-François Copé, actuel chef de l’UMP déclarait : « Il n’y a pas d’alliance possible. […] Au-delà des désaccords de fond qui séparent, je pense, par exemple, à la question de l’Europe et à un certain nombre de valeurs, Marine Le Pen travaille à notre perte. »

La volonté de « nuire à l’UMP » a également été soulignée par Roselyne Bachelot qui, interrogée par les commentateurs Eric Naulleau et Eric Zemmour affirmait qu’elle appellerait à voter pour le Parti socialiste si un duel de la sorte se présentait au deuxième tour, déclarant « le FN veut nous détruire, alors que le PS veut nous vaincre. »

Alors que l’UMP se trouve dans la tourmente, animé par une querelle intestine qui ne se résoudra qu’en octobre prochain, à l’occasion de la convention qui devra déterminer lequel des « seniors » reprendra la tête du parti, le FN, fort d’un élan à 17,9% semble plus que jamais décidé à porter le coup de grâce à l’ancienne majorité présidentielle.

Vers une entrée à l’Assemblée ?

Le « Rassemblement Bleu Marine » serait-il vraiment aux portes de l’Assemblée Nationale ? Il n’est pas interdit de le croire. Le FN veut-il vraiment l’explosion de l’UMP ? Sans doute pas il y a encore quelques semaines, mais Marine Le Pen, qui, à la différence de son père, a des ambitions qui dépassent les fondements du Front National, fera sans doute payer très cher à l’UMP le prix du vol de discours et ces quelques bâtons dans les roues qui viennent ennuyer les candidats d’extrême-droite dans les circonscriptions où ils ont de bonnes chances de gagner.

Car pour la première fois depuis de nombreuses années, le FN pourrait parvenir à surmonter l’embûche du mode de scrutin à la majoritaire qui le handicape depuis de nombreuses élections et  qui l’empêche d’accéder à la reconnaissance ultime de l’État en briguant un, deux voire trois sièges à l’Assemblée.

Aujourd’hui, le Front National compte bien s’installer au Palais Bourbon et s’il pouvait infliger une bonne correction à l’UMP au passage, il ne s’en priverait pas.

Le système est ainsi fait :  sans alliances, l’UMP empiète nécessairement sur les terres du FN et vice versa. Et certaines sont plus propices à l’avènement de nouvelles têtes dans le collège des députés.

Quelques circonscriptions sensibles à la vague Bleu Marine

Parmi ces circonscriptions qui pourraient basculer à l’extrême-droite, cinq attirent particulièrement l’attention, sur une quinzaine, dans lesquelles les candidats FN ont leurs chances.

Marine Le Pen, en chef de file, se présente face à son adversaire principal, Jean-Luc Mélenchon, dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, dans laquelle elle a réalisé un score de 31,42% à la présidentielleFlorian Philippot, porte-parole de Marine Le Pen, dans la 6ème circonscription de Moselle (29,78% lors de la présidentielle) est lui aussi bien placé. L’avocat Gilbert Collard est présenté dans la deuxième circonscription du Gard, seul département où le FN est arrivé en tête lors de la présidentielleMarion Maréchal-Le Pen, sœur de la présidente du parti, se présente dans la 3ème circonscription du Vaucluse. Finalement, Paul-Marie Coûteaux, l’électron libre, néanmoins candidat du Rassemblement Bleu Marine, tentera sa chance dans la 2ème circonscription de Haute-Marne : l’outsider dispose également d’une chance de reporter le scrutin dans cette région peu acquise au PS.

Alors que l’UMP essaie par tous les moyens de sauver les derniers meubles qui pourraient être sauvés, assurant que tout n’est pas joué et que la majorité présidentielle n’aura pas lieu, le FN semble en bonne position pour l’empêcher de remporter ce lot de consolation.

L’UMP joue son existence pendant cinq ans, le FN joue sa survie

Comme pour adresser un message désespéré à un électorat en fuite, Jean-François Copé, dans l’hebdomadaire Valeurs Actuelles demandait « solennellement » aux Français de « voter pour les candidats de l’UMP dès le premier tour. »

Il faut dire que, si l’UMP joue son existence sur la scène politique pendant cinq ans, le Front National, lui, joue tout simplement sa survie. Le vieux Front s’est trouvé une nouvelle jeunesse grâce à la vague Bleu Marine. Un seul candidat à l’Assemblée et le FN nouveau serait définitivement consacré. Pour la première fois depuis de nombreuses années, un parti qui représente tout de même près de 20% de l’électorat français entrerait sur la scène politique nationale. Marine Le Pen est à quelques mètres de la victoire. C’est pourquoi, elle n’hésitera pas  à tout  écraser sur son passage, tant pis, voire tant mieux, s’il y a des dommages collatéraux à l’UMP. Elle pose ses jalons d’un ancrage politique dans le paysage français, dans lequel elle a bien l’intention d’exister envers et contre tous.

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