Site icon La Revue Internationale

EuroVegas : opération de la dernière chance?

casino.jpegcasino.jpeg

[image:1,l]

Le gouvernement prêt à changer les lois pour Sheldon Adelson

Relancer l’économie à tout prix ? Depuis l’annonce de son projet de complexe de jeux géant EuroVegas en Espagne, les autorités ibériques semblent prêtes à tout pour satisfaire les exigences de Sheldon Adelson, le magnat du Jeu américain. Preuve en est, Esperanza Aguire, présidente de la Communauté de Madrid, a promis lors d’une récente conférence de presse de « changer toutes les conventions qui doivent l’être », ce qui, a-t-elle précisé, inclut « bien entendu » l’exemption de l’interdiction de fumer en lieu public dans les casinos, une décision qui ne dépend théoriquement que du gouvernement national.

Un projet dénoncé par les politiques de gauche comme de droite

Les dangers de ce projet sont pourtant nombreux et régulièrement dénoncés par des responsables politiques de l’opposition de gauche comme de la majorité. Pour les opposants au projet, EuroVegas pourrait devenir une plaque tournante de la prostitution, du commerce de drogue et du blanchiment d’argent. Un problème majeur, qui est loin d’être le seul. Sheldon Adelson vend son complexe comme un parc destiné en priorité aux familles alors que, de fait, l’activité majeure des complexes du groupe de Sheldon Adelson reste, avec une part de 75 %, le jeu.

Un terrain protégé offert à EuroVegas

Les opposants au projet dénoncent également l’utilisation d’un terrain bénéficiant d’une protection environnementale. Fernandez, un représentant de « EuroVegas No », un des groupes d’opposition accuse le gouvernement local de justifier des décisions qui auront un impact négatif majeur sur le long terme par le taux de chômage élevé du pays. L’entreprise n’a pas souhaité répondre à nos questions concernant les exigences du groupe pour la construction du complexe. Ron Reese, vice-président aux relations publiques, nous a toutefois répondu par email que le projet n’en était qu’au stade de la planification.

L’UGT soutient mais reste critique

Il a également tenu à rappeler que ce « projet pourrait créer en Espagne des dizaines de milliers d’emplois directs et encore plus d’indirects ». Un impact non négligeable pour les officiels qui ne se risquent à aucun commentaire. Le principal syndicat de travailleurs espagnol, l’Union Générale des Travailleurs (UGT) a des doutes sur le projet, mais le soutient malgré tout. Son porte-parole Angel Escobar souligne qu’il serait « irrespectueux » de s’y opposer alors que près de six millions de personnes sont aujourd’hui au chômage. Cela n’empêche pas l’UGT de s’opposer aux exigences d’Adelson et notamment à son appel pour adapter la loi espagnole de façon à faciliter l’emploi de personnes ne résidant pas en Union européenne. Loi qui, pour Angel Escobar, est un non-sens total : « comment peut-on faire venir des travailleurs étrangers dans un pays où le taux de chômage est de 25 % ».

Foment Del Treball reste nuancé sur la question

C’est le fonctionnement même du système espagnol qui est remis en cause pour faciliter l’implantation d’une seule et unique entreprise. Salvador Guillermo, responsable du service économique de Foment del Treball – équivalent du MEDEF en France – a souligné que s’ils comprennent que « l’importance des investissements étrangers puisse justifier des traitements de faveur » ils n’accepteraient pas que le complexe « devienne un îlot opérant sous des lois différentes que toutes les autres entreprises ».

Le manque de transparence d’EuroVegas fait peur

Malgré les apparences, la situation de l’entreprise d’Adelson en Espagne n’est pas si bonne. Son chiffre d’affaire a diminué de plus de 6 %, la société est sous le coup d’une enquête du gouvernement fédéral américain dans le cadre d’une affaire de corruption et les critiques sur son manque de transparence se multiplient. Fernandez base d’ailleurs une partie de son argumentation sur ce principe : « Si EuroVegas est un projet si bénéfique pour le pays […] pourquoi n’est-il pas plus transparent ».

Global Post / Adaptation Stefan Harraudeau – JOL Press

Quitter la version mobile