Site icon La Revue Internationale

Brève histoire du Parti républicain

abraham_lincoln.jpgabraham_lincoln.jpg

[image:1,l]

La lutte contre l’esclavage et la fin des Whigs

Le Parti républicain est né en 1854, à Pittsburgh. La motivation essentielle de la fondation du Parti était alors la lutte contre l’esclavage : une loi venait d’être votée, le Kansas-Nebraska Act, qui autorisait entre autres l’esclavage dans l’Etat du Kansas. Les Républicains d’alors, qui croyaient fermement en la liberté individuelle et s’opposaient donc à toute forme de spoliation de liberté, craignaient que cette loi mène à une possible extension de l’esclavage à l’ensemble du territoire américain.

Très rapidement, le Parti républicain s’étend dans tout le territoire, à l’exception notable du Sud esclavagiste, quasi-unanimement démocrate. S’il s’approvisionne chez les Démocrates anti-esclavagistes du Nord, son ascension se fera surtout sur le dos du Parti Whig, droite libérale d’alors, incapable de préserver son unité face à la question esclavagiste. En l’absence de positionnement clair du Whig sur le problème, toute l’aile abolitionniste ou presque se tourne vers les Républicains. Les Whigs ne s’en remettront jamais.

En 1856, à l’élection présidentielle, le candidat républicain, John Frémont, ne recueille certes que 33% des voix, contre 45% au Démocrate James Buchanan. Mais qu’importe, les Républicains représentent déjà le deuxième parti du pays : pour le Whig, Millard Fillmore ne recueille lui que 22% des voix. Quatre ans plus tard, les Whigs ont quasi-disparu et c’est un de leurs anciens ténors, Abraham Lincoln, profitant des divisions démocrates sur la question de l’esclavage, qui remporte la présidentielle… sous l’étiquette républicaine.

Les Républicains victorieux

L’élection de ce nordiste abolitionniste, constitue l’élément déclencheur d’une inévitable guerre civile. Le Nord, et par extension les Républicains, en sortent vainqueurs grâce à leur puissance industrielle. Pour le Grand Old Party, c’est le début d’une domination outrageuse de la vie politique américaine, aux dépends de Démocrates qui ont considérablement souffert de la défaite du Sud et doivent se reconstruire.

Cette domination durera jusqu’à la crise de 1929, et ne fut ponctuée que par les très circonstancielles victoires de Grover Cleveland (1884) face à un James Blaine extrêmement impopulaire et de Woodrow Wilson (1912), opposé à deux candidats républicains, Theodore Roosevelt et William Taft, respectivement progressiste et conservateur.

Crise de 1929, traversée du désert et reconquête progressive et progressiste

Le crack de 1929 sonnera le glas de cette domination quasi-inconditionnelle. L’inefficacité des mesures républicaines, basées sur les postulats non-interventionnistes classiques, à endiguer la crise et le chômage, va redonner du crédit aux démocrates progressistes. De 1932 à 1952, les Républicains sont en retrait de la vie politique, leurs positions isolationnistes en plein contexte de Guerre Mondiale, puis de Guerre Froide, ne les aidant pas à recouvrer leur crédibilité.

Il faudra la victoire de la branche dite « internationaliste » progressiste  sur les isolationnistes conservateurs au sein du GOP pour que celui-ci, grâce à Dwight Eisenhower, ne retrouvent la Présidence en 1952. Mais la défaite de Richard Nixon, face à John Kennedy, entraîne un changement intellectuel progressif au sein du Parti républicain, qui commence à douter de la viabilité du mouvement progressiste. En effet, chez les Démocrates, l’aile gauche s’impose progressivement. A cela, deux conséquences : l’électorat conservateur démocrate ne se reconnaît plus dans son parti, tandis que bien des progressistes républicains sont tentés de passer dans le camp adverse.

Le renouveau conservateur

Ce sont donc les conservateurs – qui n’ont maintenant plus rien d’isolationnistes – qui vont reprendre la main sur le GOP, processus qui va culminer dans les années 1980 avec la célèbre « Révolution conservatrice » de Ronald Reagan. Et, même en cas de retour ponctuel des progressistes/modérés sur le devant de la scène – avec notamment George Bush senior – les conservateurs gardent la force nécessaire pour plomber toute velléité de leur part. Ainsi, irrités par la hausse des impôts entreprise par George Bush, les conservateurs préfèrent soutenir un candidat dissident. Avec, à la clé, la victoire du démocrate Bill Clinton.

La division entre modérés et conservateurs est désormais durablement inscrite dans le paysage républicain. C’est pour éviter d’en souffrir que Mitt Romney, considéré comme un modéré, a porté son choix sur Paul Ryan, figure conservatrice, pour la Vice-Présidence. En espérant surmonter le clivage qui règne au sein du GOP.

> Retour au dossier : Les Républicains en ordre de bataille derrière Mitt Romney

Quitter la version mobile