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Les démocrates conservent l’Arizona: jusqu’à quand?

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Un climat électrique

L’élection s’est déroulée dans une ambiance extrêmement tendue. Elle visait à désigner un remplaçant à la démocrate Gabrielle Giffords, blessée par balle, et c’est finalement son successeur Ron Barber pour représenter l’état de l’Arizona. Il n’est pas novice, car il a été le collaborateur de Giffords au cours de ses cinq années au Congrès. IPour remporter cette élection, il a devancé le républicain Jesse Kelly, à 52% contre 46%. Ce dernier avait déjà perdu de justesse en 2010.

Malgré la douceur qui émane de Ron Barber, sa campagne a été particulièrement agressive. Le comité de campagne démocrate du Congrès a attaqué Jesse Kelly pour des déclarations qu’il avait tenus en 2010, dans lesquelles il qualifiait Gabrielle Giffords « d’inutile » en la faisant passer pour une « socialiste radicale ».

Tout ceci, bien sûr, c’était avant que Gabrielle Giffords ne reçoive une balle dans la tête lors d’une fusillade à Tucson en janvier 2011. Le femme, après avoir été mise dans un coma artificiel, a survécu, mais s’est retiré de la vie politique pour se consacrer à sa convalescence. Elle a cependant fait plusieurs apparitions durant la campagne de Ron Barber et était présente lors de son investiture mardi 12 juin.

Une guerre de partis

Le parti républicain a d’ailleurs publié à contrecœur une déclaration après la victoire des démocrates : « Les résultats de ce soir dans le sud de l’Arizona prouvent que certaines victoires politiques se jouent plus sur les émotions que sur un véritable leadership et des idées, » indiquait le communiqué. Moyennement fair-play.

Les propositions et l’attitude de Jesse Kelly n’ont pas convaincu : son style belliqueux, ses fréquents appels à la privatisation de la sécurité sociale et à l’élimination progressive de l’assurance-maladie n’ont pas convaincu des électeurs inquiets.[image:2,l]
Bien qu’il ait quelque peu adouci sa rhétorique cette fois-ci, les habitants de l’Arizona ont en mémoire les propos passés de Jesse Kelly, qui avait défini la sécurité sociale comme « la plus grande pyramide de Ponzi de l’histoire ». Ses photos de campagne de 2010 le mettaient en scène en tenue de camouflage, muni d’un fusil d’assaut militaire. On comprend donc que le candidat républicain essaye de faire oublier ces quelques excès. Les démocrates ont bien l’intention de l’ancrer dans l’esprit des électeurs.

Le 8ème district du congrès comprend des morceaux de plusieurs comtés du sud-ouest de l’Arizona, y compris une grande majorité de la ville de Tucson, la deuxième plus grande ville de l’état après Phoenix.

« C’est vrai que Jesse [Kelly] raconte des choses étranges, » avoue un des résidents de Tucson, un ancien policier à la retraite. « Mais je vote pour lui de toute façon ».

Ron Barber, signe d’une victoire démocrate à la présidentielle?

Ron Barber a également été touché lors de la fusillade, qui s’est déroulée dans un centre commercial et qui a fait six morts et douze blessés. Le tireur présumé, Jared Lee Loughner, est toujours en attente d’être jugé. Les experts tentent d’évaluer sa santé mentale avant le procès. La victoire de Ron Barber est un signe encourageant pour le parti démocrate, qui tente de reprendre le contrôle de la Chambre des représentants depuis les élections de mi-mandat en 2010, largement remportées par les républicains. Des rivalités partisanes ont depuis paralysé le gouvernement.[image:3,l]

Les démocrates espèrent que Ron Barber sera en mesure de conserver son siège lors des élections générales de novembre. Il se trouvera, de nouveau, opposé Jesse Kelly.
Certains seront tentés de voir dans les résultats de mardi un signe que l’Arizona, un « swing state »  – qui n’est jamais clairement républicain ou démocrate – puisse pencher vers le candidat républicain à la présidentielle, Mitt Romney. Mais il semble trop tôt pour pouvoir tirer de telles conclusions.

L’Arizona, un état profondément divisé

L’Arizona est, de plus, un état farouchement attaché à son indépendance, qui aime défier Washington quand il en a l’occasion.

C’est ainsi l’état qui a tenté d’interdire le Martin Luther King Day, alors que le gouvernement fédéral l’avait instauré à l’échelle nationale en 1983. L’Arizona a d’ailleurs fermement refusé de célébrer ce jour jusqu’en 1992, avant que la pression publique ne devienne trop forte. Les touristes avaient, à l’époque, organisé un boycott de l’état. En 1993, le Super Bowl XXVII avait été déplacé au Rose Bowl de Pasadena, en Californie, au lieu du stade de Tempa en Arizona, pour protester contre la position de l’état.

« On fait les choses comme ça ici, » explique Connie Thomason, un agent de change à la retraite, résidant à Tucson. « On montre clairement qu’on n’aime pas être bousculé ». Sans parler de la très controversée loi d’immigration, qui a suscité un nouveau boycott anti-Arizona.[image:4,l]

L’Etat est en effet profondément divisé. D’un côté, les républicains ardents qui protestent contre les politiques démocrates, qui d’après eux ruinent l’économie. De l’autre, les libéraux de gauche qui pestent contre leurs positions sur les questions sociales et la politique économique républicaine, qui récompense le riche au détriment de la classe moyenne et risque d’envoyer le pays dans une profonde dépression.

« L’Arizona est très polarisée, » ajoute Thomason, qui a tendance à voter républicain « Il n’y a que très peu de voix au centre de tout ça »

C’était visiblement le cas lors des élections de mardi. Les débats étaient passionnés des deux côtés. Au final, les démocrates ont gagné. Mais pour combien de temps ?

Global Post – Adaptation Henri Lahera pour JOL Press

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