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Cuba au temps du choléra

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[image:1,l]Une épidémie qui n’intéresse pas les médias

Une épidémie de cholera qui se développe dans l’est de Cuba depuis le début du mois de juillet a permis de souligner le meilleur et le pire du système socialiste de l’île.

Le système de santé cubain, particulièrement bien perçu par la population, a réagi énergiquement aux premiers signes de maladie, en traitant rapidement les patients, en fournissant de l’eau pure et en lançant une grande campagne d’assainissement.

Les autorités affirment que le taux d’infection diminue, et que l’épidémie semble entièrement limitée à une zone située à l’ouest de la ville de Manzanillo. Le virus aurait déjà causé la mort de trois personnes et aurait touché plus d’une centaine de malades.
Les habitants concernés sont donc à l’affût de la moindre information, car ils ont peur que le virus ne se propage dans le reste de l’île. Le problème, c’est qu’il fallait regarder CNN pour obtenir des informations sur l’épidémie.

Les cubains inquiets, qui ont suivi les chaînes d’États locales pour glaner des informations sur le virus n’ont eu droit qu’à de la propagande gouvernementale habituelle.

Récupération médiatique ?

Les opposants au gouvernement Castro, ainsi que les cubains exilés dans le sud de la Floride ne se sont pas gênés pour combler ce « vide », en affirmant que l’épidémie était bien pire que celles des versions officielles.

De nombreux dissidents au régime décrivent des conditions chaotiques dans les cliniques, un manque d’hygiène flagrant et un nombre de plus en plus élevé de malades.

Les responsables de la santé de la région de Manzanillo apporteraient les soins nécessaires, mais les télévisions locales restent relativement discrètes sur le sujet. En ne donnant aucune information, le gouvernement cubain a laissé grandir les rumeurs, même si la vérité n’est pas si alarmante.

Une situation visiblement sous contrôle

« Le nombre de cas de choléra est en baisse » a déclaré à CNN le Dr Manuel Santin Pera, le directeur du centre d’épidémiologie de Cuba. Une visite de la zone et d’un hôpital de Manzanillo a d’ailleurs été éffectuée.

« Nous ne sommes pas trop confiants pour autant. Nous allons intensifier le travail ainsi que les mesures de prévention pour arrêter l’épidémie dans quelques semaines » a expliqué Santin.

Ces nouvelles rassurantes étaient introuvables vendredi dernier. Pendant ce temps, Granma, le journal du Parti communiste a titré sur les espoirs olympiques, la crise politique au Paraguay, et sur un projet de réparation des routes de la province de Granma, l’endroit même où l’on signale l’épidémie. Pas un mot sur le choléra. Rappelons que la région reste marquée par le souvenir d’une épidémie de choléra particulièrement meurtrière survenue en 1880 sur l’île, qui était encore une colonie espagnole.[image:2,l]

Médias cubains, simples porte-parole de l’État ?

Ces dernières années, les cubains ont exprimé de plus en plus ouvertement leur frustration face à la timidité des médias contrôlés par l’Etat. Les principales antennes médiatiques sont connues pour leur réticence à dévoiler une information sans la permission des responsables du Parti Communiste.

Le président Raul Castro a lui-même réprimandé les radiodiffuseurs et les journaux d’État dans ses discours publics, les exhortant à ne pas divulguer les actes répréhensibles de certains bureaucrates.

Mais cette nouvelle épidémie de choléra a une fois de plus montré qu’à Cuba, les mauvaises nouvelles ont une fâcheuse tendance à ne pas être signalées. Un vide d’information, qui est un véritable cadeau pour les blogs dissidents financés par le gouvernement américain, comme Radio et TV Marti, que les autorités cubaines détestent.

Un silence qui ne profite à personne

Ainsi, le gouvernement cubain n’a quasiment rien dit sur la maladie depuis la déclaration du 3 juillet 2012, ou il reconnaissait trois décès et 53 malades. Les autorités ont simplement signalé que le choléra était dû à l’eau de pluie contaminée, et n’ont donné aucune indication sur la source des bactéries.

« Nous avons les ressources nécessaires pour traiter les patients dans l’ensemble de nos installations médicales » indique un communiqué. « Nous demandons au public de respecter les mesures sanitaires d’hygiène corporelle et alimentaire »

Des milliers de membres du personnel médical cubain ont travaillé dans les pays voisins. Notamment Haïti, où 500 000 cas de choléra ont été détectés lors des deux dernières années, causant au moins 7000 morts. Cette épidémie s’est également étendue à la frontière entre Haïti et la République Dominicaine.

Sans surprise, les législateurs anti-Castro, qui représentent la communauté américano-cubaine du sud de la Floride se sont emparés de cette histoire pour s’en servir contre le gouvernent cubain.[image:3,l]

Maintenir une vigilance accrue

Les responsables de la santé cubains ont reconnu (devant la presse internationale, et pas locale) qu’au moins un cas avait été détecté à La Havane. Mais le patient semblait avoir contracté la maladie dans la région de Manzanillo, épicentre de l’épidémie. Il n’y a cependant eu aucun signe de préoccupation particulière dans les hôpitaux de la capitale.

A Manzanillo, le gouvernement a réagi en distribuant des comprimés de savon et de chlore pour le traitement de l’eau. Des annonces rappellent aux habitants de se laver soigneusement les mains, de boire de l’eau traitée et d’éviter la baignade ou la pêche dans les zones potentiellement contaminées. Il n’y a pas de mise en quarantaine, mais les responsables locaux ont exhorté les habitants à éviter tout voyage qui n’est pas essentiel.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le choléra tue chaque année encore 120 000 personnes et contamine entre 3 et 5 millions de personnes dans le monde par an.

Global Post/ Adaptation Henri Lahera pour JOL Press

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