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«Global Trends 2030»: la bombe démographique

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Un monde vieillissant

Les experts du National intelligence Council estiment que la population mondiale aura atteint 8,3 milliards en 2030 – contre 7,1 milliards en 2012. Selon eux, trois tendances vont dominer les évolutions démographiques à l’échelle planétaire : un vieillissement de la population et une diminution du nombre de sociétés jeunes, une intensification des migrations et une accélération de l’urbanisation.

Ces tendances auront nécessairement un impact sur la situation économique et sociale de chaque pays, ainsi que sur les relations interétatiques.

Un monde toujours plus vieillissant

Les prévisions laissent apparaitre pour 2030 des  pyramides des âges inédites et de très grandes disparités : certaines sociétés resteront extraordinairement jeunes, d’autres comprendront des classes d’âge dépassant les limites jusque-là envisagées.

L’âge moyen dans la plupart des pays aura augmenté. Une exception, toutefois, l’Afrique sub-saharienne.

Les nations vieillissantes – les plus nombreuses en 2030 – devront lutter  pour maintenir leurs niveaux de vie tandis que celles plus jeunes profiteront du dividende démographique – gains de croissance et, potentiellement, plein-emploi.

Vieux, vieux Nord

Dans les pays de l’OCDE, l’âge moyen devrait atteindre 44,6 ans, contre 38,2 en 2005. En 2012, seuls le Japon et l’Allemagne ont un âge moyen supérieur à 45 ans. En 2030, un grand nombre de pays, en Europe, en Extrême-Orient et en Amérique du Nord auront rejoint la catégorie dite « post-mature ». Ces mêmes pays auront d’importantes cohortes de population au-dessus de 65 ans. La proportion de retraités enflera considérablement alors sans l’afflux de jeunes immigrants, la population active aura largement diminué.

L’Etat-providence face à son destin

Les pays qui verront augmenter leur proportion d’inactifs risquent de voir la croissance de leur PIB diminuer voire stagner. Dans ces conditions, ils seront contraints de mettre en œuvre des réformes efficaces de leurs systèmes de retraite et de protection sociale – garantir leurs financements, sans pour autant imposer un fardeau insupportable aux contribuables actifs, ou y renoncer, ce qui constituerait pour ces pays de profonds bouleversements sociaux et politiques.

Ces phénomènes sont déjà à l’œuvre et les débats déjà engagés. Leur résolution est indispensable d’ici 2030 : augmentation des durées de cotisations, report de l’âge de la retraite, réduction des pensions, assurances privées… Des choix cruciaux aux implications politiques majeures.

La réduction des ressources à la disposition de ces Etats pourrait les conduire à restreindre leur champ d’action – réduire, par exemple, leurs dépenses militaires et leur implication dans les affaires du monde.

L’intégration des immigrés, un challenge

Pour certains pays à la fécondité en berne – en Europe notamment -, qui éprouvent déjà des difficultés à intégrer les populations immigrées, la croissance rapide de ces minorités pourrait altérer davantage encore la cohésion sociale et favoriser les courants politiques réactionnaires.

Seul espoir pour ces pays, que l’amélioration des conditions de vie des personnes âgées ne permette de réduire le coût de l’allongement de l’espérance de vie.

La nécessité d’anticiper les évolutions postérieures

Le nombre de pays dont l’âge moyen sera compris entre 35 et 45 ans – les sociétés mûres – aura nettement augmenté d’ici à 2030 – le renfort de certains pays d’Extrême-Orient viendra compenser le vieillissement de pays européens. Ces pays, parmi lesquels le Brésil, la Thaïlande et la Chine – ne bénéficieront plus du bonus démographique, à moins qu’ils aient largement investi dans le capital humain. Dans ce dernier cas, leurs économies bénéficieront de l’expérience acquise, au fil de leurs carrières, par leurs actifs vieillissants.

Si ces pays n’auront pas encore une proportion très importante de personnes âgées inactives, ils devront prévoir l’étape suivante, celle du vieillissement de leurs cohortes les plus nombreuses – et mettre en place les systèmes de retraite et les structures de santé adéquats.

Une nette réduction du nombre de pays jeunes

En 2012, plus de 80 pays – sur environ 200 – ont un âge moyen égal ou inférieur à 25 ans. L’impact de ces pays sur les affaires du monde est considérable puisque, depuis 1970, environ 80% des conflits militaires se sont déclenchés dans un de ces pays. Tumultueuse jeunesse…

On trouve  aujourd’hui ces pays en Amérique centrale et du Sud, le long de la ceinture équatoriale de l’Afrique,  et en Asie centrale. En 2030, il ne devrait plus y avoir que 50 pays dits « jeunes », situés, pour l’essentiel, en Afrique sub-saharienne, au Proche-Orient – y compris en Irak et dans les territoires palestiniens, aux Emirats arabes unis et au Yémen. Seules exceptions américaines, le Guatemala et en Bolivie. En Asie, l’Afghanistan, le Timor et la Papouasie Nouvelle Guinée resteront des sociétés jeunes. La liste confirme l’affirmation selon laquelle ces pays contribuent à l’instabilité du monde.

A noter que l’Inde – en Uttar Pradesh et en Bihar – et le Pakistan – dans les zones tribales, pashtounes notamment – verront cohabiter des populations plus jeunes et d’autres plus mûres. Pas nécessairement la garantie d’un calme géopolitique.

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