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Les abstentionnistes, acteurs du jeu politique

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Une progression constante de l’abstention en France

1965. Première élection présidentielle de la Ve République: une abstention à 15 % (1er tour). 2012. Dixième élection présidentielle : une abstention à 20,52 % (1er tour). Un tableau noir. Celui de ce que certains ont appellé « la République abstentionniste ». Si l’abstention a gangréné la vie civique française et que le désintérêt des français pour les élections s’est de plus en plus marqué, il semble que nous ayons aujourd’hui atteint un plateau de stabilité.

20% d’abstention, plateau de stabilité

L’augmentation du taux d’abstentionnisme lors des élections qu’elles soient locales ou nationales, a été constante de 1965 à 2002. Cependant, depuis 2002 un plateau de stabilité semble avoir été atteint. Avec une marge de plus ou moins 3 %, la participation aux élections législatives s’est stabilisée à 60 % et celles à l’élection présidentielle à 80%.

Un chiffre sous-estimé

Comment interpréter ces chiffres ? Ces chiffres ne se basent que sur les citoyens inscrits sur les listes électorales, par conséquent le chiffre de l’abstentionnisme est sous-estimé. On estime que si l’on additionne aux abstentionnistes les non-inscrits, le taux de participation aux dernières élections présidentielles ne serait en réalité que de 60 % de la population française potentiellement en âge de voter. 

Les législatives ont toujours moins passionné

Les élections législatives, et plus généralement les élections locales, rassemblent moins que les élections présidentielles. C’est un fait avéré et qui a été analysé maintes fois. Moins l’enjeu apparaît important aux yeux du citoyen, plus la participation est faible.

Le phénomène de l’abstentionnisme est-il franco-français ?

C’est la vraie question à se poser. La montée de l’abstentionnisme est-il un phénomène propre à la France ? A l’Europe ? En Allemagne, en septembre 2009, la participation aux élections législatives allemandes – déterminant la composition du Bundestag, qui lui-même élit le chancelier – n’était que de 70 %. Au Royaume-Uni, le taux de participation aux législatives s’est stabilisé autour de 60-70 %. L’Espagne, le Portugal et l’Italie ne font guère mieux et même s’ils le sont moins. Les pays scandinaves sont également touchés, avec une perte de 10 points de participation lors des élections présidentielles et législatives de ces deux dernières décennies. Notons également que bien avant que le phénomène ne touche l’Europe, il était présent aux Etats-Unis à des niveaux comparables à ceux que nous connaissons aujourd’hui en France.

L’abstentionnisme a un impact direct sur le paysage politique

Selon les études de l’INSEE, réalisées à partir du croisement des listes d’émargement et des données du recensement, il y aurait 15 points de différence de participation entre les plus et les moins diplômés. Par conséquent les non ou peu diplômés constitueraient la majeure partie des abstentionnistes. Or, cette catégorie de la population à tendance à voter à gauche ou aux extrêmes. Ainsi, lors du premier tour de l’élection présidentielle 2012, Marine Le Pen aurait réalisé un meilleur score auprès des ouvriers (29 % selon IPSOS) et François Hollande le meilleur résultat auprès des non-diplômés (39 %, toujours selon IPSOS).

Le vote obligatoire profiterait globalement à la gauche

La mise en place du vote obligatoire a fait ces preuves dans la lutte contre l’abstention : on peut prendre notamment l’exemple de l’Australie où le taux de participation aux scrutins est aujourd’hui de 95%. Une mesure similaire appliquée en France limiterait donc probablement la proportion d’absents aux urnes. Comme cette population voterait en priorité à gauche et à l’Extrême- droite, l’instauration d’une telle mesure pourrait favoriser une recomposition du paysage politique en faveur de l’Extrême-droite et surtout de la gauche. Théoriquement, on pourrait dire qu’aujourd’hui, c’est l’abstentionnisme qui donne sa configuration actuelle au paysage politique. Toute la question est de savoir à partir de quel moment la classe politique en place se trouve dé-légitimée du fait de sa faible représentativité.

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