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Circulation pendant les JO: les Londoniens entre colère et inquiétude

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Des transports paralysés

Le chauffeur de taxi Steven McNamara ne mâche pas ses mots. « C’était déjà sévère, c’est devenu le chaos le plus total » dit-il avec une voix pleine de colère, en évoquant l’état du trafic londonien à l’approche des Jeux Olympiques de 2012. « Ils ont eu sept ans pour prévoir ça, et ils ont tout foiré ! »

Il est vrai qu’un rapide coup d’œil sur une carte des rues de la ville permet de comprendre les problèmes auxquels les automobilistes, pourtant habitués aux bouchons, vont être confrontés.

La plupart des rues de la capitale, qui s’étendent à la manière d’une toile d’araignée, ont été construites il ya plus de trois siècles. Elles ont toujours été paralysées depuis.

La priorité aux officiels olympiques

Les organisateurs ont donc prévu une cinquantaine de kilomètres de routes à l’usage exclusif des athlètes et des officiels olympiques. Une solution qui devrait leur permettre d’atteindre leur destination à temps pour les évènements sportifs. Les couloirs conçus pour le trafic libre devraient permettre de voyager rapidement entre les différents lieux-clés. Du moins, en théorie. Les autorités olympiques ont également désigné « un réseau de routes olympiques » de 175 kilomètres, où les véhicules olympiques auront la priorité. Les routes s’ouvriront et se fermeront selon les horaires. Ce qui laisse les habitants perplexes.

Les conducteurs de navettes ont averti qu’il faudrait s’attendre à de nombreux retards. Une campagne menée par « Transport for London » – qui gère les services ferroviaires et d’autobus – a exhorté les habitants à s’adapter en modifiant leurs horaires de travail, leurs déplacements et en choisissant le vélo ou la marche pour aller au travail. Des mesures qui ont fait gronder de nombreux londoniens. Mais la véritable controverse est née de la décision d’exclure les habitants des voies de circulation, sous peine d’une amende de 130 dollars.[image:2,l]

Des mesures qui provoquent la colère des anglais

La rumeur raconte que cette mesure va provoquer la colère de millions d’anglais, étant donné que le système routier a déjà du mal à répondre à la demande.
« Les transports vont devenir un cauchemar » a déclaré le conservateur John Whittingdale, qui préside un comité parlementaire sur le sport. « Il y a un vrai risque à voir des milliers de gens assis à attendre dans leur voiture alors qu’une BMW passe devant eux dans un couloir presque vide ».

Certains se sont également plaints des privilèges accordés aux sociétés commanditaires. Ils disent qu’un accès rapide au stade Olympique, situé dans la zone peu chatoyante de l’East London, devrait faciliter le logement des VIP dans les hôtels haut de gamme du centre ville.

Les gens ont ainsi renommé ces voix en utilisant le surnom « The Zil Lanes » (les voies de Zil) en faisant référence aux routes réservées aux anciennes limousines Zil, qui transportaient autrefois les fonctionnaires du Parti Communiste à Moscou.

Les chauffeurs de taxis en tête de la contestation

Les chauffeurs de taxi sont exclus de ces voies, ce qui les énerve au plus haut point. Ils s’attendent à voir leurs profits baisser, car de nombreux londoniens ordinaires, qui sont leurs principaux clients, sont tenus d’éviter les routes. Les manifestations des « cabbies » ont plongé la ville de Londres dans un statu quo, et ces derniers menacent de continuer. Steven McNamara, qui est aussi Secrétaire général de l’Association des conducteurs de Taxi londonien rejette les promesses du gouvernement. Pour lui, les Jeux Olympiques ne seront pas « merveilleux » pour les chauffeurs de taxi. « Les gens qui connaissent le métier ne sont pas d’accord » a t-il déclaré. « Cela va considérablement affecter nos revenus ».
Les cyclistes sont également indignés. Malgré les encouragements officiels leur demandant de prendre leur vélo durant les Jeux, ils ne pourront pas non plus utiliser ces voies spécifiques.[image:3,l]

Un système ferroviaire et métropolitain qui inquiète

Transport of London a défendu les mesures mises en place en affirmant que les routes spéciales seront traversées par 1300 véhicules chaque heure. « Il n’est pas question d’un VIP ou deux toutes les vingt minutes » explique un porte-parole.
Bien que le vieux réseau ferroviaire de la ville permette de soulager une partie de la population, la capacité du « Tube » est également limitée. Beaucoup de grandes lignes, datant de plus d’un siècle, souffrent de pannes fréquentes. Des centaines de milliers de travailleurs à faible revenu ne pourront pas modifier leurs horaires de travail afin d’éviter les heures de pointe. Parmi eux, Joanna Bem, une serveuse qui emprunte la navette à partir de l’East London pour aller jusqu’à son travail dans le centre-ville. La simple pensée d’avoir plus de monde dans le métro l’effraie beaucoup. « Il est normalement bondé de toutes façons et rien ne fonctionne correctement », a t-elle dit. « Si les trains tombent en panne, dans les prochaines semaines, ça va être terrible»

Malgré les sacrifices demandés à la population, le système sera-t-il efficace ?

Bien que Londres veuille se montrer à la hauteur de ses Jeux, les premiers signes ne sont pas encourageants. Même avec des voies spéciales à leur disposition, les chauffeurs d’autobus transportant les athlètes de l’aéroport d’Heathrow au village Olympique à travers la ville ont réussi à perdre leur chemin. Certains ont fini coincés dans les embouteillages…qu’ils étaient censés éviter. Parmi les premiers arrivants, le coureur américain Kerron Clément a livré son verdict sur Twitter : « Euh, bon, nous nous sommes perdus sur la route pendant quatre heures. Pas une bonne première impression concernant Londres. »

Global Post/ Adaptation Henri Lahera pour JOL Press

> Retour au dossier : tout ce qu’il faut savoir sur les Jeux Olympiques de Londres

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