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Des groupes contestataires s’en prennent aux Jeux

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Des Jeux déjà perturbés

Déjà, environ 400 personnes sont descendues dans les rues de l’Est londonien pour manifester contre ce qu’ils appellent les « Jeux Olympiques d’entreprise ». La manifestation était organisée par le « Counter Olympics Network ». Au programme des plaintes : la demande de places gratuites pour les personnes issues des classes supérieures, les routes bloquées et réservées aux VIP ou encore les batteries anti-aériennes installées sur les toits d’immeubles résidentiels.

En plus de ce groupe, Global Post-JOL Press a identifié quatre autres organisations qui sont décidées à intervenir pendant les Jeux pour faire entendre leur voix : Space Hijackers, Art not Oil, Greenwash Gold et Anonymous.

Counter Olympics Network (CON)

Le CON est un rassemblement de groupes et de personnes qui partagent des préoccupations variées, telles que l’environnement, le pouvoir excessif des grandes entreprises, les libertés civiles, ou encore les problèmes liés au travail ou au logement.

Ce qu’ils veulent : avec autant de préoccupations, le CON considère que les Jeux sont l’occasion parfaite de se faire entendre, et qu’ils ne sont pas nécessairement en soi le cœur de leur combat.

Comme indiqué sur leur site internet : « Notre but n’est pas de nous opposer aux Jeux en tant que tels, mais d’utiliser leur médiatisation pour renforcer l’impact de nos campagnes existantes et de notre activisme en ce qui concerne les problèmes locaux tels que le logement, les privatisations ou l’excès de surveillance. Nous voulons également nous assurer que les promesses faites par les organisateurs aux populations touchées négativement par les Jeux soient tenues. »

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Leur plan d’action : un petit peu de désobéissance civile tout d’abord, mais surtout des opérations spéciales avec par exemple l’opération « Counter Olympic Torch Relay ». Le site internet du réseau est constamment mis à jour sur les manifestations prévues. Celle de samedi 29 juillet avait ainsi été nommée « A qui les Jeux ? A qui la ville ? », une manifestation « douce et familiale ».

Plus connus pour : tout le long du processus de préparation des Jeux, le CON s’est affirmé comme l’un des fers de lance des inévitables mécontents de la tenue de ce genre d’évènements. Il s’est notamment coordonné avec deux autres grandes organisations de contestation : Our games et Drop Dow Now, leur site internet relayant parfaitement les évènements tenus par ces deux groupes.

Image : En avril, Buisnessweek parlait de ce groupe comme rompant avec les standards de la protestation olympique, basés sur le « bruit et la fureur ». Au lieu de ça, le CON s’était fait remarquer pour protester par le biais de la langue des signes lors des conférences de presse et des réunions des organisateurs, plutôt que de chercher systématiquement à empêcher de parler les interlocuteurs. Bien que présenté comme exerçant à une échelle très locale, il apparaît en fait que le CON a les moyens de devenir l’un des plus sérieux groupes de protestation de ces Jeux.

The Space Hijackers

Les Space Hijackers se sont eux-mêmes intitulés les « manifestants officiels des JO de Londres 2012 ». Ce collectif londonien « d’anarchitectes » est né en 1999. Leur projet pour ces Jeux est de mettre en place une opération de « piratage de l’air ».

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Mieux connus pour : sur leur compte Twitter, les pirates ont posté un logo ressemblant particulièrement au logo officiel des Jeux, avec pour objectif de parodier ce qu’ils estiment être la marchandisation des JO. Les pirates expliquent cela : « Etant donné qu’il y a une barre chocolatée officielle, une télévision officielle, une marque de junk-food officielle, bref une liste sans fin de choses officielles, nous avons estimé normal qu’il y ait des manifestants officiels » . Mais le Comité d’organisation ne plaisante pas avec les sponsors : celui-ci a ainsi contacté Twitter, inquiet que les Space Hijackers puissent être considérés comme des partenaires officiels. Leur compte a ainsi été temporairement clos. Mais avec la médiatisation de l’affaire, ils peuvent se rassurer : ils sont bien devenus les manifestants officiels des Jeux.

Image : certains les trouvent inventifs, d’autres comiques voire imprudents, mais une chose est sûre, ces anarchistes et anticapitalistes aiment bien donner dans le sarcastique.

Art not Oil

Cette association mène une croisade contre le mécénat artistique de certains grands groupes pétroliers, insistant pour que la créativité soit au service de la « justice climatique ».

