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Les banques au service d’une nouvelle Afrique

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Les populations africaines des zones rurales présentent peu de potentiel pour les banques

Eloignement, coûts importants et faibles revenus. Ce ne sont là que quelques un des obstacles qui se dressaient entre les habitant de l’afriques subsaharienne et l’accès aux services bancaires. Jusqu’à récemment, les banques ne voulaient pas étendre leurs services aux populations pauvres des zones rurales de l’Afrique car elles n’y voyaient que peu de potentiel. A la place, elles préféraient se concentrer sur des clients plus aisés, dont les transactions sont plus importantes, et qui présentent davantage d’opportunités pour elles.

Les organismes financiers changent de modèle économique

« Les modèles actuels se sont concentrés sur le service aux clients riches et donc aux transactions financières importantes. Ce sont des systèmes qui misent beaucoup sur la qualité des infrastructures et de la relation client » explique Benedikt Wahler, un manager à Roland Berger Strategy Consultants GmbH au Nigeria. « Ces deux choix ont contribué à augmenter le coûts des transactions de sorte qu’elles sont devenues inaccessibles aux faibles revenus », mais, aujourd’hui, un potentiel de plusieurs milliards de dollards de dépôt se situe chez des personnes gagnant moins de 10 $ par jour. Et de nombreux organismes financiers ont reconsidéré leur modèle économique. Leur objectif est désormais d’attirer les 95 % des 498 millions d’adultes vivant en Afrique Subsaharienne et qui gagnent moins de 10 $ par jour. Potentiellement cela représente 59 milliards de dollars en dépôt, d’après les chiffres dont dispose Roland Berger.

Concilier le profit et l’humanitaire ?

Les grandes banques collaborent désormais de plus en plus avec les organisations non gouvernementales pour cibler les plus nécessiteux. La banque Barclays en est un exemple. Celles-ci travaillent en partenariat avec les organisations caritatives CARE International UK et Plan UK dans le but de fournir des installations financières aux subsahariens, n’ayant pas encore accès aux services bancaires, avec l’aide de Banking on Change – qui permet l’implantation d’associations de village d’épargne et de crédit (Village Savings and Loans Associations : VSLA) et promeut l’épargne des plus pauvres.

Seule une population instruite achète les produits financiers

Ces associations caritatives ont pour objectif de pousser les communautés rurales à économiser tout en béneficiant de crédits à faible taux d’intérêt. D’autres organisations comme la Fondation des Caisses d’Epargnes pour une Coopération Internationale (CECI), apprend aux plus pauvres comment gérer et faire fructifier au mieux leurs économies tout en réduisant leurs risques financiers au minimum. Cependant, les experts le soulignent : il est aussi important de fournir des structures d’épargne aux populations que d’accroitre leur taux d’instruction – sans instruire les populations il ne sera pas possible pour eux de comprendre et de profiter pleinement des services qu’on leur propose. Du moins, c’est la thèse que défend Sandra Sequeira, une conférencière en développement économique à la London School of Economics. Un point de vue que défend également Moses Ochieng, représentante pour l’Afrique de l’est et du sud pour la CGAP, un institut indépendant de politique et de recherche : « Le faible niveau d’alphabétisation, et plus généralement d’instruction, font paraître les services proposés par les banques compliqués ». 

Les technologies mobiles ont changé la donne

Mais l’un des plus grands défis reste géographique. Dans les régions les plus éloignées des villes, les populations doivent marcher pendant des heures pour se rendre à la banque la plus proche. Un problème qui trouve son origine dans le coût élevé de construction des banques dans les communautés rurales. Ces dernières années, l’évolution des technologies de communication a donné aux banques un moyen efficace pour passer outre cet obstacle. C’est grâce à cette évolution que certains fournisseurs peuvent, aujourd’hui, proposer à leurs clients de réaliser des transferts bancaires, bien sûr, mais aussi de payer leurs factures et leurs courses via leur téléphone mobile. Ce modèle s’est répandu très rapidement si bien qu’aujourd’hui, selon les chiffres de la Banque Mondiale, ce modèle bancaire représenterait 16 % du marché. Pour Sandra Sequeira : « C’est une technologie que théoriquement n’importe quel habitant du pays devrait pouvoir utiliser grâce à l’incroyable qualité de la couverture réseau dans la plupart des états de l’Afrique subsaharienne », mais à l’heure actuelle il reste encore beaucoup à faire pour que la totalité des populations ait accès aux services bancaires.

Les banques s’adaptent au marché africain…

Des banques telles que l’Equity Bank au Kenya ont ouvert la voie en développant de nouvelles méthodes afin d’offrir aux jeunes des comptes d’épargnes à l’école ou encore en mettant au point un projet de banque mobile, permettant, grâce à des jeeps adaptées en conséquence, de proposer des services bancaires même dans les villages trop petits pour justifier l’implantation d’une succursale. Grâce à ces techniques, cette banque est aujourd’hui la première en Afrique de l’est, avec 50 % de l’ensemble des comptes bancaires au Kenya et plus de 4,9 millions de clients. Aujourd’hui, elle travaille à s’étendre en Ouganda, au Sud Soudan et au Rwanda en mandatant des commerces pour proposer les services de l’Equity Bank. Les analystes le soulignent : c’est cet accès généralisé aux services bancaires qui permettra le développement des économies africaines.

…et lui permettent de se développer

« Si vous pouvez offrir les services bancaires aux zones les plus pauvres vous financiarisez ces localités et induisez le développement de celles-ci, » insiste William Shaw, un spécialiste des marchés émergents du think-thank Carnegie Endowment for International Peace de Washington. Pour lui, c’est une évidence : « Les banques jouent réellement un rôle vital dans le développement des économies. Elles ont une fonction d’intermédiaire indispensable et leur expertise leur permet de financer des projets de façon efficace […] elles savent donner confiance aux populations. Les gens savent qu’ils peuvent placer y placer leur argent et le récupérer quand ils le souhaitent ».

GlobalPost / Adaptation Stéphan Harraudeau pour JOL Press

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