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Les Bleus vont devoir se reprendre

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Une humiliation

Les Bleus ont été humiliés (0-2) par la Suède, pourtant éliminée de la compétition au coup d’envoi. Les hommes de Laurent Blanc ont reçu une leçon de combativité, de détermination et de force mentale. Alors qu’ils devaient absolument décrocher la première place sous peine de jouer  contre l’Espagne au prochain tour, ils ont été écrasés physiquement et mentalement par une sélection qui n’avait plus rien à jouer. Une gifle.

Les Suédois n’étaient pourtant pas dans un grand soir. Techniquement peu au point, ils n’ont pas affiché un niveau de jeu qui aurait justifié un tel score. Seul Ibrahimovic, auteur d’un but absolument splendide sur un « ciseau », a marché sur l’eau. Le grand attaquant a mis au supplice les Français, tant sur le plan offensif que défensif. Le reste de l’équipe, elle, a affiché une combativité et un état d’esprit remarquables, exemplaire pour une équipe éliminée. Des guerriers opposés à des enfants, c’est à cette confrontation que l’on a assisté hier soir.

Un gardien d’exception, une défense pas au niveau

Sans un grand Hugo Lloris, auteur de deux parades fantastiques, dont l’une qui est probablement la plus impressionnante de cet Euro, la France aurait sans doute pris une belle valise. Le gardien lyonnais a parfaitement assumé son rôle de capitaine, dans des circonstances très difficiles et alors que son équipe était complètement dépassée. Un point incontestablement positif.

Défensivement, la chance qui avait compensé la fragilité de notre charnière centrale n’aura cette fois pas pointé le bout de son nez. Adil Rami et surtout Philippe Mexès ont payé le prix de leur fébrilité, et le score cette fois ne permet pas de faire l’autruche. Imprécis dans ses relances, affichant une lenteur inquiétante et une agressivité digne d’un chiot endormi, le Ché a été en dessous de tout.

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Mais pire, Philippe Mexès a réussi à surpasser son coéquipier dans la médiocrité, ajoutant à toutes les qualités évoquées plus haut une série de bourdes dont il est désormais coutumier. Son plus haut fait du match aura été de prendre un carton jaune qui le suspend pour les quarts de finale, ce qui obligera, enfin, le sélectionneur à aligner Laurent Koscielny. Il pourra difficilement faire moins bien.

A droite, Mathieu Debuchy a tenté de faire son match. Multipliant les montées, il a adressé une série de bons centres dans la surface qui s’adressaient probablement à Olivier Giroud. Dommage, c’est Karim Benzema qui était sur le terrain. Enfin, surtout à 40 mètres du but suédois, ce qui est étrange de la part d’un attaquant. Défensivement, il a commis bien trop de fautes, souvent inutiles à souhait, pour que l’on considère son match comme bon.

A gauche, Patrice Evra s’était déguisé en Gaël Clichy. Si la tentative est louable, le faux Gaël Clichy s’est bien trop souvent fait prendre dans son dos par les attaquants adverses pour duper qui que ce soit. Cela, ou alors le latéral gauche de Manchester City a retrouvé le niveau qui était le sien il y a un peu moins de deux ans. Celui qu’il affichait lorsqu’il a perdu sa place en Bleu.

Le milieu pas au point

La paire de milieux défensifs/relayeurs a elle aussi été prise à défaut. Yohan Cabaye, laissé au repos, a terriblement manqué. Sur ce match, on voit bien qu’il est le véritable centre névralgique de l’équipe. Son engagement et sa combativité auraient pu changer bien des choses. Quand il n’est pas là, rien ne va, et c’est en ce sens qu’il est un joueur clé pour les Bleus.

Le milieu de Newcastle a en tous cas dix à quinze Yann M’Vila dans chaque pied. Le Rennais, insignifiant au possible, a tout raté. Passes approximatives, relances en touche, marquage inexistant ont été les maîtres mots de sa prestation. Fantomatique. A son crédit, on peut uniquement évoquer ses quelques tentatives de jouer en première intention.

