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Lutte contre le changement climatique le défi de l’Amérique Latine

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La sécheresse qui frappe le Mexique, les nombreuses tempêtes en Amérique centrale, la montée des eaux qui engloutissent de vastes zones côtières, de nombreux glaciers andins amenés à disparaître: autant de phénomènes qui traduisent un changement climatique à l’échelle du continent. 

Sécheresse et changement climatique en Amazonie

La sécheresse qui sévit en Amazonie a un impact direct sur le changement climatique. Jusque-là considéré comme « humide », le premier poumon d’oxygène de la planète doit désormais faire face aux incendies.  

Les arbres de l’Amazonie absorbent le CO2 de l’atmosphère lors du processus naturel de photosynthèse. Certains scientifiques ont montré que ces arbres étaient brûlés, là où les zones forestières étaient déboisées. Le dioxyde de carbone retourne alors dans l’atmosphère, accroissant ainsi l‘effet de serre. Ce cycle inexorable pourrait bien transformer une grande partie de l’Amazonie, comparée auparavant à une « éponge », en une savane.

Les coûts humains et financiers du changement climatique

Les scientifiques sont presque tous d’accord pour affirmer que la météo imprévisible, les tempêtes à répétition, les inondations et la sécheresse traduisent un bouleversement climatique en cours. Tous ces phénomènes auront des coûts énormes, tant humains qu’économiques, selon les experts, pour qui les populations pauvres seront les plus touchées.

100 milliards de dollars d’ici 2050

Selon une étude publiée en juin dernier, à l’occasion du Sommet de Rio +20, le changement climatique coûterait 100 milliards de dollars par an d’ici 2050 à l’Amérique Latine. Cette estimation comprend la diminution des récoltes, les dommages causés par les catastrophes naturelles  – inondations et sécheresse –  la propagation des maladies tropicales, selon l’étude menée par la BID, le World Wildlife Fund et les Nations Unies.

Autre coût considérable: 7 milliards de dollars découlant de la pêche et de la perte des revenus touristiques due au blanchissement des coraux des Caraïbes – phénomène de dépérissement qui s’explique par la hausse des températures océaniques et l’acidité des mers provoquée par l’augmentation des émissions de CO2.

«  Beaucoup de changements climatiques sont irréversibles et continueront d’influer sur la région à long terme », a averti Walter Vergara, chef de la BID sur le changement climatique et le développement durable.

Bien que l’Amérique Latine ne représente que 11% des émissions mondiales de carbone, les écologistes insistent pour que  les gouvernements se mobilisent davantage pour réduire l’empreinte carbone.

Venezuela, mauvais élève

Le Venezuela, où l’essence est la moins chère du monde, est un mauvais élève en la matière. L’immense manne pétrolière du pays a conduit à subventionner des véhicules polluants.

« Les gouvernements de la région font pression sur les grands émetteurs pour qu’ils réduisent leurs émissions » explique Ricardo Navarro, du CESTA, branche des Amis de la Terre d’El Salvador. « Mais ils ne posent pas les questions fondamentales sur un modèle économique qui extrait et consomme des ressources naturelles de manière non durable ».

Lorsque les avancées sociales nuisent au développement durable

Ricardo  Navarro, travaille avec les communautés côtières touchées par la disparition des mangroves, due à la montée des eaux de l’océan Pacifique,  «Comme la plupart des autres gouvernements, les gouvernements latino-américains essaient de se développer, bien que nous ayons déjà dépassé les limites de ce que notre planète peut supporter », explique-t-il.

Le président bolivien Evo Morales avait exigé que les pays développés versent des réparations climatiques aux pays pauvres, en vain. Dans son projet, Evo Morales proposait également la construction d’une route traversant une réserve amazonienne. Cette initiative aurait pu engendrer des millions de tonnes d’émissions de carbone supplémentaires engendrés par la déforestation.

Les gouvernements des pays d’Amérique du Sud sont souvent confrontés à ce type de dilemme: financer la construction d’infrastructures destinées à stimuler le commerce et sortir des millions de personnes de la pauvreté, en utilisant les revenus de l’exportation de matières premières, mais aussi porter atteinte à l’éco-système déjà fragilisé.

Réchauffement climatique: le Mexique se fixe des objectifs

Le Mexique est devenu le deuxième pays au monde, après le Royaume-Uni, à se fixer des objectifs juridiquement contraignants concernant la réduction des émissions, en partie à cause de la sécheresse qui a frappé une grande partie du pays cette année.

En vertu de la loi adoptée en 2012, le Mexique doit réduire son empreinte carbone de 30 % d’ici 2020 et de 50 % d’ici 2050, un énorme engagement pour la deuxième plus grande économie d’Amérique Latine où des millions de personnes vivent encore dans une grande misère.

Une étude récente menée par l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT) révèle que de nombreuses villes d’Amérique Latine sont très en avance sur leurs homologues américains en matière de plans d’urgence pour le changement climatique. Quito, capitale équatorienne, s’est par exemple adaptée à la fonte rapide des glaciers, en anticipant son approvisionnement en eau.  

Mais globalement, les écologistes restent critiques sur « l’inaction » de la plupart des gouvernements latino-américains sur le changement climatique.

Le défi consiste à trouver une voie de développement qui soit véritablement durable pour que les pays puissent s’adapter aux impacts inévitables et dévastateurs de la crise climatique.

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