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Barack Obama vs. Mitt Romney: demandez le programme!

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Qu’elles sont longues les campagnes présidentielles américaines… Déjà plus d’un an depuis qu’en avril 2011, Barack Obama annonçait sa candidature à un second mandat et qu’en juin Mitt Romney, l’ancien gouverneur du Massachusetts, lui emboîtait le pas et entamait des mois de luttes intestines avec ses concurrents républicains. Après les abandons successifs de son principal adversaire, Rick Santorum, puis de ses autres derniers challengers, Newt Gingrich et Ron Paul, les jeux étaient faits dès avril, mais c’est en mai qu’il a formellement dépassé la majorité absolue des délégués nécessaire à l’investiture – 1144.

Désormais, avec Barack Obama, vainqueur, pour sa part, sans concurrent majeur, des primaires démocrates, les deux hommes sont face à face pour un duel sans merci, autour de deux visions opposées de l’Amérique – et du monde -, et avec la Maison-Blanche pour enjeu.

Pas de trêve estivale

Pendant l’été, la campagne se poursuit. Si le rythme ralentit quelque peu, au cours du mois de juillet, les deux adversaires continuent à se rendre coup pour coup. Dans les deux camps, une seule crainte : que des chiffres défavorables ou une réaction mal jaugée ne soit l’occasion de commettre une faute qui se paierait cher – et comptant – à l’automne prochain.

Alors que Barack Obama devra, tout simplement, continuer à remplir ses obligations de chef de l’Etat – et a renconcé à se rendre en famille sur l’île huppée de Martha Vineyard’s. Mitt Romney a prévu un petit voyage – d’affaires -, qui pourrait rapporter gros. Le Républicain doit se rendre en Israël. Il y rencontrera – d’après son staff – le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et tiendra au moins une réunion publique.

La course au cash

Le combat présidentiel américain dépend aussi pour une large part du trésor de guerre des deux candidats, des fonds accumulés pour financer la campagne – et, surtout, pour payer à prix d’or les spots publicitaires télévisés visant à pointer les défaillances ou les incohérences du bilan ou du projet de l’adversaire. Cela fait des mois que Mitt Romney dépense sans compter – visant d’abord ses concurrents aux primaires, puis le Président sortant. Résultat : début juillet, le rapport du « cash » disponible est de 1 à 10 par rapport à Barack Obama. Le mormon n’a plus que 10 millions de dollars en banque contre 104 millions pour le locataire de la Maison-Blanche. De mauvaise augure quand on se souvient qu’en 2008, à la même période de l’année, Barack Obama et John McCain disposaient des mêmes sommes – et que le second avait fini par être largement battu. Mitt Romney et ses équipes de fundraisers  vont devoir passer l’été à faire les poches de leurs supporters les plus riches.     

Conventions nationales d’investiture : unité et dynamique

Les deux prochains grands temps de la campagne électorale se dérouleront à Tampa en Floride, durant la semaine du 27 août, côté républicain et à Charlotte en Caroline du Nord, du 3 au 6 septembre, côté démocrate. Formellement, c’est lors de ces conventions nationales que l’ensemble des délégués élus au cours des primaires investiront officiellement les deux candidats.

Extraordinairement médiatiques, ces rendez-vous ont aussi pour objectif de sceller l’unité des deux camps et d’indiquer les grandes thématiques et propositions sur lesquelles se joueront la campagne et l’élection. De son niveau dans les sondages à l’approche de la Convention dépendra largement la capacité de Mitt Romney – qui pourra compter sur 1439 délégués sur un total de 2286 – à susciter l’enthousiasme et à créer une dynamique à l’entame de la dernière ligne droite.

Un choix crucial : le candidat à la vice-présidence

Une fois investi, le candidat présidentiel annoncera le nom de son ou sa candidate à la vice-présidence. Sauf surprise – et il ne devrait pas y en avoir -, le vice-président Joe Biden accompagnera de nouveau Barack Obama sur le ticket démocrate. Côté républicain, le choix est plus incertain et il sera crucial.

