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Manger son placenta, une pratique d’avenir?

[image:1,l] Créé au cours de la grossesse pour permettre le développement du fœtus dans l’utérus de la mère, le placenta est un organe unique, expulsé quelques minutes après l’accouchement. Dans le milieu hospitalier français, le placenta est détruit car considéré comme un déchet organique, mais en Chine et aux Etats-Unis, il est courant que les jeunes mères le réclament pour le cuisiner.

« Le placenta est bourré de vitamines. Il n’y aura pas d’étude là-dessus, mais de façon empirique on sait que le placenta a des vertus bénéfiques par voie externe », affirme ainsi Valérie Supper, sage-femme libérale en Alsace.

La placentophagie

La « placentophagie » puise ses origines dans la médecine traditionnelle chinoise. Cette pratique permet de profiter des vitamines B12 et du fer naturellement présents dans le placenta et d’améliorer la qualité du lait maternel. Ingérer son placenta permettrait également de renforcer le lien mère-enfant, ainsi que d’éviter le fameux baby blues, la dépression postnatale.

La législation française

En France, la collecte du placenta est encadrée par la loi de bioéthique, publiée en 1994 et revue le 7 juillet 2011. Selon la législation française, « le placenta ne peut être collecté qu’à des fins thérapeutiques ou scientifiques si la femme accouchée ne s’y est pas opposée ».

Une pratique soutenue par certains scientifiques

Des neuroscientifiques de l’université de Buffalo (État de New York) ont publié un article dans le journal Ecology of Food and Nutrition, dans lequel ils montrent que le placenta, peut avoir des effets bénéfiques sur la santé de la mère après l’accouchement, s’il est ingéré.

Le placenta en capsules aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, les jeunes mères sont de plus en plus nombreuses à conserver leur placenta pour le consommer sous forme de capsules. Juste après l’accouchement, elles confient leur organe à des préparatrices spécialisées qui le nettoient, le déshydratent avant de le réduire en poudre et de le mettre sous formes de capsules, contre la somme de 250 dollars.

Lynnea Shrief, une Américaine expatriée à Londres, s’est lancée dans « l’encapsulation de placenta » : « Je l’ai fait la première fois pour une amie en suivant une recette de médecine traditionnelle chinoise », raconte-t-elle.

The Independent Placenta Encapsulation Network, c’est le nom de l’entreprise pour le moins originale de Lynnea Shrief, qui forme une trentaine de « préparatrices de placenta » en Angleterre, en Australie, à Dubaï et à Hongkong.

« La demande est en constante augmentation, surtout depuis cette année. J’en ai déjà encapsulé pour environ 500 femmes », explique-t-elle.

L’entreprise doit appliquer des règles sanitaires très strictes pour pouvoir manipuler le placenta, selon la loi anglaise. « Je suis le même protocole de stérilisation des instruments que celui de l’hôpital », ajoute-t-elle.

Chine : là où manger son placenta est une pratique courante

Toute cette euphorie autour du placenta puise en fait ses origines dans la médecine traditionnelle chinoise, il y a plus de 2000 ans. Qin Shihuang, premier empereur d’une Chine unifiée, aurait ainsi vanté, il y a 2200 ans, les vertus du placenta pour la santé, tout comme l’impératrice douairière Cixi, pendant la dernière dynastie chinoise, qui en aurait d’ailleurs consommé pour rester jeune.

Pendant la dynastie Ming (1368-1644), un texte médical aurait également certifié que l’organe était « très nutritif » et vanté ses propriétés antivieillissement.

« Il est en ce moment dans mon réfrigérateur et j’attends l’arrivée de ma mère pour le faire cuire et le manger. Une fois nettoyé, il peut être préparé en soupe, sans qu’il ait cette actuelle odeur de poisson », déclare Mme Wang à l’AFP.

Mais toutes les jeunes mères chinoises ne partagent pas cet engouement pour le placenta : « Je sais que c’est bon pour la santé, mais l’idée de manger de la chair humaine me donne tout simplement la nausée. C’est quelque chose que je ne peux pas faire », explique Grace Jiang, une jeune mère de famille.

Un marché noir de placentas

Un marché noir de placentas s’est développé dans certains hôpitaux chinois. Une enquête menée en 2011, a montré qu’un hôpital de la ville de Canton vendaient les placentas pour 20 yuans (2,5 euros) l’unité, allant jusqu’à 40 euros dans d’autres régions, comme dans la ville de Jinan.

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