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L’Espagne refuse l’aide des «Men in black»

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[image:1,l] Le Ministre espagnol du Budget a été catégorique « Les hommes en noir ne viendront pas » dans la péninsule Ibérique. Que les fans madrilènes de science-fiction se rassurent. La déclaration de Cristobal Montora à la radio n’était en aucun cas dirigée contre Will Smith et Tommy Lee Jones !

La fierté espagnole

Ces « hombres de negro » que le gouvernement espagnol tente de maintenir à distance, ce sont les financiers internationaux, ceux-là même qui ont imposé à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal de lourdes mesures d’austérité.

L’Espagne est bien déterminée à ne pas subir la même humiliation. Elle  a malgré tout un besoin urgent d’argent. Pour combler le trou de son secteur bancaire, il lui faudrait au moins 100 milliards d’euros.

Une préoccupation mondiale

[image:2,l] La crainte que, sans aide rapide, l’Espagne suive le chemin de la Grèce se fait de plus en plus sentir. La préoccupation est mondiale, parce que l’Espagne est la 12e économie mondiale. Et si elle implose, l’impact sur les marchés mondiaux sera catastrophique.

« Nous sommes à court de pistes, en terme de structures de la zone euro » a déclaré, mardi, à CBC, le Premier ministre canadien, Stephen Harper. « Il nous faut élargir notre jeu. Nous ne pouvons pas dire ‘Attendons les résultats des élections grecques’. Nous ne pouvons pas laisser les élections grecques déterminer le futur de l’économie mondiale » a estimé Stephen Harper. « Cela ne serait juste pour personne ».

Stephen Harper, Barack Obama et les autres leaders attendent des Européens qu’ils leurs présentent, lors du prochain G20 (qui se tiendra à Los Cabos, au Mexique, les 18 et 19 juin) des mesures concrètes pour lutter contre les problèmes grecs et espagnols.

Le cas espagnol

[image:3,l] Les problèmes de l’Espagne sont nombreux. Dans le milieu des années 2000, le pays a profité d’un boom de l’immobilier. On estimait alors qu’il y avait plus de constructions en cours en Espagne, que dans tous les autres pays de l’Union européenne réunis. Mais quand la bulle a explosé en 2008, les banques, les entreprises et les personnes privées se sont retrouvées avec d’énormes dettes. L’Espagne a aujourd’hui le plus haut taux de chômage d’Europe, avec 24%

Le déficit a atteint 8% du PIB l’an dernier, excédant de 3% les limites de la zone euro. Le pays est entré dans une phase de récession qui devrait au moins durer jusqu’en 2013. Cette toile de fond fait qu’il est difficile pour Madrid d’obtenir de l’argent des marchés internationaux. « Les portes des marchés ne sont pas ouvertes à l’Espagne » a d’ailleurs reconnu Cristobal Montoro au micro d’Onda Cera radio.

L’utilité du Mécanisme européen de Stabilité

Ce que l’Espagne cherche, c’est une aide directe de l’Union Européenne à ses banques, sans avoir à remplir une demande de sauvetage financier, qui impliquerait de devoir obéir à ces « hommes en noir » du FMI, de la Banque centrale européenne, et de la Commission européenne.

L’Allemagne a jusqu’ici insisté pour que l’Espagne formule une demande formelle de renflouement, avec tout ce que cela implique. Mais alors que la crise s’intensifie, la Chancellière Angela Merkel semble de plus en plus prête à faire quelques compromis. Selon le quotidien allemand Suddeutsche Zeitung, Berlin pourrait accepter de recapitaliser les banques espagnoles. L’argent proviendrait du Mécanisme européen de Stabilité, une réserve de 500 milliards d’euros qui sera activée le mois prochain par l’Union européenne.

Rassurer les marchés sans tomber dans l’austérité

Si le journal dit vrai, l’Espagne accepterait, en échange de l’argent, une plus grande restructuration de son secteur financier. Elle n’aurait toutefois pas à subir, comme la Grèce, des mesures d’austérité imposées par l’extérieur. Et cela rassurerait les marchés.

Le gouvernement espagnol décidera de la marche à suivre pour supporter ses banques après avoir entendu, plus tard dans le mois, les résultats de deux audits de son secteur financier.

Plus de pouvoir pour les régulateurs européens

Pendant ce temps, l’Union européenne travaille à une série de mesures qui, à long terme, donnerait aux régulateurs européens plus de pouvoirs pour superviser le secteur bancaire et mettrait en place un système de garantie des dépôts bancaires à l’échelle européenne.

Cette éventualité sera discutée à la fin du mois, lors d’un sommet européen. Il faudrait néanmoins des années pour la mettre en place.

Un sommet européen centré sur la Grèce

Malgré l’urgence en Espagne, le sommet pourrait bien être forcé de se recentrer sur la Grèce. Si les élections grecques du 17 juin voient la victoire des partis opposés aux conditions du renflouement, les dirigeants européens arrêteront leurs aides au pays. Poussée à la banqueroute, la Grèce devrait, en plus, sortir de la zone euro.

Il faudra également bientôt prendre une décision en ce qui concerne Chypre, qui risque d’avoir besoin d’un renflouement du fait de son exposition à la Grèce. Une situation compliquée du fait que c’est justement Chypre qui est censée prendre la présidence tournante de l’Union Européenne le 1er juillet.

L’Espagne a beau ne pas vouloir de l’aide des « Men in Black », les dirigeants européens ne seraient pas opposés à ce que, comme dans le film, quelqu’un muni d’un « neuralizer » efface de leur mémoire tout ce qui a pu se passer ces quatre dernières années. 

Global post/ Adaptation Anaïs Leleux pour Jol Press

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