Mitt Romney pourrait opter pour un de ses anciens adversaires : qu’il choisisse le très catholique Rick Santorum et il prendrait le risque de perdre au centre ce qu’il gagnerait à la droite de la droite ; qu’il choisisse le très modéré Jon Huntsman, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Pékin – et son cousin -, et il prendrait le risque inverse. Il pourrait aussi tenter de s’attirer les voix d’une communauté ethnique – le sénateur de Floride Marco Rubio serait alors le candidat idéal et il vient de recevoir l’appui de Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride, fils et frère d’ex-Présidents. Les noms de Chris Christie, gouverneur du New Jersey, et Rob Portman, sénateur de l’Ohio, circulent aussi. Il pourrait aussi opter pour une femme, à condition qu’elle ne soit pas juste prétexte – l’expérience Sarah Palin en 2008 a laissé des traces et peu servi la cause des femmes.

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La campagne et les débats

Passées les Conventions nationales, la campagne présidentielle entrera alors véritablement dans sa phase critique : déplacements à travers les Etats-clés, meetings géants, campagnes de publicité à la télévision. Un grand show à l’américaine, ponctué par une série de débats, de confrontations entre les deux candidats et les deux colistiers.

La Commission bipartisane chargée de l’organisation des débats présidentiels a d’ores et déjà prévu trois débats entre Barack Obama et Mitt Romney : le 3 octobre à Denver dans le Colorado, le 16 octobre à Hempstead dans l’Etat de New York et le 22 octobre à Boca Raton en Floride. Joe Biden affrontera son adversaire républicain, une seule fois, le 11 octobre à Danville dans le Kentucky.

Les débats ont pu jouer par le passé un rôle dans le résultat du scrutin. L’exemple le plus frappant étant celui du tout premier débat jamais organisé, en 1960, entre John Fitzgerald Kennedy – en jeune premier hollywoodien – et un Richard Nixon – en sueur et mal rasé…

Mardi 6 novembre : aux urnes, les Américains !

Ce sera la 57ème élection présidentielle quadriennale. Le principe est le suffrage universel indirect. Dans chaque État, selon un mode de scrutin propre à chaque Etat, les citoyens désignent un certain nombre de délégués, proportionnel – en partie – à sa population. Ces grands électeurs éliront ensuite le Président et le Vice-président le 17 décembre – une formalité puisque chaque délégué détient un mandat fixe.

Aux côtés de Barack Obama et Mitt Romney, deux autres candidats seront en lice – et ils participeront d’ailleurs aux débats si, avant début septembre, ils sont crédités d’au moins 15% des suffrages. Il s’agit de Gary Johnson, gouverneur du Nouveau-Mexique pour le parti libertaire, et de Jill Stein, pressentie pour les écologistes.

Le même jour, seront élus les 439 membres de la Chambre des Représentants ainsi que 33 Sénateurs pour former le 113ème Congrès. Par ailleurs, 11 États choisiront leurs gouverneurs et de nombreux autres scrutins – et consultations – à intérêt local seront organisés.  

A la veille de la dernière ligne droite, Obama aurait une longueur d’avance

Les sondages donnent Barack Obama en tête dans trois Etats-clés, des Swing States où pourraient se jouer l’élection. En Floride, selon une enquête de l’université Quinnipiac, 45% des personnes interrogées se disent prêtes à voter pour l’actuel locataire de la Maison-Blanche, contre 41% pour son adversaire républicain. Dans l’Ohio, Barack Obama est soutenu par 47% des personnes interrogées, contre 38% pour Mitt Romney, et en Pennsylvanie, les deux hommes engrangent respectivement 45% et 39% d’intentions de vote. Ces trois Etats sont de loin les plus grands parmi la dizaine d’Etats qui peuvent tomber en novembre dans l’escarcelle de l’un ou l’autre des candidats, selon les analystes.

Depuis 1960, aucun Président américain n’a été élu sans remporter au moins deux de ces trois Etats, et Barack Obama avait devancé John McCain en 2008 dans les trois. A suivre.

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