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Le Front de gauche en perte de vitesse ?

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2012 : le retour du communisme français ?

195 000. C’est le nombre impressionnant de sympathisants que Jean-Luc Mélenchon avait rassemblé le dimanche 18 mars pour « reprendre la Bastille ». C’est  45 000 de plus que n’en n’avaient rassemblé Nicolas Sarkozy à Villepinte et François Hollande au Bourget. Un mouvement s’était construit autour du candidat communiste et les médias titraient sur le retour du communisme français. Pourtant, le 22 avril 2012, au premier tour de l’élection présidentielle française, c’est une vague bleu Marine qui a déferlé sur la scène électorale, noyant le « printemps des peuples ». Un peu plus d’un mois après, à trois jours du premier tour des élections législatives, le Parti socialiste (PS) a oublié son allié du second tour pour se concentrer sur la construction de sa majorité aux législatives.

L’espoir d’une Alliance avec le Parti socialiste

Un accord entre le Front de Gauche et le Parti socialiste semblait être une évidence à gauche comme à l’extrême-gauche. Mercredi 16 mai, le secrétaire national du Parti de Gauche (PG), Eric Coquerel, était allé jusqu’à écrire dans un communiqué que « tout échec serait incompréhensible », position que semblait partager le PS : Stéphane Le Foll, aujourd’hui ministre de l’Agriculture, avait alors affirmé « on aura un accord au niveau des législatives ». Mais l’accord en question ne s’est jamais concrétisé. Le 18 mai, Lydie Benoît, responsable élection du PCF annonce qu’ « aucun accord national n’a été trouvé » avec le PS et Europe Écologie-Les Verts (EELV) pour les législatives. Un résultat dont Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, a rejeté la responsabilité sur le Front de Gauche : « une responsabilité qui dépend d’eux, que nous respectons, que nous regrettons ».

L’impossible accord

L’écho à la gauche de la gauche n’est pas le même. Eric Coquerel parle de « diktat », affirmant que le Parti socialiste en demandait trop et que pour compenser les dissidences socialistes contre ses candidats, EELV aurait essayé de favoriser les retrait de candidatures FDG. Dans les faits, le PCF avait proposé des négociations sur 29 circonscriptions. Neuf d’entre elles seraient allées au Front de Gauche (PCF, PG, Gauche Unitaire), huit à EELV, onze au PS et une au Parti Radical de Gauche (PRG). Cette proposition s’est révélée insuffisante pour le PS qui souhaitait négocier sur un minimum de 55 circonscriptions – rappelons que ces négociations ne portaient que sur les circonscriptions où une élimination du Parti socialiste était possible dès le premier tour de l’élection présidentielle sans un accord avec les autres forces de gauche – proposition qui, pour Eric Coquerel, s’axe dans la « volonté d’être seul majoritaire à l’Assemblée nationale avant tout autre considérant ». Cette accusation semble se vérifier dans la bouche du secrétaire national aux élections du PS, Christophe Borgel qui affirme que le PS « n’envisage pas » d’avoir à composer avec le Front de Gauche.

Le Front de Gauche résiste à la vague rose

Malgré cette absence d’accord, le Front de Gauche a pris la décision de se retirer unilatéralement de la course à la 1ère circonscription de l’Aube et à la 7ème de Moselle, où la possibilité d’une victoire du Front National est importante. Choix qu’Eric Coquerel dit motivé par le désir de servir « l’intérêt général ». Le parti présentera donc ce dimanche 10 juin des candidats dans un total de 543 circonscriptions, ce qui, au vu du sondage TNS Sofres / Sofra Group, réalisé pour le Nouvel Observateur les 1er et 2 juin 2012, permettrait au Front de Gauche de pourvoir entre 13 et 18 sièges à l’Assemblée Nationale, soit un score de 7% au premier tour des élections législatives. Score honorable mais qui ne représente pas une augmentation par rapport aux législatives de 2007, si l’on comptabilise la totalité des sièges dont disposent aujourd’hui les forces de gauche, hors PS, à l’Assemblée.

Dans l’attente de la réalité du scrutin

Ce résultat aurait pu être plus important pour le Front de Gauche. Estimé à 11% au lendemain du second tour, la montée lente mais constante du PS (32% le 2 juin contre seulement 29% le 26 mai) a progressivement pris le pas sur le Front de Gauche. Si l’année 2012 ne marquera probablement pas une montée de l’extrême-gauche à l’Assemblée, elle ne signera pas non plus sa fin, mais peut-être, son isolement. L’évolution majeure par rapport à 2007, reste la progression du Front National par rapport à l’UMP.

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