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Les trois défis de la politique économique américaine

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Lorsque l’économie devient politique 

L’économie est un jeu plein de surprises. La politique aussi.

Mais, comme il a été rappelé au Président Barack Obama ces dernières semaines, les deux sont inextricablement liés. Et au moment présent, pour la Maison Blanche, ces deux domaines sont bel et bien engagés sur une pente descendante.

Face à la dure réalité économique, Mitt Romney, naturellement, a sauté sur l’occasion pour critiquer son adversaire, le président-candidat Barack Obama. Dans un discours jeudi dernier (7 juin), qu’il avait sans doute rêvé de prononcer depuis longtemps, le candidat républicain a dit de Barack Obama qu’il « ne comprenait tout simplement pas » l’économie de marché.

Puis, Mitt Romney s’est engagé dans une critique plus agressive : « Ce n’est pas seulement l’échec d’une politique. C’est l’échec moral de mesures dramatiques. Notre gouvernement actuel n’a aucun engagement moral à aider chaque citoyen américain à s’aider lui-même, et aujourd’hui, cet engagement fondamental a définitivement été brisé. »

Le Président Obama a rétorqué sur le même ton vendredi dernier (le 8 juin) à une Conférence de presse organisée dans l’empressement, mettant en avant l’erreur du Congrès, qui n’a pas accepté ses propositions pour augmenter l’emploi :« Pour le moment, les gens dans cette ville [Washington, DC] devraient se concentrer à faire tout ce qu’ils peuvent pour que notre croissance se poursuive. Il est urgent que nous prenions des mesures pour renforcer l’économie américaine. »

Le Président Obama a aussi dit que le secteur privé qui embauche aux États-Unis « va bien » et évolue à un « rythme soutenu, » en comparaison de l’emploi dans le secteur public qui est en chute libre. Le commentaire a été reçu avec indignation auprès de ses détracteurs républicains.

Le lien entre l’économie et la politique est évidemment fort au moment de chaque élection. Souvenez-vous du slogan rassembleur « C’est l’économie, imbécile » qui a permis à Bill Clinton d’accéder à la Maison Blanche, il y a deux décennies.

Mais c’est encore plus éloquent avec les méandres de l’économie des États-Unis, et de la plupart du reste du monde, qui n’a pas si bonne allure. Comme nous avons tous les yeux rivés sur les élections de novembre prochain, voici les trois plus grandes choses à se remémorer – à la fois pour l’économie et pour le mandat présidentiel à venir.

Les trois enjeux économiques de l’élection 

1. L’état de l’emploi américain

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C’est presque un cliché que de dire que la force ou la faiblesse du marché du travail est l’indicateur économique le plus important aux États-Unis. Mais il se trouve que c’est vrai.

C’est parce que, dans l’économie américaine, la consommation représente environ les deux tiers de l’activité économique. Cela signifie que, afin de redresser l’économie, les gens doivent consommer. Mais ils ne consomment pas s’ils n’ont pas d’argent. Et ils n’ont pas d’argent s’ils n’ont pas d’emploi.

Et en ce moment l’état de l’emploi n’est pas réjouissant. L’économie américaine n’a produit que 69 000 emplois en mai, un score incroyablement faible, couplé à un taux de chômage particulièrement élevé, atteignant les 8,2%.

Mais le problème de l’emploi est d’autant plus important qu’il arrive après la crise économique mondiale qui a débuté en 2008. C’est la raison pour laquelle la crise a débouché sur un énorme problème structurel pour les plus grandes économies du monde.

Cette fois-ci, l’obstacle le plus grand à une relance économique durable a été la dette. Les consommateurs ont accumulé d’énormes montants de dettes – à cause d’années d’hypothèques, de factures de cartes de crédit et d’autres obligations financières.

Donc au lieu d’acheter des objets qui relanceront la croissance, beaucoup de consommateurs sont aujourd’hui – inévitablement – en train de rembourser leurs propres dettes, de les restructurer, ou alors – encore pire – de ne pas y parvenir.

Comme le rédacteur-en-chef de Business Insider, Henry Blodget, l’explique intelligemment, cette réduction de la dette va prendre du temps. Il ne peut pas y avoir de raccourci dans ce procédé, et on ne peut tout de même pas rembourser une dette en empruntant plus d’argent.

Bref, ce sont des mauvaises nouvelles pour le marché de l’emploi américain. L’attitude prudente et économe des consommateurs nuit au secteur privé, ce qui signifie que les entreprises ont moins d’argent, et moins de confiance, pour embaucher de nouveaux employés. Cela signifie aussi que la relance économique risque d’être très longue, lente et douloureuse pour les États-Unis.