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Alou Diarra, lui, a livré un match très quelconque. Pas à l’aise dans son jeu de passes, le milieu défensif n’a pas réussi à contenir les Suédois comme il l’avait si bien fait avec les Anglais et les Ukrainiens. Il s’est sans doute demandé tout le match pourquoi Laurent Blanc l’avait aligné seul au milieu de terrain, avant de remarquer la présence de Yann M’Vila à la 83ème minute, lorsque celui-ci était remplacé. Lui aussi doit attendre avec impatience le retour de Yohan Cabaye. Notons, toutefois, quelques bonnes interventions sur Ibrahimovic.

Une animation offensive inexistante

Sur l’aile gauche, Franck Ribéry a beaucoup tenté et a affiché un bon état d’esprit. Malheureusement, son entente avec Karim Benzema n’a pas aussi bien fonctionné que d’habitude, et l’absence totale de combativité de ses coéquipiers a rendu vaines ses tentatives de dynamiter le jeu. Une prestation toutefois largement supérieure à celle de ses coéquipiers à vocation offensive.

Et surtout à celle de Samir Nasri, aligné dans l’axe. Jamais bon, oscillant depuis le début du tournoi entre le médiocre et le quelconque, le « Petit prince de Marseille » a réussi à repousser ses limites, dans le mauvais sens du terme. Nonchalant, lent (quand il ne marchait pas), il n’a jamais lâché son ballon avant d’avoir effectué au moins 28 touches de balles, avec comme conséquence évidente de ralentir un jeu déjà pas flamboyant. Et quand il se décidait à faire une passe, il la ratait, souvent piteusement d’ailleurs. A cela, il faut enfin ajouter un repli défensif effectué avec la vigueur et la détermination d’un poulpe en fin de vie. Il est temps d’envisager quelqu’un d’autre à son poste.

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Hatem ben Arfa n’a pas brillé lui non plus. Titularisé sur l’aile droite, il a décidé de se livrer à une imitation fort convaincante de Samir Nasri à ce poste, se consacrant dès lors à repiquer au centre dès que possible en abandonnant son côté à un Mathieu Debuchy bien seul. Aucune tentative de déboulé sur son aile à mettre à son actif. Finalement, il s’est contenté de s’essayer à la frappe de loin, avec peu de réussite. Même si Jérémy Ménez n’a jamais été transcendant à ce poste, il reste bien plus convaincant.

Enfin Karim Benzema avait encore une fois décidé de jouer milieu offensif en lieu et place d’avant-centre. Quand il fait deux passes décisives et qu’il apporte au jeu, pourquoi pas, mais lorsqu’il rate tout ce qu’il entreprend sans jamais mettre la défense adverse en difficulté, ce n’est pas acceptable.

Un coaching perdant

Au-delà du niveau de jeu affiché par l’équipe, on peut surtout s’interroger sur le coaching de Laurent Blanc. Pourquoi avoir attendu la 83ème minute pour faire rentrer Olivier Giroud sur le terrain, alors que Karim Benzema ne pesait pas du tout sur les défenseurs ? Pourquoi avoir fait rentrer Florent Malouda, pourtant pas un dynamiteur, alors que Matthieu Valbuena ou encore Jérémy Ménez, rentré trop tard, avaient plus le profil pour mettre à mal l’arrière-garde suédoise ?

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On sait que le sélectionneur des Bleus n’est pas un grand amateur des remplacements précoces, mais quand l’équipe tourne de manière aussi peu efficace et qu’elle est menée, il est difficile de concevoir qu’un remplacement puisse faire encore plus de mal. Comment Samir Nasri peut-il jouer jusqu’à la 77ème minute en affichant ce niveau ? Dans un grand club, une telle prestation l’aurait sans doute condamné à faire banquette pour quelques matches.

Face à l’Espagne, il faudra que le sélectionneur prenne ses responsabilités, avant et pendant le match, sous peine de voir les Bleus servir de défouloir à des joueurs qui, même dans leurs mauvais jours, sont à mille lieux de ce qu’ont montré les Bleus ce soir-là.

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