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Laurence Parisot dénonce l’irréalisme de Jean-Marc Ayrault

[image:1,l]Après deux jours d’amabilités et d’apparente bonne humeur, l’atmosphère s’est soudainement tendue aux termes du discours de Jean-Marc Ayrault. Alors que l’hémicycle du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris se vidait, Laurence Parisot est restée en compagnie de la délégation du Medef. Comme une mise en scène de son irritation, un conciliabule.

Ce n’est qu’après l’intervention du ministre du travail, Michel Sapin, que la patronne des patrons et ses fidèles ont consenti à quitter la salle. Les « éléments de langage » arrêtés, elle est allée les développer devant la presse, nombreuse à attendre.

Laurence Parisot a alors exprimé sa « déception », son « étonnement ».  « Nous constatons que la feuille de route présentée par Jean-Marc Ayrault ne tient pas compte du tout des réalités économiques que vivent les entreprises et singulièrement les petites et les moyennes entreprises ».

Attention, pourtant, si cette sortie a tout d’un « clash », ce n’en serait pas un. Laurence Parisot a insisté sur sa volonté de « continuer à négocier ». Négocier sur quoi ?

Ce mardi soir, le Medef avait, indéniablement, des raisons d’insatisfactions.

La fin des négociations sur les accords « compétitivité-emploi »

Le Medef avait fait, avant la Conférence, de la compétitivité sa priorité. Jean-Marc Ayrault a annoncé la fin des négociations sur les accords « compétitivité-emploi », qui devaient permettre de moduler le temps de travail et les salaires dans une entreprise en période de difficulté. Contesté par les syndicats, CGT en tête, le dispositif est mis de côté alors que le patronat y était très attaché.

Pour le Premier ministre, la négociation avait été « mal engagée » et les partenaires sociaux sont invités à déterminer, d’ici au premier trimestre 2013, les conditions d’une « meilleure sécurisation de l’emploi ».

Pas de nouvelle négociation sur le marché du travail

Le Medef prônait l’ouverture d’une nouvelle négociation sur le marché du travail. « Un acte 2 d’une négociation sur le marché du travail, ce n’est pas mon état d’esprit, » a lancé le Premier ministre.

C’est dans un tel cadre qu’en 2008 le Medef avait obtenu la création de la rupture conventionnelle. Laurence Parisot avait fait part de ses souhaits de voir le dispositif élargi au niveau collectif. Ce sera « niet » ! Celle-ci devra se satisfaire d’une « négociation au niveau national interprofessionnel sur la base d’un document d’orientation transmis par le gouvernement en septembre 2012 », a expliqué Jean-Marc Ayrault.

Des salariés dans les comités de rémunération

Sur la question des salaires des patrons, Laurence Parisot a subi un autre désaveu. Elle souhaitait que le code de bonne conduite élaboré avec l’Association française des entreprises privées (l’Afep) serve de référence mais il y aura bien une loi : « Avant la fin de l’année, nous présenterons un projet de loi visant à empêcher la pratique des rémunérations abusives et à renforcer le cadre de la gouvernance d’entreprise, notamment par la participation de représentants des salariés au comité de rémunération », a annoncé Jean-Marc Ayrault.

Le chantier de la représentativité patronale

Une dernière source de déception, et non des moindres : le Premier ministre entend se saisir du dossier de la représentativité patronale. « Je connais la complexité du sujet, mais j’ai entendu avec satisfaction les organisations représentatives des employeurs prêtes à se saisir du sujet » a lancé Jean-Marc Ayrault.

Sur ce point, la patronne du Medef s’était montré, devant François Hollande, prête à l’envisager même si, pour elle,  «  les chefs d’entreprise ne se posent pas ce genre de question, ce n’est pas leur priorité ».

Une seule bonne nouvelle : la réforme de la protection sociale

La seule bonne nouvelle, du point de vue du Medef, se situe dans le champ de la protection sociale. « Nous avons noté avec satisfaction que le Premier ministre aborde la question du financement de la protection sociale et il le fait courageusement en imaginant un calendrier assez serré, c’est un bon signe », a déclaré Laurence Parisot, en conclusion de sa déclaration.

Une réaction qui tranche avec celle des syndicats

François Chérèque, le leader de la CFDT, ne masquait pas son enthousiasme : « On ne va pas se plaindre, c’est beau programme, il y a quand même beaucoup de choses qu’on a proposées et qu’on retrouve ! »

Même optimisme du côté de la CGT. Dans le hall du Palais d’Iéna, Bernard Thibault souriait : « On est sur un cap nouveau. Plusieurs des rendez-vous cités dans l’agenda du Premier ministre reprennent des demandes précises que nous avons formulées ».

Des réactions classiques face à un gouvernement de gauche en début de mandat. Ce serait donc cela aussi la « présidence normal » ? Pourvu que ça dure…

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