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Présidence de l’UMP: un avant-goût de primaires pour 2017

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Ils sont nombreux au rendez-vous des ambitions… Par un « Je suis candidat à la présidence de l’UMP » sur Twitter samedi 30 juin, suivi d’un entretien au Journal du Dimanche le lendemain, François Fillon, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, a dégainé le premier dans la course à la présidence de l’UMP. Jean-François Copé prétend, pour sa part, attendre la fin de l’été – ou, au moins, de la session extraordinaire du Parlement – mais ses intentions ne font pas de doute. Alain Juppé, dans la position du « sage », pose des conditions, sans doute in fine intenables. Bruno Le Maire, François Baroin, Nathalie Kosciusko-Morizet, Laurent Wauquiez, Rachida Dati… Ils sont nombreux à se sentir pousser des ailes ou à s’agiter pour peser.

La double défaite, présidentielle puis législative, ouvre un nouveau cycle à droite et plusieurs lignes s’affrontent alors que le parti se retrouve coincé entre un centre aux velléités d’indépendance et la nouvelle majorité présidentielle, à gauche, et le Front National, à la droite de la droite.

Au-delà, une autre question se pose que la précédente opposition avait feint de trancher : dans la logique du quinquennat, qui fixe clairement l’échéance de l’alternance, comment s’opposer ? Faut-il – comme en avait fait le choix le Parti socialiste après 2007 – une direction chargée de reconstruire l’organisation et les fondements idéologiques de l’opposition en attendant, qu’à la veille de l’élection présidentielle – 2016 en l’occurrence –, elle choisisse – par exemple par des primaires ouvertes – un challenger au Président de la République sortant ou faut-il, au contraire, trancher d’ores et déjà la question du casting et désigner, sans attendre, celui ou celle, chargé d’incarner l’opposition et, un jour, l’alternance ?

Le duel François Fillon versus Jean-François Copé

Il y a sans doute un point d’accord entre l’ancien Premier ministre et l’actuel Secrétaire général de l’UMP : à travers une victoire au Congrès de 2012, François Fillon comme Jean-François Copé cherchent à prendre une longueur d’avance sur leurs adversaires et s’imposer, d’ores et déjà, comme le « candidat naturel » à la présidentielle de 2017. Ce que cherchent les deux hommes – à mots couverts -, c’est à incarner l’opposition à François Hollande, en être le leader indiscutable, indiscuté, dans la reconquête du pouvoir, lors des élections locales ou européennes qui ponctueront le quinquennat et jusqu’en 2017 – compris.

Ce rôle, les deux hommes se le sont déjà imaginé. C’est celui du leader de l’opposition dans la tradition britannique – le statut officiel en moins -, l’alternative incarnée au pouvoir en place. Si ce n’est pas, à proprement parler, dans la tradition française, c’est un peu la situation qu’a connu la droite française entre 1981 et 1986, lorsque, malgré les rêves de conquête giscardiens et les velléités barristes, le leadership de Jacques Chirac était absolument évident. François Fillon et Jean-François Copé s’imaginent en Chirac face à un François Hollande mitterrandien. Et les primaires – ouvertes ou pas – de 2016 ne seraient alors qu’une formalité, une affaire déjà réglée.

A bien y réfléchir, c’est assez dans la logique présidentialiste de la Vème république. Nul doute qu’en se rasant le matin, les deux champions y songent. Alors, après tout, pourquoi ne pas trancher sans attendre et les laisser démontrer lors des élections intermédiaires ce qu’ils s’imaginent en mesure de réussir lors de la seule échéance qui compte, plus que jamais, la présidentielle. Le candidat d’abord, le parti après.

L’alternative Alain Juppé

La solution inverse est celle que semble défendre Alain Juppé. Il faudrait à l’UMP un président qui s’engagerait – même si les promesses n’engagent, a fortiori quatre ans avant l’échéance, que ceux qui les prennent – à ne pas être candidat, en 2016, à la candidature pour 2017. Un président qui serait chargé de permettre la cohabitation sereine des lignes politiques et des ambitions, un président en mesure d’éviter une prématurée « guerre des chefs » et la remise en marche de la « machine à perdre ».

C’est un peu le choix qu’avait fait le Parti socialiste lors de son Congrès de Reims en 2008, et l’on peut penser que, sans l’affaire DSK, Martine Aubry aurait tenu promesse. Moins droit dans ses bottes, mais pourtant pas gauche, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac s’imaginerait donc dans le rôle de la « Dame des 35 heures » autour d’une « équipe collégiale »… A moins qu’il n’ait à l’esprit l’offre de service du Premier ministre Pierre Messmer, en avril 1974, prêt à se dévouer pour l’Elysée, à condition que les deux frères ennemis, Jacques Chaban-Delmas et Valéry Giscard d’Estaing, se retirent. Si Alain Juppé n’était pas né en 1945 – et ne devait pas avoir 72 ans lors de la prochaine présidentielle -, on pourrait douter, au moins pour partie, de la sincérité de ses intentions.

Les « pressés », pressés d’attendre

« Si mes idées n’étaient pas défendues », « Si ma ligne était reprise »… Ils en rêvent de la présidence, la vraie – P majuscule – mais c’est encore un peu tôt et ils fourbissent leurs armes. Certains pourraient être tentés de prendre date, d’autres de la jouer « collectif », histoire d’attendre que la course s’emballe. Un point commun ou presque, leurs dates de naissance… la petite ou la grosse quarantaine, juste ce qu’il faut  pour être dans la force de l’âge, une fois venu 2016-2017. La liste est longue : Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, François Baroin, Laurent Wauquiez et même Rachida Dati… et ce n’est que le début ! Il faudra sans doute aussi compter sur Xavier Bertrand, Valérie Pécresse… et tant d’autres. 

Ensuite, il faudra composer avec les courants, les plus à droite, les plus à gauche, les libéraux, les radicaux, les républicains, les démocrates, les sarkozystes, les chiraquiens et villepinistes, les ex-giscardiens, peut-être des barristes et, sûrement, des gaullistes. L’UMP, combien de divisions ? C’est précisément l’enjeu, le piège dans lequel il ne faudrait pas tomber. A moins qu’il faille y tomber maintenant dans ce piège pour être plus consensuels dans quatre ans et unis dans cinq.

Mais on en revient à la question de départ : au-delà des querelles de personnes, c’est la meilleure stratégie pour incarner l’opposition, une opposition forte face au pouvoir hollandiste que devront s’efforcer de choisir les militants de l’UMP. Et, de là où il est, nul doute que celui qui a laissé la place vacante veille et téléphone…  

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