2. La crise de l’Europe

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La dette de l’Europe et la crise économique ne sont pas exactement les titres les plus alléchants des journaux.

Les détails de la situation économique européenne sont obscurs et complexes. Les acteurs principaux sont des dirigeants européens mous et inefficaces, ou des banquiers et bureaucrates en chemise-cravate à Berlin, Francfort, Athènes, Madrid et un peu partout sur ce continent en mal de joie de vivre.

Mais le problème est le suivant : ce qui se passe en Europe ne reste pas en Europe.

L’Union Européenne, tous pays confondus, est l’économie la plus large du monde – une terre foisonnante et bouillonnante où 500 millions d’individus vivent, avec un produit intérieur brut (PIB) annuel d’environ 17 trilliards de dollars.

C’est un marché important pour les compagnies américaines telles que Ford, General Electric, Coca-Cola et plein d’autres encore qui vendent leurs produits là-bas. Il est aussi primordial pour les économies qui dépendent de l’exportation comme la Chine, la Russie et d’autres partout dans le monde, dont celles de l’Europe de l’Est et du Centre qui se situent à proximité de cette économie inquiétante et de ce désastre politique.

Selon l’OCDE et d’autres craintes d’économistes de plus en plus pessimistes, la crise de l’euro représente le plus grand risque à l’économie mondiale. C’est aussi désormais un risque de plus en plus menaçant pour l’économie la plus large d’Europe, l’Allemagne, où le niveau des exportations a chuté pour la première fois cette année.

Encore plus inquiétant, les infortunes de la dette publique de l’Europe représentent un risque majeur pour le système financier mondial dans la mesure où les grosses banques ont partout des intérêts sur la dette européenne.

La crainte justifiée d’une explosion de la bulle de crédit globale terrorisait les gens en 2008. La crise de l’Europe a le potentiel d’être bien pire.

Le Président Obama a mentionné ce point à la conférence de presse de vendredi, demandant à ses homologues européens de, tout simplement, faire quelque chose :

«  Nous sommes face à une économie globale désormais, et ce qui se passe à un endroit peut avoir un impact sur d’autres, » a-t-il constaté. « La bonne nouvelle est qu’il y a une solution à ce défi. Ces décisions sont entre les mains des leaders européens. »

3.La baisse croissance chinoise baisse 

[Image:4,s] Finalement, il y a la Chine. Loin d’être la menace dont beaucoup à Washington, DC, dresse le portrait, la Chine est à craindre, du moins en ce moment, pour ses faiblesses économiques.

Les chiffres économiques, là-bas, ne sont pas rassurants – d’un PIB qui ralentit, à une insuffisance en prêts bancaires, en passant par la production d’électricité, les ventes de produits de luxe et encore d’autres aspects de l’économie. Encore plus alarmant, le secteur de l’industrie est en pente libre depuis sept mois sans interruption.

Le ralentissement soudain rend les leaders de Beijing – déjà préoccupés par la transition politique actuelle – encore plus nerveux à l’idée de voir leur avenir économique de court terme se noircir. Cette semaine, Beijing a baissé son taux d’intérêt, pour la première fois depuis 2008, dans l’espoir de donner un nouveau souffle à l’économie. Un nouveau plan de relance serait en marche. Mais beaucoup d’observateurs préviennent déjà que ce dernier serait insuffisant pour stimuler la demande domestique, alors que les exportateurs-clés du pays auraient leurs propres faiblesses à écouler leur stock, en Europe et aux États-Unis.

Que le jeu politico-économique commence ! 

Revenons-en aux États-Unis, justement. En quoi ce bourbier économique mondial affecte-t-il le Président Obama, Mitt Romney, et nous autres citoyens américains, qui nous nous avançons à grands pas vers les élections de novembre ?

Chacun des candidats en campagne doit, bien sûr, se battre, récupérer et rechercher le plus de votes, en donnant la réponse la plus convaincante à la question que tout le monde se pose : comment résoudre ce désordre dans lequel nous sommes plongés?

Mais, lorsque le cirque politique arrivera à vous, faites attention aux rapports économiques, provenant régulièrement de Washington, Bruxelles et Beijing. C’est là où l’élection se jouera réellement, pour le meilleur ou pour le pire. 

Global Post / Adaptation Annabelle Laferrère – JOL Press

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