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Fukushima: les politiques montrés du doigt

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La catastrophe nucléaire de Fukushima est un « désastre créé par l’homme ». C’est ce que révèle le rapport d’une commission mandatée par le Parlement japonais pour enfin faire la lumière sur un des plus grands cataclysmes de la décennie.

L’enquête qui clôt le dossier Fukushima

Révélé jeudi 5 juillet, le rapport concluant une enquête de plus de six mois est accablant pour les autorités japonaises. En ligne de mire : la société Tokyo Electric Power (Tepco) et les autorités de régulation.

« L’accident est le résultat d’une collusion entre le gouvernement, les agences de régulation et l’opérateur Tepco, et d’un manque de gouvernance de ces mêmes instances, » affirme le rapport.

Dix spécialistes de la société civile, sismologues, avocats ou encore médecins se sont penchés sur le dossier de l’explosion du réacteur de Fukushima Daiichi, à la suite du séisme et du tsunami qui ont ravagé la côte est du Japon le 11 mars 2011.

Après plus de 900 heures d’entretien avec tous les acteurs qui ont été impliqués, de près comme de loin, à l’accident nucléaire, la commission a rendu un rapport sans appel.

Tepco voulait se dédouaner de toute responsabilité

Contrairement à ce qui avait été affirmé lors d’un précédent rapport, commandé directement par Tepco et qui affirmait que compte tenu de la puissance du séisme et de la force de la vague qui a déferlé sur les côtes japonaises, la centrale de Fukushima, même en parfait état, n’aurait jamais pu résister, le dernier rapport en date affirme que l’accident est avant tout de responsabilité humaine.

« Nous pensons que les causes fondamentales sont les systèmes d’organisation et de régulation qui se sont basés sur des logiques erronées dans leurs décisions et leurs actions, et non pas un problème de compétence d’un individu en particulier, » peut-on lire dans ce rapport de 651 pages.

« Ils ont trahi le droit à la nation à être protégée des accidents nucléaires. C’est pourquoi nous sommes parvenus à la conclusion que l’accident a été clairement créé par l’homme. »

Le réacteur de Fukushima Daiichi était en très mauvais état

En effet, Tepco, selon les conclusions de la commission, était parfaitement consciente du mauvais état des installations de Fukushima : « La direction de Tepco était consciente des retards dans les travaux antisismiques et des mesures contre les tsunamis et savait que Fukushima Daiichi était vulnérable. »

Contrairement au rapport qui dédouanait la société de toute responsabilité, cette dernière étude, qui devrait désormais servir de référence, affirme que Tepco a été particulièrement irresponsable à l’égard des règles de base de sécurité : « Bien qu’ayant de nombreuses occasions de prendre des mesures, les agences de régulation et la direction de Tepco n’ont délibérément rien fait, ont reporté leurs décisions ou ont pris des mesures qui les arrangeaient. »

Des affirmations dures à l’encontre de la société qui a toujours été accusée, lors des heures qui ont suivi l’accident, de n’avoir réagi que trop tard, et de manière trop désorganisée face à l’ampleur de la catastrophe.

« Une ignorance et une arrogance impardonnable »

Pour achever de donner sa part de responsabilité à la Tokyo Electric Power, le rapport de la commission s’autorise à répondre à la précédente étude demandée par la société : « Cela ressemble à une excuse pour échapper à ses responsabilités. »

Présidée par Kyoshi Kurokawa, la commission ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de trouver des responsables pour porter la responsabilité de l’accident : « La commission a relevé une ignorance et une arrogance impardonnable pour toute personne ou toute organisation travaillant dans le domaine du nucléaire. Nous avons découvert un mépris pour la sécurité du publique. »

« Ce rapport souligne de nombreuses erreurs commises par des individus comme par des institutions, mais […] l’objectif doit être d’apprendre de ce désastre, et d’inciter à la réflexion profonde sur ses causes fondamentales, de manière à s’assurer que cela ne se reproduise jamais, » conclut le président de la commission dans son rapport.

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