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Bientôt une génération sans SIDA?

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Génération sans SIDA : de quoi parle-t-on ?

En Novembre dernier, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré, dans un discours, souhaiter une « génération sans SIDA ». Sur le moment, personne n’a vraiment compris ce qu’elle entendait par là, et, huit mois plus tard, personne au gouvernement américain n’a daigné expliquer ces propos.

Samedi 21 juillet, une discussion s’est tenue au Center for Strategic and International Studies, un think tank de Washington, sur le thème abordé par la secrétaire d’Etat : Que signifie l’objectif d’une génération sans SIDA, et surtout comment y parvenir ?

Chris Breyer, un professeur de l’école Johns Hopkins de Santé Publique, en est arrivé à cette conclusion : « Nous parlons de parvenir au déclin des taux d’infection. Le but c’est que, non pas notre génération, mais celles à venir, n’aient plus à subir des taux d’infection élevés. » En revanche, il n’est pas question de faire en sorte qu’il n’y ait plus du tout d’infections.

Selon lui, les nouveaux outils scientifiques de prévention pourraient aboutir à une « baisse réelle » des taux d’infection, mais le virus pourrait malheureusement continuer à se propager au sein de populations vulnérables, comme les consommateurs de drogues, les prostituées et les homosexuels.

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Le docteur Kevin De Cock, directeur du Centre for Global Health, travaillant aux Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, est d’accord avec les conclusions générales de Chris Breyer visant à atteindre une génération sans sida : « Le terme est vraiment important. Il est presque rentré dans le vocabulaire courant. Il signifie la quasi-élimination de la transmission de la mère vers l’enfant, une réduction substantielle du nombre de nouveaux cas chaque année et enfin et la possibilité pour une personne infectée de bénéficier de l’accès aux traitements opportuns et aux meilleurs médicaments. »

Une ambition pas si folle ?

Pour lui, il était temps que soient définis les propos d’Hillary Clinton. Il considère que les succès du plan américain de lutte contre le SIDA, le PEPFAR (President’s Emergency Plan for AIDS Relief) sont liés à ses objectifs, « ambitieux mais réalistes. » Ce qu’il apprécie particulièrement : « Il faut savoir équilibrer ambition et réalisme. […] Nous ne devons pas faire de promesse que nous ne pourrons pas tenir. »

Comment alors se conforter à ces objectifs ? Par l’extension des traitements évidemment, mais aussi par le biais d’efforts en matière de circoncision masculine (la circoncision reduirait de 60% le risque de contracter le SIDA). Le docteur prend également pour exemple l’Afrique du Sud, qui a réussi à faire chuter le taux de contamination mère-enfant à moins de 3%. Ce qui montre à son sens que l’objectif d’éliminer cette transmission n’est pas irréaliste.

Tom Quinn, le directeur du Centre Johns Hopkins pour la Santé Mondiale, appuie Kevin de Cock pour ce qui est de la circoncision masculine : « Qu’est ce qui a empêché la circoncision à grande échelle jusque-là ? […] Qu’est-ce qui traîne ? PEPFAR paye pour ce programme, c’est sans doute le moyen de prévention le plus rentable pour lutter contre le SIDA. »

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Pour Kevin De Cock, il est très important d’étudier les pays concernés avant de lancer des campagnes en matière de circoncision. Il prend également l’exemple du Kenya, où la tribu Luo, qui ne pratique pas la circoncision traditionnellement, s’est servie, suite à un vrai travail des organismes de lutte contre le SIDA, de son leadership politique pour faciliter l’établissement de « camps de circoncisions » ou de « journées de circoncision ».

David Serwadda, un professeur de santé publique à l’Université de Makerere en Ouganda, et l’un des pionniers de la recherche sur le SIDA en Afrique, estime quant à lui que si les gens commencent à croire au concept de génération sans SIDA, c’est grâce au travail du PEPFAR.

« Si vous m’aviez demandé il y a 10 ans si l’on verrait dans les 15 années à venir un nombre important de personnes sous traitement, j’aurais été très sceptique. Mais PEPFAR a vraiment changé les choses. Cela a montré ce que le leadership peut réaliser. Maintenant, je pourrai aller dans des villages à la porte de la mort il y a quelques temps à cause du SIDA, et constater qu’ils vivent toujours. Et les habitants en seraient au moins autant surpris que moi. »

Global Post / Adaptation Charles El Meliani pour JOL Press

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