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Jean Charest parie sur des législatives anticipées

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C’est fait ! Après avoir officiellement demandé la dissolution du Parlement de la province de Québec, le Premier ministre québécois, Jean Charest, a annoncé la tenue d’élections législatives anticipées au Québec. Elles devraient se tenir au début du mois prochain – probablement le 4 septembre – dans un contexte social toujours aussi tendu.

Des élections dans un mois

Jean Charest s’est rendu, mercredi 1er août, chez le Lieutenant-gouverneur de la province de Québec, représentant de la reine Elizabeth II. Conformément à la tradition constitutionnelle, c’est au nom du Monarque que les Parlements, le fédéral comme les fédérés, peuvent être dissouts et des élections convoquées  – anticipées ou pas.

Confronté à une crise sociale de grande ampleur – sorte de « printemps érable » déclenché par la question des droits de scolarité dans le système universitaire -, le Premier ministre libéral compte sur une campagne courte pour en appeler à une prétendue « majorité silencieuse », opposée au désordre et consciente de la nécessité de réformer un état québécois bien trop dispendieux en temps de difficultés économiques. Jean Charest se présente  comme le champion de la stabilité et de la croissance économique.

A deux semaines de la rentrée universitaire

La campagne électorale débute à deux semaines de la rentrée universitaire, une rentrée anticipée afin de rattraper tout le retard accumulé au printemps en raison de l’agitation estudiantine et la grève des cours.

Ces mêmes étudiants pourraient en profiter pour reprendre leurs manifestations. Rien n’a encore été décidé à ce jour. Il est certain que la question des droits de scolarité et, au-delà, celle de la préservation du « modèle québécois » – un Etat bien plus providentiel que dans le reste du Canada – seront au cœur de la campagne électorale. Mais, ce ne sera pas tout…

Souveraineté et indépendance

C’est précisément au nom de la défense du « modèle québécois » que les indépendantistes, et en particulier le Parti québécois – de tradition sociale-démocrate – ont pris fait et cause pour les étudiants-manifestants.  La majorité libérale accuse donc le Parti québécois et la Coalition Avenir Québec – de centre-droit, favorable aux idées souverainistes, mais repoussant la question à un avenir lointain – de vouloir plonger le Québec dans le « chaos », en rallumant le conflit avec le gouvernement fédéral et en cédant aux pressions de la « rue ».

A deux reprises, lors de référendums en 1980 et 1995, les Québécois ont dit « Non » à leur indépendance, avec une très courte majorité lors du second scrutin. Actuellement, le PQ ne propose pas d’aller rapidement vers un troisième référendum, mais veut procéder graduellement, s’il arrive au pouvoir, en demandant au gouvernement fédéral plus d’argent et plus d’autonomie et modulant sa politique en fonction de sa réaction.

Libéraux et indépendantistes sont au coude à coude

Dans les enquêtes d’opinion, les deux formations – PQ et Parti libéral – sont au coude à coude, chacun obtenant un peu plus de 30% des intentions de vote. Ces sondages font planer une grande incertitude sur l’issue du scrutin et rend plausible la formation d’un gouvernement minoritaire.

Majoritaire, Jean Charest obtiendrait un quatrième mandat à la tête du gouvernement. Arrivé au pouvoir en 2003, il est déjà l’unique Premier ministre du Québec depuis un demi-siècle à en avoir exercé trois.

Un référendum pour ou contre Charest ?

Le troisième parti en lice, Coalition Avenir Québec (CAQ), dirigé par un ancien homme d’affaires, François Legault, mise d’ailleurs sur cette lassitude vis-à-vis de Jean Charest et les soupçons de corruption avancés contre son gouvernement. Le slogan de la CAQ : « C’est assez, faut que ça change ».

Dans leur ensemble, les adversaires du Premier ministre misent un vote de protestation anti-Charest. Mais, les libéraux disposent d’un appareil électoral et militant bien rodé, et comptent sur le soutien de régions et municipalités ayant profité récemment de ses largesses.

Une campagne tendue en perspective…

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