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Une exposition suscite l’ire des salafistes

[image:1,l]La tension a commencé à monter dimanche. Mardi, elle n’était toujours pas retombée. Après trois jours de violences, les autorités tunisiennes ont dû se résoudre à instaurer un couvre-feu. Le premier depuis mai 2011.

Ecarter la menace salafiste

Dimanche 10 juin. Dernier jour du « Printemps des arts ».  Accompagnés d’un avocat et d’un huissier, des salafistes ordonnent aux organisateurs de retirer les toiles de l’artiste Mohamed Ben Slama. Parmi les œuvres incriminées, «Femme au couscous à l’agneau», représentation d’une femme presque nue devant des hommes barbus, que les intégristes jugent particulièrement choquante.

Venues «défendre la liberté d’expression et de création», selon le mot d’ordre lancé sur Facebook, plusieurs personnes réussissent à écarter la menace salafiste. Quelques heures seulement. À la tombée de la nuit, des centaines d’islamistes radicaux reviennent à la charge, détruisant et lacérant plusieurs œuvres d’art. 

Des actes terroristes dénoncés

Dans la nuit de lundi à mardi, les cités populaires de l’ouest de Tunis s’embrasent à leur tour. Puis, c’est la banlieue chic du nord de la capitale qui devient le théâtre d’affrontements violents entre forces de l’ordre et groupes de casseurs. Une centaine de personnes, dont 65 policiers, sont blessées dans ce que le gouvernement qualifie d’ « actes terroristes »

L’oeuvre de partisans de Ben Ali?

Convaincu que les violences étaient l’oeuvre de partisans de Zine El-Abidine Ben Ali, Rached Ghannouch, le chef d’Ennadha, le parti islamique au pouvoir, a accusé les proches de l’ancien dictateurs d’avoir« recruté» des salafistes  pour  «semer le chaos». Il n’a pas pour autant défendu l’exposition. «Non à l’extrêmisme des deux côtés» s’est-il écrié mercredi, s’en prenant aussi bien aux salafistes qu’aux artistes présentés comme des provocateurs. Ennadha devrait, sous peu, proposer une loi incriminant l’atteinte au sacré. «Les symboles religieux sont au-dessus de toute dérision, ironie ou violation» ont déclaré ses responsables dans un communiqué. Mardi, Mehdi Mabrouk, le ministre de la Culture, avait annoncé qu’il porterait plainte contre les organisateurs «pour atteinte aux valeurs du sacré».

 

 

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