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Eurogroupe: la patience des marchés de nouveau testée

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Lundi 9 juillet. La bourse de Paris a ouvert à +0,04% et l’euro est au plus bas depuis juillet 2010, à 1,2251 dollar avant une nouvelle rencontre des ministres des Finances des 17 de la zone euro à Bruxelles dans la journée. La raison : cette réunion de l’Eurogroupe ne devrait déboucher sur aucune nouvelle avancée

Objectif : la mise en place des mesures adoptées lors du Sommet de Bruxelles

Les ministres des Finances de la zone euro doivent mettre en musique les décisions arrêtées lors du dernier Conseil européen des 28 et 29 juin à Bruxelles, et tenter ainsi d’apporter une solution durable à la crise financière européenne.

Lors d’un entretien entre Mario Monti, président du Conseil italien, et Pierre Moscovici, ministre des Finances français, dimanche 8 juillet, à Rome, la France et l’Italie ont invité la zone euro à traduire « vite » en actes les avancées décidées fin juin.

Pierre Moscovici a ainsi affirmé qu’il « est très important que nous donnions des signaux tangibles que ce que nous avons dit au Conseil européen sera vraiment traduit en actes. Je n’ai pas de doutes là-dessus. »  Mario Monti a souhaité que les mesures adoptées à Bruxelles soit « traduites en termes opérationnels par l’Eurogroupe rapidement ».

La supervision commune des banques de la zone euro

Ce sommet a notamment abouti à un accord de principe sur la mise sur pied d’une supervision commune des banques de la zone euro, un préalable à une recapitalisation directe des banques via le futur Mécanisme européen de stabilité (MES).

Cette avancée se matérialiserait dans un premier temps avec l’Espagne et Chypre, pays qui ont sollicité l’aide de leurs partenaires de la zone euro pour recapitaliser leur secteur bancaire, deux dossiers figurant désormais au menu de l’Eurogroupe.

En ce qui concerne les banques espagnoles, il n’y aura pas de décision concrète faute d’avoir reçu le rapport des émissaires de la « troïka », a fait savoir le ministère allemand des Finances vendredi dernier.

L’achat de dette par le MES

Les 17 veulent également user du MES, et avant lui de son prédécesseur le FESF (Fonds européen de stabilité financière), pour stabiliser les conditions d’emprunt des pays membres, en intervenant directement sur les marchés, l’Espagne et l’Italie étant concernées au premier chef.

Depuis lors, la Finlande et les Pays-Bas ont contesté la capacité du MES à acheter de la dette directement sur le marché secondaire.

Une opposition plus théorique que pratique toutefois car le traité gouvernant le MES autorise en cas d’urgence la prise de décision à une majorité de 85%. Pays-Bas et Finlande ensemble ne représentent que 8%.

Des décisions politiques risquées

En outre, les ministres des Finances doivent passer au crible les finances de la Grèce – et voir s’il est possible d’assouplir les modalités du deuxième plan d’aide internationale -, préciser les contours de leur aide à Chypre et, surtout, s’entendre sur leur plan de sauvetage des banques espagnoles, décidé fin juin.

La réunion devrait aussi porter sur les nominations. Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe depuis 2005, pourrait être reconduit dans ses fonctions pour six mois, le temps que les 17 se mettent d’accord sur une présidence « plus musclée », plus stable, plus politique de l’Eurogroupe.

L’été de tous les dangers ?

L’euphorie s’est effacée devant le principe de réalité. Le Conseil européen des 28 et 29 juin demandait à l’Eurogroupe de  mettre en œuvre les décisions prises d’ici au 9 juillet. Cette date n’est plus d’actualité.

L’essentiel reste à faire et la patience des marchés devrait être éprouvée un peu plus. Ainsi, sur la supervision des banques, les nouvelles prérogatives de la Banque centrale européenne (BCE) doivent être traduites en droit européen et la Commission européenne n’agira pas avant septembre. Quant au MES, la situation est rendue compliquée par les préoccupations de politique nationale des dirigeants européens qui, chacun, s’adressent à leur opinion publique. 

Sur le front de la crise financière, l’été est rarement de tout repos et les autorités ne devront pas baisser leur garde au cours des prochaines semaines. La belle saison est aussi la saison de tous les dangers.

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