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Christophe Honoré met en scène le «Nouveau Roman»

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Les auteurs du Nouveau Roman

Alain Robbe-Grillet, Marguerite Duras, Claude Simon, Roger Pinget, Nathalie Sarraute, Michel Butor… Tant d’écrivains du Nouveau Roman qui reprennent vie en Avignon, mis en scène par l’ambitieux Christophe Honoré. Ce mouvement littéraire du XXe siècle n’a pourtant pas débuté dans les honneurs. Le terme « Nouveau Roman » était parti d’une critique d’Émile Henriot sur le roman la Jalousie, d’Alain Robbe-Grillet. Pris à contre-pied par l’auteur, le terme a par la suite été synonyme de nouveauté et de fraîcheur, utilisé à la fois par des revues pour créer l’actualité et par l’auteur lui même pour promouvoir ses collègues à la maison d’édition les Éditions de Minuit.

Partenaire de l’Université d’Avignon

Christophe Honoré, acclamé pour ses films émouvants tels que Les Chansons d’amour (2007) et Les Bien-Aimés (2011), se tourne ici vers un projet bien différent. Le cinéaste français a pris l’initiative de travailler en étroite collaboration avec les étudiants de l’Université d’Avignon pour réaliser un chef d’œuvre bien documenté. La participation des étudiants du Master « publics de la culture et de la communication » avait pour objectif de faire une recherche approfondie sur les écrivains en question pour coller au mieux à la réalité littéraire.

Jérôme Lindon, père du mouvement

Retour aux sources : les années 50. Zoom sur Jérôme Lindon, éditeur à la tête des Éditions de Minuit et grand rassembleur des artistes du Nouveau Roman, créateurs d’un art conscient de lui-même, où le narrateur est le centre de tout, et où intrigue et personnages ne sont que secondaires. Un mouvement littéraire révolutionnaire qui reprend toute sa fougue sur scène, tant les interprètes habitent leur personnage, sans user d’artifice mais seulement de talent. Une volonté de renouvellement bien retranscrite par une mise en scène d’un nouveau genre, qui remet elle aussi en question le pré-établi.

Un mélange explosif

Entre citations d’auteurs et scènes d’improvisation, le décor et les habits simplistes des interprètes contrastent avec leurs tirades. Un mélange explosif de chansons, de danses et d’échanges avec le public, ponctué de rires et de colères, qui laisse bouche bée. Les artistes transcendent la scène : Brigitte Catillon dans le rôle de Michel Butor, Annie Mercier dans celui de Jérôme Lindon, Jean-Charles Clichet (Alain Robbe-Grillet), Ludivine Sagnier (Nathalie Sarraute)… comme jamais vus auparavant.

Un tantinet long

On pourra regretter la longueur (3H40), expliquée par l’envie de Christophe Honoré de laisser ses comédiens briller, s’exprimer, représenter la liberté du Nouveau Roman, un mouvement difficile à contenir, comme cette pièce, qui finit par envoûter… à condition de ne pas s’enfuir à l’entracte !

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