Site icon La Revue Internationale

Pourquoi les armes resteront légales aux États-Unis

[image:1,f]

Pour cette campagne présidentielle, Barack Obama est très attendu sur la question du port d’armes aux Etats-Unis, tout comme son adversaire républicain Mitt Romney. Cependant, il est probable qu’aucun d’entre eux ne se prononcent sur cette question tant le risque politique est grand en période électorale. Dernier exemple en date : le candidat démocrate Al Gore qui en 2000 s’était prononcé pour un contrôle rigoureux du port d’armes à feu avait ainsi perdu un grand nombre de voix. Un faux pas qui a, sans aucun doute, participé à sa défaite à l’élection présidentielle.

Un contrôle accru, pas une interdiction

Si en France, comme dans de nombreux pays d’Europe, porter une arme à feu est interdit par la loi, l’interdiction formelle du port d’armes est constitutionellement inenvisageable aux Etats-Unis. Seul un contrôle plus accru pourrait être instauré. 

Le droit au port d’armes est inscrit dans la Constitution des Etats-Unis. Le deuxième amendement déclare explicitement que tout citoyen américain peut librement se procurer une arme. Cet amendement date du 15 décembre 1791, il est ancré dans l’histoire américaine. Seule une procédure extrêmement longue, et une volonté de la majorité des Etats pourraient éventuellement remettre en cause la Constitution.

Une liberté individuelle

Pour de nombreux Américains, ce droit est une liberté individuelle interprétée comme un droit à l’autodéfense. Toute restriction de ce droit serait donc considérée comme liberticide. Même la tuerie d’Aurora, tout comme les précédentes fusillades qui ponctuent le quotidien des Américains, ne sont pas des arguments pour interdire ou restreindre ce droit. Au contraire, beaucoup estiment que, lors de la tuerie d’Aurora, si l’un des spectateurs avait été armé, il aurait pu maîtriser l’assaillant et ainsi sauver des vies.

L’exemple d’Anders Beiring Breivik en Norvège, pays ou le port d’armes est interdit, ne fait qu’alimenter l’argumentaire des partisans de l’armement libre. Selon eux, les personnes mal intentionnées trouveront toujours un moyen de s’armer, ainsi, il faut pouvoir se défendre en cas d’attaque.

Un lobby puissant

La National Riffle Association (NRA) joue également un rôle important dans le maintien de ce droit aux Etats-Unis. Lobby le plus puissant, fort de plus de 4,3 millions de membres et de 202 millions d’euros de dons, il n’hésite pas à jouer de son influence en politique. En 2008, l’association a investi 40 millions de dollars en diffusion de publicités contre Barack Obama, qui avait pourtant tenté de rassurer la population pro-armes.

Cet important lobby est également le reflet d’une importante part de la population d’Américains armés : 315 millions d’habitants300 millions d’armes en circulation. Dans la majorité des Etats, les armes peuvent être obtenues avec une grande facilité.

Deux niveaux de loi

Aux Etats-Unis, les lois sont votées au niveau national, mais également à l’échelle fédérale. Ainsi, dans certains Etats, seul un permis de conduire est nécessaire à l’obtention d’une arme. Dans d’autres, les contrôles peuvent être plus rigoureux. Ainsi, des « backgrounds checks », doivent être effectués par les vendeurs d’armes afin de vérifier que l’acheteur n’a pas de casier judiciaire. Dans l’Etat de New York, le contrôle des armes à feu est notamment beaucoup plus strict que dans les Etats de l’ouest ou du sud des Etats-Unis.

Le maire de New York, Michael Bloomberg, s’est d’ailleurs exprimé sur le sujet à la suite de la tuerie d’Aurora. Ce dernier estime que Barack Obama et son adversaire Mitt Romney devraient se positionner plus clairement sur la question dans le contexte électoral actuel. « Il est temps que les deux hommes qui veulent être président des États-Unis se lèvent et nous disent ce qu’ils vont faire à ce sujet, car il s’agit à l’évidence d’un problème qui concerne tout le pays ».

Pourtant, dans ce contexte Barack Obama ne voudra sans doute pas risquer de perdre ses voix libérales en s’engageant afin de restreindre l’accès aux armes et Mitt Romney ne tentera pas de déclencher la colère des démocrates favorables aux restrictions et apparaître insensible en cette période de deuil.

Quitter la version mobile