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Jean-Louis Borloo, candidat à la mairie de Paris en 2014?

[image:1,l]Serait-il l’homme de la situation pour incarner le Centre ? Jean-Louis Borloo semble le croire. Désormais à la tête d’un puissant groupe d’opposition à l’Assemblée, il paraît déterminé à faire de ce Centre, grand perdant de l’élection présidentielle, une puissante force d’opposition puissante.

Reprendre le flambeau de François Bayrou

Le 17 juin dernier, Jean-Louis Borloo était réélu à Valenciennes, dans sa circonscription du Nord, son fief qu’il représente au Palais Bourbon depuis 1993. Le même jour, le chef historique du Centre, François Bayrou, perdait sa circonscription de Pau.

Très vite, Jean-Louis Borloo s’impose en leader, pour reprendre le flambeau d’un François Bayrou soudainement écarté de la vie politique française. Un groupe parlementaire est créé, l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI), dont il devient le président, à l’unanimité, le 19 juin 2012.

Alors que les parlementaires font leur rentrée à l’Assemblée, mardi 26 juin, Jean-Louis Borloo est face à une lourde tâche. Un travail d’opposition dans un premier temps, face à la majorité PS, et un travail d’association dans un deuxième temps, pour établir sa position aux côtés de l’UMP.

Rapprocher le centre de la droite

Ce centriste qui a longtemps cultivé certaines accointances avec l’UMP et compte bien rapprocher le centre de la droite. Jean-Louis Borloo est ferme sur ce sujet. C’est parce que François Bayrou a centré le Centre – jusqu’à tenter de le faire basculer à gauche -, que le Centre est tombé.

« François Bayrou a suivi une stratégie du ni-ni (ni gauche, ni droite) mais, traditionnellement, le Centre, ce sont les modérés qui pèsent sur la droite, c’est cela la réalité historique. » expliquait-t-il sur Europe 1.

« Beaucoup de gens s’y retrouvent, mais ils ont besoin de savoir dans quel type d’alliances. Donc aujourd’hui, je reprends le flambeau. »

Aujourd’hui, le Centre mené par Jean-Louis Borloo reprendra donc cette place historique et sera une force, modérée, qui entend peser peser sur une UMP tentée, pour partie, pour une droitisation à l’excès.

« Tout le monde disait au soir du 2ème tour des législatives, l’UMP n’a pas d’alliés, le centre a disparu et j’avais dit ce soir-là que je m’attacherai à construire le Centre français. Un Centre allié de l’UMP mais indépendant et qui défend des valeurs européennes, sociales, de compétitivité. Le Centre existe à nouveau. »

D’un club de football à la politique

Si Jean-Louis Borloo est en passe de devenir une figure incontournable de cette législature, il est pourtant tombé dans la politique presque par hasard.

Né le 7 avril 1951 à Paris, il poursuit des études de droit, de philosophie et d’économie avant de devenir avocat au Barreau de Paris. Il est alors à la tête d’un grand cabinet d’affaires. Et, connu aux Etats-Unis, il est, à la fin des années 80, considéré comme un des plus grands espoirs mondiaux.

Proche de Bernard Tapie, il devient président de l’Union Sportive de Valenciennes-Anzin dès 1986. Poste qu’il conservera jusqu’en 1991. C’est à cette époque qu’il découvre la ville sinistrée de Valenciennes.

Trois ans après son arrivée à la tête de l’équipe de football locale, en 1989, il décide de briguer la mairie de Valenciennes. Sans étiquette politique, il crée la surprise en remportant ces élections municipales avec plus de 76% des voix.

Entrée en politique par le centre

Il est alors lancé en politique et se tournera immédiatement vers le Centre. L’année de son élection, il est présent sur la liste politique de Simone Veil pour les élections au Parlement européen, « Le Centre pour l’Europe ». Il sera député jusqu’en 1992.

