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Donner aux PME-PMI les moyens de changer d’ère

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L’euro fort pénalise nos exportations ; mais cela ne suffit pas pour analyser les deux situations économiques, car l’Allemagne a aussi dû faire avec la hausse de l’euro. Dès lors, il faut examiner la structure des deux économies.

L’Allemagne a profité d’un coût du travail bas et a privilégié les produits haut de gamme

Parfaite illustration de cela, le poncif de la voiture allemande et le retour à la langue de Goethe dans les publicités – « made in Germany » est désormais directement traductible par « Deutsche Qualität »

C’est précisément là que se trouve l’impact de la hausse monétaire : avec une production de qualité, l’industrie allemande augmente ses prix pour conserver ses marges, ce qui est impossible en France – où les marges sur la valeur ajoutée ont considérablement diminuées. L’industrie allemande reste alors l’éternel modèle de nos PME. Beaucoup d’économistes se sont déjà intéressés à la « Mittelstand » et aux « géants cachés » qui font la fortune de la Fédération, et qui manquent à la France. Outre-Rhin, les trois mots d’ordre sont : innover, exporter, investir.

Les handicaps des PME françaises 

Les PME françaises souffrent d’un manque de visibilité internationale et d’un trop fort éparpillement local.

La France n’est-elle pas le pays aux trois cents fromages ? – à titre d’exemple, même si ce n’est pas comparable, 43 % des exploitations agricoles font moins de 20 hectares, tandis qu’en Ukraine, 11 % d’entre elles font moins de 100 hectares.

De la même façon, nos PME se distinguent par une majorité de TPE et un faible nombre d’ETI (1500), tandis que les Allemands ont réussi à hisser 4600 de leurs entreprises familiales à ce rang. 

Enfin, ne pourrait-on pas dire, que l’engouement des Français pour l’auto-entreprenariat n’est que le symptôme de cette dislocation de l’activité ?

Mais l’heure n’est plus au constat. Il faut être force de proposition, pour rattraper ce retard, sans toutefois calquer le modèle de développement allemand ; il faut tenir compte des spécificités françaises. 

Encourager les rapprochements productifs

Un moyen serait de consolider le tissu des PME-PMI en regroupant des cellules de production ou d’innovation isolées, pour atteindre rapidement une taille critique.

Comme l’administration a réformé la carte hospitalière, juridique, universitaire ou militaire, les entrepreneurs doivent avoir l’audace de proposer une refonte de la carte économique. Dans la « vallée de la chimie » (Lyon), sur les onze PME fabriquant des produits chimiques adhérentes à l’UIC, huit produisent des produits nettoyants.

La fusion de ces huit entités aurait trois avantages. Cela favoriserait l’innovation par le regroupement et l’harmonisation des R&D. L’exportation serait accrue par l’acquisition d’une meilleure représentativité, d’un plus grand poids de négociation. Les fonds propres seraient renforcés, rendant les PME moins dépendantes des banques.

Dépasser les barrières culturelles pour une nouvelle gouvernance

Cependant, ce projet se heurte à des barrières culturelles. Les chefs d’entreprises français sont réticents à ouvrir leur entreprise, de peur d’en perdre le contrôle, tandis que les entrepreneurs anglo-saxons n’ont aucun problème à faire appel à des fonds d’investissement.

Des mesures incitatives doivent donc être établies. Une structure stimulante permettrait aux entrepreneurs de porter un autre regard sur la gouvernance de leur entreprise : certes, il s’agit d’un new deal actionnarial, mais en vue de renforcer leur position sur le marché. Pour développer cet écosystème économique, nous pouvons laisser faire l’Etat-jardinier, incarné par Arnauld Montebourg. Mais soyons réalistes, la maturation sera lente, et dépendante de la météo économique.

Inciter  les entrepreneurs à entreprendre

Il convient de donner les moyens à l’entrepreneur d’évoluer dans un climat sans menaces sociales ou médiatiques, avec moins de freins dans ses investissements. Car un tel développement n’est pas neutre, et les chefs d’entreprise ne peuvent se lancer aveuglement dans une telle aventure : il est important de créer un cadre incitatif pour l’entrepreneur, qui pourrait se décomposer en deux axes.

Comme nous l’avons déjà évoqué, il faut travailler sur la mentalité des chefs d’entreprise, qui ne doivent pas hésiter à se faire accompagner par des avocats, des experts comptables, afin de faire des études de marché ou d’impact.

Mais la priorité est de proposer un ensemble de mécanismes financiers et fiscaux qui consolident leur confiance. Il faut pour cela concevoir des dispositifs innovant de déduction fiscale sur les frais d’acquisition, un crédit d’impôt basé sur les dépenses d’acquisition et d’intégration.

Optimiser l’impact de la banque d’investissement

Notre future banque d’investissement pourrait également être mise à contribution en participant à des co-financements de projets ou en aidant les frais opérationnels de rapprochement par des aides financières structurées (prêt à taux zéro, subvention, assurance). Il est aussi indispensable de penser à la sécurisation du cash-out du dirigeant, afin que celui-ci prépare sereinement la transmission de son activité. Incontestablement, ces mutations seraient créatrices de valeur, en termes d’emploi, de chiffres d’affaire ; elles résolvent l’équation « 1+1=3 ».

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