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L’emploi des seniors en Europe, une situation explosive

[image:1,l]  La France est à la traîne en terme d’emploi des seniors, critiquée pour être l’un des pays européens où les plus de cinquante ans travaillent le moins. Alors que l’Allemagne a atteint un taux d’emploi des 55-64 ans de 60,8% en 2011, la France obtient un taux de seulement 42,6%, selon Le Figaro.  Alors que le Traité de Lisbonne fixait à 50 % le taux d’emploi des seniors (tranche d’âge 55 – 64 ans) pour les entreprises de plus de cinquante salariés, la France se place 7 points en dessous de la moyenne européenne.

Ce phénomène se combine en France avec un chômage élevé des jeunes. Une entrée tardive, un départ anticipé, c’est l’essentiel du problème de l’emploi salarié français qui est abordé avec une vie professionnelle trop courte.

Une évolution de l’emploi des seniors en Europe

Alors, peut-on parler des seniors comme des « oubliés de l’emploi » en France ? Il semblerait qu’on assiste à un changement de mentalités en Europe. Des spécificités culturelles existent – et persistent -, mais une évolution de la gestion de l’emploi des seniors est en cours en Europe. Le Royaume-Uni a, ainsi, voté une loi anti-discrimination de l’âge pour l’emploi et la formation, en 2006, qui a lui permis d’afficher, en 2011, un taux d’emploi des 55-64 ans proche de 57%.

Vieillissement de la population: allongement nécessaire de la vie professionnelle

Dans le contexte actuel de vieillissement démographique – et avec l’arrivée à l’âge du départ à la retraite des générations du baby-boom – une étude de l’association Entreprise & Personnel, citée dans Le Figaro, a montré que 35% de la population active allemande serait amenée à disparaître d’ici à 2060. Les autres pays européens ne seraient pas épargnés. Une reconsidération de l’emploi des seniors s’impose alors, ainsi que l’allongement du temps de vie au travail au niveau européen pour pallier cette baisse annoncée de la population active.

Des mesures sont mises en oeuvre en Europe pour le maintien et l’accroissement de l’emploi des plus de 50 ans.

Le management des seniors en Europe

L’étude menée par le réseau associatif Entreprise & Personnel, publiée dans Le Figaro, a recensé les différentes formes de management des seniors dans les pays européens. Des tendances émergent comme le « management de la qualité de vie du salarié », le « management de la diversité des âges » ainsi que la « gestion de la transition de l’activité à la retraite ».

Par exemple, le « management de la qualité de vie » du salarié met en avant sa « dimension participative » prise en compte dans « Produktionsystem 2017 ».  Ce projet, proposé par le constructeur automobile BMW,  permet aux salariés seniors de mentionner sur une maquette de la chaîne de production, les travaux difficilement réalisables, de manière à les adapter ensuite à leur âge et les rendre moins éprouvants.

Le « management de la diversité des âges » : élargir le rôle des seniors grâce à un partage de connaissances entre les générations, voici le pari de Telecom Italia. Les jeunes salariés, ayant baigné dans les nouvelles technologies dès leur plus jeune âge peuvent ainsi sensibiliser les séniors à l’informatique et l’utilisation des réseaux sociaux. Inversement les seniors transmettent leur expérience aux jeunes diplômés.

Une autre pratique de gestion des seniors ressort en Europe. Comme Axa ou la Deutsche Post, proposent à leurs salariés des temps partiels de 90% à 50% pour le groupe d’assurance, afin de permettre aux seniors de rester au sein de l’entreprise tout en s’adaptant dans cette transition de l’activité professionnelle à la retraite. 

Des mesures expérimentées au niveau européen

Le vieillissement démographique implique un allongement de la vie professionnelle. Des mesures ont été mises en place par l’Union Européenne pour maintenir l’emploi des seniors mais également l’accroître.

L’aménagement du poste, tout d’abord, permet d’améliorer les conditions de travail du salarié, en tenant compte de la charge physique – diminution du bruit, de l’éclairage, des gestes répétitifs – et de la charge mentale – prévention du stress, aménagement des horaires.  Un accord sur la lutte contre le stress au travail avait d’ailleurs été signé en 2004 par les partenaires sociaux européens.

Le temps partiel, autre mesure souvent adoptée par les pays européens, comme les Pays-Bas ou encore la Belgique qui accorde des jours de congés supplémentaires aux salariés de plus de cinquante ans dans certains hôpitaux.

L’adaptation du contenu du travail aux salariés seniors est également une solution. Par exemple en Suède, le constructeur automobile Volvo permet aux travailleurs de faire des tâches plus précises et moins physiques.

Le facteur santé, fondamental dans le maintien et l’accroissement de l’emploi des séniors. La bonne santé physique et mentale des salariés est la priorité des entreprises pour garder leurs salariés le plus longtemps possible, comme en témoignent les campagnes de santé en Allemagne : « travailler en bonne santé jusqu’à un âge avancé ». La Finlande, quant à elle, accorde une prime pour les salariés sportifs. De nombreuses campagnes de prévention contre le tabac, l’alccol ont été lancées au niveau européen. 

La formation professionnelle des seniors aux nouvelles technologies (informatique, internet, réseaux sociaux) ou les formations continues, leur permettent de s’adapter et de continuer à évoluer au sein de l’entreprise.   

Enfin, les mesures fiscales européennes peuvent être un moyen de maintenir et de gérer l’emploi des séniors. Les pays scandinaves, ont par exemple développé des mesures d’incitations fiscales à l’emploi des plus de cinquante ans, tout comme les Pays Bas, qui ont mis en place des réductions de charges sociales.

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