[image:1,l]Dans la 3ème circonscription du Vaucluse, Marine Le Pen a obtenu lors de la présidentielle son meilleur score national. Dimanche 10 juin, sa nièce de 22 ans, Marion Maréchal-Le Pen y est arrivée en tête du premier tour de l’élection législative et elle a, désormais, de sérieuses chances de faire son entrée à l’Assemblée nationale. Une entrée fracassante sur la scène politique nationale pour la première représentante de la 3ème génération Le Pen. Assurément, la succession est assurée à la tête de la petite entreprise politique familiale.
Pour l’honneur de son grand-père
A la vue des résultats du 22 avril dernier, Jean-Marie Le Pen, à 83 ans, aurait songé, un moment, à un dernier tour de piste, au risque de mourir sur scène. Il a préféré pour que son nom figure sur les bulletins de vote y envoyer en mission sa petite-fille, Marion, une étudiante en droit de 22 ans.
Une circonscription en héritage, une mission des plus symboliques : venger le grand-père, laver ce que celui-ci considère sans doute comme le plus grand affront de ses six décennies en politique.
Flash-back… Dans la nuit du 8 au 9 mai 1990, des sépultures sont profanées dans le cimetière juif de Carpentras. Le Front National de Jean-Marie Le Pen est pointé du doigt et, derrière le président François Mitterrand, la mobilisation est générale contre l’antisémitisme, le racisme et la montée du fascisme. Selon Yves Bertrand, alors directeur de feu les Renseignements Généraux, le Président de la République aurait demandé de privilégier la recherche des coupables au sein du parti d’extrême-droite et dans les groupuscules qui gravitent autour. L’enquête piétine et les rumeurs locales se multiplient. Des fils de notables sont suspectés. Sans suite… En juillet 1996, un certain Yannick Garnier, 26 ans, se présente aux RG et s’accuse de cet acte d’horreur. Ancien skinhead, comme ses comparses, il aurait bien été motivé par le racisme et l’antisémitisme. Une version officielle que Jean-Marie Le Pen a toujours dénoncé.
Un territoire en désarroi
Des usines rentables qui ferment subitement, comme Continental Nutri à Védène, d’autres que l’on prétend rachetées par de puissants financiers chinois… Des terres autrefois riches en fraises et en légumes d’été et des champs plantés d’oliviers centenaires, désormais en jachère… Des retraités aux petites pensions, des jeunes qui peinent à trouver leur place dans la société et en tiennent pour responsable l’immigré, ces immigrés qu’ils estiment trop nombreux.
Autant d’éléments qui pourrait expliquer les scores élevés réalisés par le Front National, par Marine Le Pen à la présidentielle – 31,50% – et par sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen dimanche 10 juin : 34,65% des voix, contre 30,03% au député UMP sortant Jean-Michel Ferrand, et 21,98% à Catherine Arkilovitch, la candidate socialiste. Cette dernière, une Parisienne parachutée via le proche Lubéron, confrontée à la jeune frontiste, lors d’un débat télévisé, l’a trouvée « mignonne »…
Marion Maréchal, une Le Pen
A 22 ans, étudiante en droit à Panthéon-Assas à Paris, la fille de Yann, sœur de Marine, et de Samuel Maréchal, ancien cadre frontiste, en est à sa troisième campagne électorale après les municipales de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) en 2008 et les régionales en Ile-de-France en 2010.
La politique, Marion Maréchal-Le Pen est tombée dedans à sa naissance. Il y a les gênes Le Pen et puis d’autres encore du côté de son père. Samuel Maréchal, ancien président du Front National Jeunesse (FNJ) au début des années 90, a été un très proche et très fidèle de Jean-Marie Le Pen, si proche que celui-ci lui a donné sa fille.
La ressemblance physique avec sa tante, Marine, est troublante. La jeunesse et la finesse en font, pour autant, un visage plus acceptable du le pénisme. C’est aussi une rente d’avenir pour le vieux chef, la garantie que son nom continuera à exister bien longtemps après lui. Nul doute qu’à cela il ne saurait être indifférent…
La décision de la candidate socialiste, Catherine Arkilovitch, de se maintenir au deuxième tour, malgré les consignes de Martine Aubry, pourrait encore faciliter la tâche de Mademoiselle Le Pen.