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Echanges musclés entre le n°1 de la Bundesbank et Mario Draghi

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Jens Weidmann pose, les poings serrés, en une du quotidien Der Spiegel. En défenseur du contribuable allemand, le patron de la Bundesbank et ancien conseiller économique d’Angela Merkel livre, à l’intérieur du magazine, une attaque en règle contre Mario Draghi et les instances dirigeantes de la Banque centrale européenne (BCE) – dont il est pourtant un des gouverneurs.

Mario Draghi, accusé d’user de la « planche à billets »

En cause, l’annonce par le chef de la BCE, Mario Draghi, le 2 août dernier, d’actions de grande ampleur sur le marché de la dette publique ; des actions dont le contour reste à préciser. Jens Weidmann estime qu’il s’agit de financer les Etats en faisant fonctionner « la planche à billets », un type de politique qui « peut rendre accro, comme une drogue ».

Jens Weidmann, « défenseur du contribuable allemand » ou opportuniste ?

La prise de position du patron de la Bundesbank a ouvert le débat dans une Allemagne toujours obsédée par la peur ancestrale de l’inflation, et de plus en plus excédée par la perspective de devoir payer pour des partenaires européens moins scrupuleux.

Le grand quotidien populaire Bild a vu dans Jens Weidmann celui qui « fait rempart devant le contribuable allemand », potentiellement menacé par les initiatives de Mario Draghi. Dans son raisonnement, l’intervention de la BCE sur le marché des dettes publiques serait in fine inéluctablement payée par le contribuable allemand.

Le quotidien des affaires Handelsblatt pose la question : Jens Weidmann est-il « la voix de la raison » ou « un opportuniste » qui n’a aucune solution alternative à offrir ? L’hebdomadaire Die Zeit croit avoir la réponse : « La Bundesbank va râler, mais ne rien faire (…) Weidmann ne va pas démissionner. »

La réplique de Mario Draghi

Le président de la BCE aura pris son temps mais, dans une tribune à paraître jeudi 30 août, dans Die Zeit, il réplique à Jens Weidmann : Mario Draghi estime que la politique monétaire « nécessite parfois des mesures exceptionnelles », tout en rappelant que l’institution «agira toujours dans les limites de son mandat ». 

Ainsi, défend-t-il l’intention de la BCE de réactiver son programme de rachats d’obligations publiques afin d’apaiser les tensions dans la zone euro. Mario Draghi assure par ailleurs que la BCE « resterait indépendante » et « ferait le nécessaire pour assurer la stabilité des prix », face aux craintes exprimées en Allemagne de la voir se transformer en institut de crédit des Etats en détresse.

Une Angela Merkel florentine

Ce débat suscite des réactions chez les politiques. En pleine torpeur estivale, le député de la droite bavaroise (CSU) avait qualifié Mario Draghi de « faux monnayeur ». Angela Merkel, pour sa part, marche sur des œufs.

À à peine plus d’un an des prochaines élections générales, la chancelière s’est montrée plus mesuréee. Dimanche dernier, elle a déclaré qu’elle trouvait « bien que Jens Weidmann rappelle sans cesse ce qu’est la politique » de l’Allemagne. Même si la position du pays n’est pas aussi claire que cela, et Angela Merkel ne saurait feindre de l’ignorer.

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