Site icon La Revue Internationale

Ces «continents poubelles» qui naissent sur les océans

[image:1,l]

Il existe un continent, bien loin des terres, situé entre les côtes du Japon et celles d’Hawaï, au milieu de l’océan Pacifique. Ce continent représente un tiers de la taille de l’Europe, ou six fois la taille de la France. Il a été découvert en 1997 par le capitaine Charles Moore et est constitué de millions de tonnes de détritus plastiques provenant des terres. On l’appelle le « septième continent ».

Un continent de plastique

Lorsque les déchets humains ne sont pas recyclés ou détruits, ils terminent leur vie dans l’environnement. Lorsqu’ils finissent par s’échouer dans les cours d’eau, ils sont alors dirigés naturellement vers les océans. Là, ils suivent inlassablement les courants marins et dérivent pendant des mois avant d’être pris au piège de ces zones qu’on appelle « gyre », des portions d’océans enfermés par des courants qui tournent dans le sens, ou sens inverse, des aiguilles d’une montre, selon l’hémisphère.

[image:2,s]

Une fois emprisonnés, les déchets plastiques sont condamnés à de nombreux siècles d’errance avant d’être éliminés, un processus qui peut prendre entre 500 et 1 000 ans.

Aujourd’hui, le dernier né des « continents » de la planète mesurerait environ 3,43 millions de km². Difficilement visible de loin, il se situe juste sous la surface de l’eau mais sa profondeur serait éstimée à 30 mètres par endroits.

Ce continent est également peu visité, situé dans une zone que les bateaux de pêche ou de plaisance ne traversent jamais, c’est presque par hasard que Charles Moore, en 1997, a rencontré son chemin.

Si, à l’époque, la communauté internationale se doutait bien de l’existence d’une telle masse de détritus, quelque part, dans les océans, ce n’est qu’après les résultats plus approfondis des recherches de Charles Moore, à la tête de sa fondation Algalita Marine Research Foundation (AMRF) que le monde a eu des chiffres pour comprendre l’ampleur du phénomène.

Malgré cela, le « septième continent » étant situé sur les eaux internationales, aucune initiative gouvernementale n’a jamais été lancée et la situation est bloquée.

Un deuxième continent de déchets né dans l’Atlantique

Plus de dix ans plus tard, un « huitième continent » a été découvert. Au nord de l’Océan Atlantique, une gyre attire depuis une cinquantaine d’années les déchets provenant des côtes des deux rives de l’Atlantique. Ces détritus se retrouvent tous dans cette zone de haute pression où les vents sont faibles et où les courants tournent dans le sens des aiguilles d’une montre depuis la nuit des temps.

Les scientifiques de la Sea Education Association (SEA) qui ont découvert cette masse en 2010 estiment que la densité de ce nouveau continent serait de 200 000 fragments de plastique par km² contre 300 000 pour la « soupe de plastique » du Pacifique. La nappe de détritus de l’Atlantique mesurerait au moins 10 mètres de profondeur et pèserait environ 3,5 millions de tonnes.

La chaîne alimentaire en danger

Au gré des courants, au contact avec l’eau et de l’effet du soleil, les déchets plastiques perdent leur forme originelle pour se morceler en plusieurs particules comparables à des confettis. C’est cette transformation qui inquiète aujourd’hui les scientifiques. Sous les nappes de détritus, un véritable écosystème s’est adapté à vivre dans un environnement de plastique.

Ces confettis sont souvent confondus avec le plancton, à l’origine de la chaîne alimentaire. Ingérés par les animaux, ils voyagent ainsi au travers de la chaîne jusqu’à l’être humain, lorsqu’ils ne sont pas à l’origine de la mort précoce des poissons ou oiseaux intoxiqués.

Greenpeace publie régulièrement des rapports alarmants, à l’adresse des dirigeants mondiaux. Selon l’ONG, qui révélait en 2006 que la plaque du Pacifique serait constituée d’un million de déchets par km², environ 1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères mourraient chaque année de l’ingestion de plastique. En tout, ce sont 267 espèces animales qui seraient en danger.

Quelle issue pour ces « continents poubelles » ?

L’Institut océanographique Scripps a également révélé qu’un poisson sur 10 ingèrerait du plastique dans le Pacifique Nord.

Depuis la découverte du septième continent, dans l’Océan Pacifique, puis de son successeur, dans l’Atlantique, quelques expéditions ont été organisées afin d’éclairer la communauté internationale sur les enjeux de ces mers de déchets.

Pour les organisations écologistes, alertées par l’état des océans, si ces plaques de déchets ne peuvent pas être nettoyées, compte tenu de l’ampleur des dégâts, il est urgent de limiter l’aggravation de la situation en appliquant des politiques strictes de nettoyage des plages et des rivières, afin de stopper la croissance de ces « continents ».

Quitter la version mobile