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La modernisation des transports, une urgence pour le Brésil

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Sao Paulo au bord de l’asphyxie

Sao Paulo, ville la plus importante d’Amérique latine, est une plateforme économique qui bouillonne du matin au soir. Mais, un matin, Sao Paulo a dû faire une pause.

Les travailleurs de métro et de train, frustrés de leurs petits salaires et bénéfices, se sont mis en grève, laissant 4,8 millions d’utilisateurs sans moyen de transport. Les bus continuaient à desservir leurs stations, mais ceux-ci étant déjà bondés en temps normal, ne pouvaient servir de relai. Ils n’ont donc pas beaucoup aidé, avec les énormes embouteillages pendant les heures de pointe, dans cette ville qui ressemble à un labyrinthe. Un temps moyen de trois heures est nécessaire pour traverser la ville.

Mais Sao Paulo n’est pas le problème. La population du Brésil et la croissance économique ont amené la ville au bord de l’asphyxie. Que ce soit sur les routes, les trains ou même par air, le pays n’est pas équipé pour gérer la demande croissante en transports. Aujourd’hui, avec la Coupe du Monde 2014 et les Jeux Olympiques 2016 s’approchant, le pays organisateur a du travail à faire pour améliorer la qualité de ses transports.

Des aéroports qui ne sont pas à la hauteur

Prenez l’Aéroport International Guarulhos de Sao Paulo. Forbes (en 2008) et CNN (en 2011) l’ont tous deux rangé dans la catégorie des pires aéroports du monde. Avec 41% de départs et 59% de vols entrants à l’heure, on se demande pourquoi. Guarulhos a clairement un vide à combler – ou de nouveaux débouchés à rechercher.

Marcio Fortes est le président de l’Autorité Publique Olympique pour les Jeux de Rio en 2016 et ancien ministre des Villes du gouvernement. Il maintient que ce manque peut – et va – être comblé d’ici les deux rendez-vous sportifs internationaux.

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« Nous devons améliorer la situation avec les aéroports. Ce n’est pas à cause de la Coupe du Monde ou des JO. C’est parce que nous en avons besoin de toutes les manières, » dit-il. « C’est la conséquence naturelle de la croissance de ce secteur au Brésil. [Les aéroports] sont déterminés aujourd’hui à avoir beaucoup de passagers et vite. »

En 2010, l’aéroport pouvait accueillir 24,9 millions de passagers annuels, mais la demande était de 26,8 millions, selon les statistiques citées par Mario Fortes. Cette demande est censée atteindre les 38,9 passagers d’ici 2014, environ 45% en plus qu’en 2010, ajoute-t-il. Mais, il n’y a pas d’inquiétudes à avoir, poursuit-il, puisque l’aéroport international sera rénové d’ici-là. Avec un budget d’environ 1,8 millions de reais (887 millions de dollars), il devrait être en mesure de gérer quelques 52,7 millions de voyageurs.

Les aéroports de Campinas, Brasilia, Rio de Janeiro et Belo Horizonte vont avoir des améliorations similaires, augmentant énormément leur capacité de rotation.

Toutes les infrastructures à rénover

Mais il ne suffira pas que les aéroports se refassent une beauté. Les rues regorgent de nids-de-poule, de la taille d’une voiture à cinq portes.  Les nombreuses collines et vallées traversant le pays rendent la rénovation de routes compliquée.

Les métros et trains ont aussi désespérément besoin de modernisation. Le Brésil doit travailler plus dur, plus vite, pour désengorger les rues et trains pleins à craquer, affirment les observateurs internationaux – surtout ceux qui ont les yeux rivés sur les préparatifs des prochains événements sportifs.

La FIFA met la pression sur le Brésil

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La Fédération internationale de football, la FIFA, n’a pas mâché ses mots. En mars, le Secrétaire Général Jérôme Valcke a suscité l’indignation en disant que le Brésil avait besoin d’un « bon coup de pied au cul » pour terminer ses préparatifs de la Coupe du Monde en temps et en heure.

La FIFA laisse généralement les pays gérer leur business de transports. Mais cette fois-ci, la Fédération a décidé de s’impliquer davantage.

Les représentants de la FIFA ont même rencontré les membres du Comité Local d’Organisation du Brésil et des villes accueillant les JO. La Fédération a depuis pris sa décision de créer un groupe spécial dédié à la supervision des travaux prévus pour le championnat, incluant les transports urbains, nationaux et internationaux.

Les transports, chantier prioritaire

« Cela montre bien l’importance donnée par de multiples acteurs aux transports, » analyse un porte-porale de la FIFA.

Le Brésil a investi des montants énormes pour améliorer l’état de ses transports, avec comme objectif la Coupe du Monde. 500 000 fans de football devraient remplir les stades de douze villes brésiliennes : les gouvernements fédéraux, nationaux et municipaux ont d’ores et déjà investi plus de 12 millions de reais (5,9 milliards de dollars) pour améliorer les rues et routes, moderniser les métros et trains, et construire de nouvelles connections vers les villes mal desservies.  

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Le bus, moyen de transport par défaut

Les bus ont longtemps dû compenser les manques des autres systèmes de transports. Environ 94% des transports quotidiens (par exemple de chez soi à son lieu de travail) sont faits par bus, selon la société nationale des transports publics, l’ANTP.

« Les transports publics – en particulier les bus, qui sont les seuls moyens de transports dans beaucoup de villes – n’offrent pas un service de qualité sur lequel on peut réellement compter, » affirme Claudio Barbieri da Cunha, professeur associé d’ingénierie de transportation à l’Université de Sao Paulo. « Je dis souvent que pour beaucoup de gens, prendre le bus n’est pas un choix en soi, mais un choix par défaut, » dit-il.

Face à la vitesse de développement économique, les transports ne suivent pas

Malgré un ralentissement récent, le Brésil a bénéficié d’une croissance à toute vitesse ces dernières années. Son économie est montée en flèche en 2008, allant même jusqu’à prendre la place de la Grande-Bretagne en tant que sixième économie mondiale. Sa popularité auprès des touristes et des voyages d’affaires reste importante. Mais la qualité des infrastructures n’a pas suivi.

« Si j’avais dit il y a 10 ans que le nombre de passagers aériens augmenterait à un rythme de 3% par an pendant les 10 prochaines années, on m’aurait traité de fou, insensé, ridicule ou malade. Et que se passe-t-il aujourd’hui ? Il a augmenté à des taux à deux chiffres, » s’exclame Cunha. « La Coupe du Monde et les JO sont de très bonnes occasions pour améliorer ces choses-là. Il y une échéance à atteindre. C’est maintenant ou jamais. »

Global Post / Adaptation Annabelle Laferrère – JOL Press

> Retour au dossier : Le Brésil prépare les JO de Rio 2016

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