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La présidence Juncker est prolongée… jusqu’à quand?

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Réunis à Bruxelles, lundi 9 juillet, les 17 ministres des Finances de la zone euro ont trouvé le temps, en marge de leurs longues discussions sur le plan d’aide au secteur bancaire espagnol, d’évoquer la question de leur leadership. Des rumeurs prêtaient l’ambition à Paris et Berlin de « muscler » cette présidence de l’Eurogroupe… Aucune annonce n’a été faite mais le prolongement du mandat de Jean-Claude Juncker, président depuis 2005 et Premier ministre luxembourgeois depuis 1995, ne signifie pas, pour autant, que le projet ait été abandonné.

Vers une présidence « musclée » de l’Eurogroupe ?

Un président de l’Eurogroupe qui serait l’égal du président de la BCEMario Draghi, ou de la directrice générale du FMIChristine Lagarde, et qui participerait à ce titre aux réunions internationales comme les sommets du G20. Un président de l’Eurogroupe qui renoncerait à ses responsabilités nationales et incarnerait exclusivement l’euro – et sa dimension politique – pendant cinq ans. Un président de l’Eurogroupe, sorte de ministre des Finances de la zone euro, dont la nomination – pour cinq ans -constituerait une étape supplémentaire dans la voie de la fédéralisation de la zone euro. Ce serait l’idée avancée par Berlin et Paris dont Angela Merkel et François Hollande se seraient entretenus, dimanche 8 juillet, à Reims à l’occasion du cinquantenaire de la rencontre historique entre Konrad Adenauer et le général de Gaulle

Jean-Claude Juncker renommé pour deux ans et demi ou six mois ?

Les membres de l’Eurogroupe ont décidé de renommer Jean-Claude Juncker pour un nouveau mandat théorique de deux ans et demi à la tête de l’Eurogroupe. Le Premier ministre luxembourgeois avait posé comme condition à sa reconduction la nomination d’Yves Mersch, l’actuel gouverneur de la Banque centrale luxembourgeoise au directoire de la Banque centrale européenne. C’est chose faite.

« Ce n’est pas mon intention de faire tout le mandat. Je démissionnerai avant la fin de l’année ou le début de l’année prochaine », a précisé Jean-Claude Juncker. Six mois supplémentaires qui lui permettront, au Sommet européen des 13 et 14 décembre, avec le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, celui de la Commission européenneJosé Manuel Barroso, et de la BCEMario Draghi, de présenter un rapport sur « une authentique Union économique et monétaire ».

Six mois qui correspondent aussi au délai que les 17 se laissent pour trancher la question de sa succession.

Paris et Berlin peine à se mettre d’accord sur le casting

La France, réticente face à la candidature du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, aurait poussé pour une prolongation du mandat du Luxembourgeois. Pierre Moscovici, le ministre français des Finances, s’est déclaré « très satisfait » de la solution trouvée. Il ne s’agit, pour lui, ni d’une « rustine », ni d’un « intérim », ni d’une solution « provisoire ». Au risque d’être contredit par le principal intéressé, Jean-Claude Juncker en personne.

Une autre hypothèse a circulé quant au scénario de l’après-Juncker : la présidence de l’Eurogroupe serait d’abord confiée à Wolfgang Schäuble puis à Pierre Moscovici. Le ministre français a assuré ne pas être « demandeur ». « Ce n’est pas une proposition française », « je ne me mets pas dans cette position-là », a-t-il déclaré, sans toutefois l’exclure.

Pour sa part, le ministre allemand, prié de dire s’il était toujours intéressé par le poste, a renvoyé la balle dans le camp des chefs d’Etat et de gouvernement.

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