Cette année-là, il mène une liste indépendante pour les régionales du Nord. Il recueille 12,4% des voix soit 10 sièges sur 72. De très bons résultats qui entraînent Jean-Louis Borloo à se présenter à la présidence du Conseil régional du Nord-Pas de Calais.

Malgré certains ralliements à sa cause, de nombreuses alliances font gagner sa principale rivale, l’écologiste Marie-Christine Blandin – une première pour les Verts. Il devient alors conseiller régional d’opposition.

Proche de François Bayrou

Avant de choisir de s’intégrer à une force politique, Jean-Louis Borloo choisit l’indépendance. Il en est de même à l’Assemblée. D’abord élu dans la 21ème circonscription du Nord sous l’étiquette Divers-droite en 1993, il n’intègre le groupe UDF qu’en 1997, sous l’étiquette Force démocrate (FD).

En 1998, il décide d’adhérer à l’UDF, parti dont il deviendra le porte-parole en 2001 avant de devenir un élément central de la campagne de François Bayrou en 2002.

Le score honorable de François Bayrou en 2002 et la renaissance du Centre dans la vie politique française propulsent Jean-Louis Borloo au gouvernement.

Intégré au gouvernement, sous l’étiquette UMP

Dès le 21 avril 2002, alors que Jacques Chirac vient d’être réélu, il rejoint le Parti radical, désormais associé à l’UMP.

Il devient alors ministre délégué à la Ville et à la Rénovation urbaine, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Cohésion sociale, ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement.

Bien qu’intégré au gouvernement de droite, et associé à l’UMP, Jean-Louis Borloo se fait remarquer en 2007, alors que Nicolas Sarkozy est candidat à la succession de Jacques Chirac. Ce n’est qu’un mois avant le scrutin que le centriste de droite accorde son soutien au candidat.

Nommé au gouvernement par François Fillon, Jean-Louis Borloo prend en charge, le temps d’un petit mois, le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Emploi puis devient Ministre d’Etat, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement durable, n°2 du gouvernement après la défaite d’Alain Juppé aux législatives de juin 2007 à Bordeaux.

Il est notamment chargé d’organiser le Grenelle de l’Environnement.

Désavoué, il quitte le gouvernement

Alors que, à l’automne 2010, s’annonce un remaniement ministériel, beaucoup pensent que Jean-Louis Borloo pourrait succéder à François Fillon et s’installer à Matignon. Il y croit aussi et prépare ses équipes et sa politique. Pourtant, Nicolas Sarkozy ne désavoue pas son Premier ministre et Jean-Louis Borloo annonce qu’il ne participera pas au gouvernement Fillon III.

Retour aux racines du centre

C’est l’élément déclencheur. L’expérience de Jean-Louis Borloo à droite se termine et celui-ci décide de retrouver ses engagements d’origine. A l’Assemblée où il a retrouvé son siège, il cherche à s’allier au Nouveau Centre d’Hervé Morin et au MoDem de François Bayrou. Ces deux-derniers acceptent si Jean-Louis Borloo officialise son divorce avec l’UMP, il s’exécute.

Alors que cette alliance centriste avance vers l’élection présidentielle de 2012, il est pressenti pour être le candidat rassembleur face aux Français. Pourtant, Jean-Louis Borloo, sentant sans doute le vent tourner, choisit de soutenir Nicolas Sarkozy dans sa tentative de réélection.

Un choix qui ne l’a pas desservi, non désavoué par cette meurtrière élection présidentielle pour les centristes et ces douloureuses législatives, Jean-Louis Borloo et son projet de centre ancré à droite arrivent forts d’une légitimité d’opposition au Palais Bourbon.

Désormais à la tête d’un important groupe parlementaire, il est libre d’envisager l’avenir politique du Centre. Lorsqu’on lui parle de ses projets pour 2017, Jean-Louis Borloo répond, « On n’en n’est pas là, mais sur les municipales oui, sur les régionales, oui, sur les européennes, oui. »

Une nouvelle jeunesse pour le Centre ou de grandes ambitions pour 2014 ?

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