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Comment #harcelementderue a envahi la Toile

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Le projet de Sophie Peeters

Sophie Peeters ne s’attendait peut-être pas à déchaîner les foules avec son projet de fin d’études. Et pourtant. Cette jeune réalisatrice a décidé de le consacrer à un sujet qui la touche personnellement, ainsi que des millions de femmes. Dès qu’elle marche dans les rues de son quartier bruxellois, c’est toujours la même chose : des insultes, des commentaires déplacés, des propositions indécentes. Elle dit non, mais les hommes sont insistants, voire agressifs.

Le dérapage sur Twitter

Comme toute femme dans cette situation, elle se demande d’abord si sa tenue est trop provocante, ou si elle devrait marcher plus vite ou regarder par terre. Elle choisit de filmer en caméra cachée son calvaire quotidien. Puis diffuse sa vidéo sur la Toile. Succès. Plusieurs femmes s’y reconnaissent, pendant que certains hommes semblent ignorer le phénomène et pire, le minimisent. Mathieu Géniole, chroniqueur médias, lance alors le 31 juillet 2012 à 6h45 un tweet, sur ce malaise, qui fait l’effet d’une bombe.

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« Un cas extrême relativement isolé », commente-t-il. Ces mots indignent sur Twitter, et une utilisatrice, du nom de code « Crêpe georgette » lance à chaud dans la journée du 31 juillet le projet #harcelementderue, pour lui répondre et pallier cette soi-disant méconnaissance de la situation. Les femmes sont invitées à partager leurs expériences malheureuses et souvent quotidiennes.

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Suit alors un déferlement de tweets de femmes victimes d’harcèlement de rue, et aussitôt le sujet culmine dans le top de Twitter. Pourquoi ? Parce que non, ce problème n’est pas isolé. Il apparaît même que la majorité des femmes qui marchent dans la rue en sont régulièrement victimes. Les hommes semblent tomber des nues, et se demandent pourquoi les femmes n’en ont pas parlé avant, si la gravité de la situation est aussi prononcée qu’elles le laissent entendre.

Les témoignages des femmes sur le réseau social

Depuis, sur la Toile, les femmes expliquent que ces remarques désobligeantes sont tellement récurrentes qu’elles sont devenues leur quotidien, et que leur silence jusqu’alors venait d’une peur d’être prises pour des femmes prétentieuses ou ayant tendance à se plaindre « pour un rien ». Les hommes ont également pris le compte Twitter d’assaut et ont apporté leur point de vue: certains estiment que ce comportement est plutôt flatteur, d’autres normal (« naturel et propre à chaque espèce » ose écrire un utilisateur), d’autres vont même jusqu’à alerter de la mort du lien social si une telle pratique venait à disparaître.

Un phénomène inconnu des hommes ?

Mathieu Géniole, qui n’en revient pas, fait amende honorable en publiant un article où il présente ses excuses et explique qu’il était tout à fait ignorant d’un tel phénomène. Un peu difficile à croire tout de même. Même si la majorité des hommes n’interpellent pas les femmes de cette manière, prétendre ignorer l’existence de telles pratiques peut étonner les oreilles (ou plutôt les yeux) des Twitteuses.

Un sujet abordé timidement dans les médias

Rappelons que le sujet avait déjà été traité sous différents angles : au cinéma, avec le film Les Femmes du bus 678, ou encore par l’humoriste française Bérangère Krief, comédienne révélée par la série Bref, qui s’est fait connaître pour son « cours de répartie anti-relous », une situation tournée à la dérision, mais qui montre bien les insultes reçues par les femmes dans la rue (3:22). 

La vidéo de Bérangère Krief

Le collectif Osez le féminisme ! avait également publié une vidéo dénonçant ces interpellations agressives et dégradantes, mais il est peut-être moins facile de détourner les yeux de son application Twitter de nos jours. Les femmes ont peut-être trouvé là le lieu idéal pour s’exprimer. Le débat est désormais lancé. Le hastag #harcelementderue continue depuis de s’animer et de servir d’espace d’expression pour les femmes de tous horizons. Ce mouvement sera-t-il suivi d’actions ? Affaire à suivre…

Vidéo du Collectif Osez le féminisme !

 

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