Ce qu’ils veulent : le groupe cherche à mettre en évidence les liens qui existent entre le monde de l’art et l’industrie du pétrole, une connexion pas forcément évidente au premier abord. Sur son site, le groupe déclare vouloir inciter les artistes à « produire des œuvres qui mettent en avant les dommages que font BP ou Shell à la planète, et célébrer le rôle que peut jouer l’art pour lutter contre ces dommages, par la recherche de solutions ou tout simplement par la dénonciation. »

Leur projet : mettre en place des galeries d’art en ligne, à la forme et aux contenus variés, mais aux thèmes similaires : nature et cupidité des entreprises, pétrolières et autres. Une galerie récente, intitulée « Culture or Vulture 2012 ? » présente des œuvres inspirées des polémiques autour des coûts, des promoteurs et de la sécurité renforcée des Jeux. Avec l’objectif de sensibiliser les gens et de les faire réagir face au financement de l’art par des groupes hostiles à l’environnement.

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Une cible spécifique : le groupe cherche particulièrement à mettre en lumière « l’offensive de BP » afin de restaurer son image à la suite de la marée noire causée dans le Golfe du Mexique par la plateforme BP Deepwater Horizon en 2010. Le groupe chercherait à se faire mieux voir en injectant en masse de l’argent dans les musées, les galeries d’art ou autres espaces culturels. « En brisant les relations entre BP et nos plus prestigieuses institutions culturelles, nous ferions très mal à la précieuse image de marque du groupe. » Quel rapport avec les Jeux pourrait-on penser ? Et bien, il se trouve que ceux-ci font partie des fameux espaces culturels sponsorisés par BP.

Greenwash Gold

Greenwash Gold est une campagne menée par trois organisations distinctes, London Mining Network, Bhopal Medical Appeal, et UK Tar Sands Network, chacune dotée de ses propres considérations et priorités en matière d’environnement ou de droits de l’Homme. Mais cette coalition hétéroclite s’est unie pour lutter contre les sponsors les plus controversés des Jeux.

Ceux qu’ils haïssent : BP, Dow Chemical, Rio Tinto. Autant d’entreprises à la morale et à l’éthique pour le moins douteuses. BP est largement impliqué dans la marée noire de Deepwater Horizon. Dow Chemical l’est dans le désastre de Bhopal, un accident industriel ayant causé entre 20 000 et 25 000 morts. De plus Dow Chemical a accessoirement fourni l’armée américaine en Agent Orange durant la guerre du Vietnam, produit chimique à l’origine de la mort de nombreux civils, et également d’une catastrophe écologique majeure. Le groupe Rio Tinto, fournisseur du métal des médailles, traîne derrière lui une longue histoire de violations des droits de l’homme, d’exploitation et d’atteintes à l’environnement. Par leur participation aux Jeux supposés être les plus écologiques de l’Histoire, ces entreprises tentent de « greenwasher » leur image, c’est-à-dire de la rendre écologiquement correcte. C’est en tous cas ce dont les accuse Greenwash Gold.

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Leur projet : Dénonciation et sensibilisation. Le site internet de la coalition propose aux internautes, via un vote, de choisir laquelle de ces trois entreprises mérite le plus la médaille d’or du greenwashing. Chacune d’entre elles est présentée par un court spot publicitaire. Le groupe vainqueur sera celui qui « couvrira les pires agissements en matière de destruction de l’environnement et les pires dévastations à l’encontre de communautés entières tout en prétendant être un bon citoyen-entreprise par le biais de son parrainage des Jeux. »

Anonymous

Anonymous est un collectif de « hacktivistes », qui est toutefois davantage une vague nébuleuse très relativement interconnectée qu’une organisation bien soudée.

Les membres de Anonymous sont essentiellement des militants pour la liberté d’expression, en particulier sur Internet. Mais ces derniers mois, les JO ont attiré leur attention. Dans une vidéo publiée sur Youtube en février dernier, un membre des Anonymous s’inquiétait de l’augmentation significative des pouvoirs policiers au cours des Jeux, et de l’établissement d’une présence militaire croissante dans « nos rues ».

« Nous sommes Anonymous. Nous sommes Légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Redoutez-nous. » Tel est le vindicatif slogan de ce collectif controversé, qui s’inspire en partie, du moins pour leur symbolique masque, du film V pour Vendetta, qui met en scène un insurgé masqué combattant un régime totalitaire établi au Royaume-Uni.

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Mieux connus pour : leurs piratages. De Mastercard, accusé de ne pas transférer les versements destinés à Wikileaks, jusqu’au Ministère de la Défense syrien, en passant par le Playstation Network de l’entreprise Sony qui avait décidé de poursuivre deux hackeurs, ces justiciers autoproclamés tentent de faire valoir leurs positions en s’attaquant aux sites de ceux qui menacent la liberté sur internet.

Leur tactique : les attaques DOS, ou attaques par déni de service, très simples à réaliser, consistent à mettre en place un très grand nombre de connexions simultanées à un site internet jusqu’à le « surcharger » et à le rendre inaccessible aux utilisateurs.

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